<< La hargne dans le jeu >>

 

Article de L'Alsace (26 février 2000).

Ne devient pas capitaine qui veut. Patrick Pommier le doit certainement à son parcours sur lequel il revient. Ce qui n'occulte pas l'avenir.

En dehors de la patinoire, Patrick Pommier, capitaine des Scorpions, se rapproche de la glace. << Je suis introverti et calme >>. Son débit de paroles est posé, à l'image de ses hobbies, bricolage et dessin. Et pourtant. Quand je suis sur la glace, je donne tout pour la gagne, je suis un impulsif même si cela tend à se calmer au fil des ans. >>

Ce Yonnais d'origine baigne dans les patinoires depuis tout petit. A 4 ans et demi, il se lance dans le patinage sous le regard d'une patineuse, sa maman. << Un an après, je voulais pratiquer un sport collectif, autre que le football. >> Des patins aux pieds, Patrick Pommier a naturellement choisi le hockey. Doué, le petit Pommier devient adolescent. L'âge où il prend son envol. << Cadet 2, j'ai été surclassé pour intégrer l'équipe première qui évoluait en division 2. >> C'est à cette époque que sa vocation d'entraîneur a pris forme. Dans l'esprit du club lyonnais, il se retrouve à encadrer des joueurs avec qui il aurait pu jouer des matches. << Il s'agissait d'un amusement. >> Un amusement qui l'a amené à devenir employé de la section amateur du club de Mulhouse, où il encadre les minimes. << Je trouve sympa que les joueurs de l'équipe première entraînent les jeunes. >> Cette mission, le joueur âgé de 32 ans l'a quasiment exercée dans tous les clubs où il est passé. << A Lyon jusqu'à 18 ans, j'ai ensuite joué trois saisons successivement à Tours, où je n'ai pas entraîné, à Dunkerque, où j'ai passé mon brevet d'État et à Épinal, avant d'arriver à Mulhouse en 1996. >> Ces changements de clubs ont parfois été motivés par des motifs autres que sportifs. << J'ai souhaité venir à Épinal car il s'agit d'une ville de hockey, avec l'esprit des Alpes. >> Un contraste avec Mulhouse.

<< Ici, tout se met en place petit à petit. >> Comme le public par exemple. << Quand j'ai joué la première fois, dix spectateurs avaient pris part au match. L'évolution est flagrante, avec un encouragement aux grosses caisses. >> Plus que du bruit, ces encouragements prennent une autre importance. << Ils pèsent sur l'arbitre comme sur les joueurs. >>

<< Droits télé et les privatisations >>

Capitaine de l'équipe, Patrick Pommier revendique un rôle de porte-parole. Je dois rassembler les troupes quand il le faut. Il faut que chacun ait la hargne dans le jeu. >> Il en vient à regretter le temps où les bagarres sévissaient sur les patinoires. << Nous sommes passés d'un extrême à l'autre. De bagarres générales à une époque, nous sommes arrivés aujourd'hui à des coups de plus en plus sournois. Le hockey reste un sport d'engagement. >> Le Mulhousien d'adoption ne peut dire le contraire, lui qui a perdu ses incisives sur la glace suite à une agression par une crosse voilà sept ans. Patrick Pommier garde le même discours à l'évocation de la médiatisation.

<< Au moins, les journaux télévisés parlaient de notre sport. >> La télévision apparaît incontournable. << La prospérité du hockey passe par les droits télé et les privatisations de club. Il faut arrêter de deviser De Coubertin. >> Son avenir personnel, il le voit à Mulhouse. << Il s'agit de l'une de mes dernières chances d'intégrer l'Élite. Il faut savoir comment la situation nationale va évoluer, vers le même système ou vers une grosse D1, que j'ai connue à Tours et Dunkerque. >> Pour preuve de son engagement avec l'Alsace, Patrick Pommier s'est installé dans la ville des Scorpions, depuis novembre.

Gilles Legeard

 

Retour aux articles de février 2000

Retour à la liste des articles

Retour au sommaire