La Normandie, terre de glace

 

Article de Ouest-France (14 mars 2000).

Le hockey français met le cap sur les plaines du Nord. Chamonix, seule formation des Alpes engagée en élite, a terminé avant-dernière d'une première phase dominée par Reims, Caen, Rouen, Amiens et Angers. Ce soir (20 h) à Boulogne-Billancourt, on parlera encore de cette étrange suprématie, Caen et Rouen s'affrontant en finale de la Coupe de France.

Au rythme des dépôts de bilan (les dix derniers champions de France ont connu cet aléa...), le visage du hockey français change. Grenoble, dernier club du Sud sacré en 1998, pourrait certes dès l'an prochain bondir de nationale 3 en élite, au nom d'impératifs économiques, mais les Isérois ont dû cette année faire glace nette aux hommes du Nord.

Rouen, qui se remet de noires années, retrouve de sa superbe. Le club phare de la décennie, cinq titres entre 1990 et 1995, affrontera son voisin et petit frère caennais en finale de la Coupe de France. Cette épreuve, remise au goût du jour cette année, vaudra à son vainqueur un billet pour la Coupe d'Europe. << Deux ans après notre arrivée en élite, nous rêvons d'une qualification >>, avoue Jean-Jacques Hascoët, un chirurgien arrivé à la tête du club après en avoir été le gardien de but dans les années 70. << Cela pourrait également convaincre nos sponsors. >> Le groupe allemand Bayer (2,2 MF) et la municipalité (1,8 MF) sont les principaux bailleurs de fonds d'un budget de 5,5 MF, 70 fois inférieur à celui des footballeurs de Marseille. << C'est l'un des seuls en équilibre au sein de la Ligue, avec Rouen et Angers >>, se félicite le président.

La multinationale caennaise

Les Caennais ne partiront pas favoris face aux Rouennais, malgré deux victoires et un nul lors de leurs quatre confrontations cette saison. << Rouen dispose d'une équipe plus expérimentée, note Heikki Leime, l'entraîneur finlandais du HC Caen. Mais sur un match tout est possible. >>

Installé à Caen depuis cinq ans, Leime a su construire par-delà les frontières de langues et d'âges, un groupe homogène. Il a dix-neuf joueurs sous sa coupe, dont sept Finlandais et deux Canadiens. Son capitaine, Jean-Christophe Filippin, est arrivé à Caen après le forfait de Grenoble. La trentaine passée, cet international sert de cadre à une jeunesse ambitieuse, qui tire profit de la présence de grands joueurs étrangers. Vincent Bachet, Brice Chauvel, Nicolas Leroy, confirment désormais en équipe de France leurs progrès. Caen, en s'imposant ce soir sur la glace de Boulogne-Billancourt, cueillerait son plus beau trophée et s'installerait parmi les places fortes d'un sport qui cherche des repères tout en gagnant des spectateurs. La Normandie fond peu à peu pour le hockey sur glace.

Dominique Faurie

 

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