Du rififi chez les Brûleurs

 

Article du Dauphiné Libéré (16 mars 2000).

L'avenir des Brûleurs de Loups en élite, ou pas, semble aujourd'hui conditionné par le départ du président de l'association Jean-Jacques Bellet, dont la présence agace certains et gêne d'autres. Une situation qui a entre autres motivé la démission du vice-président du club et qui suscite plusieurs interrogations.

<< La Fédération Française des Sports de Glace nous a informés des conditions d'acceptation de Grenoble en élite, dit Gilbert Veyron, secrétaire-général adjoint à la Ville. La candidature doit présenter un projet sportif et financier solide, mais aussi un renouvellement des dirigeants. >> En clair, Jean-Jacques Bellet n'est pas désiré. Encore faut-il souligner que l'actuel président des Brûleurs de Loups ne peut de toute façon juridiquement pas appartenir à une future SAOS, puisqu'il était partie prenante de la précédente liquidée en juin dernier. Vous avez dit compliqué ? << Je ne m'attendais pas à mieux, dit Bellet, de responsables fédéraux dont l'élimination des adversaires et l'épuration a toujours été un leitmotiv. >>

Thierry Lichtenberger ne dit pas autre chose, stigmatisant << la personnalisation du débat. Aujourd'hui, le projet de reprise de Bellet n'est pas écouté parce qu'il vient de lui. Mais personne n'a le courage de lui dire et ce, malgré les nombreux contacts qu'il a eu avec ses détracteurs au sein de la fédération, de la Ville, mais aussi au sein du club. >>

Les motifs qui expliquent la démission du vice-président ne manquent pas. Ainsi, une récente réunion à la municipalité avec d'éventuels sponsors pour la future structure, a accentué le malaise : << Pour l'heure, et même si nous sommes conscients qu'il faudrait plus ou moins passer la main, nous étions dirigeants d'une association qui appartiendra à hauteur de 33 % à la SAOS, poursuit Lichtenberger. Et ne pas inviter un actionnaire aussi important me surprend beaucoup. >>

Alors, interventionnisme de la mairie ? << Certainement pas, souligne M. Veyron. Nous ne décidons pas de la loi, pas plus que des conditions imposées par la FFSG, pas plus que celles de la Fédération de football qui demande, en cas d'accession à la D2, la création d'un nouveau stade. Leurs pouvoirs existent et, qu'on les critique ou pas, le résultat est le même, il faut faire avec. Et d'autres personnes se préoccupent également de l'avenir du hockey grenoblois. Laissons-les travailler et présenter leur projet. S'ils veulent, à cet effet, se servir de l'expérience de M. Bellet, pourquoi pas ? >>

Un deuxième projet est donc en train de voir le jour, élaboré, d'après nos sources, par un groupe d'investisseurs privés locaux, avec la Ville comme lien avec la FFSG. Leur dossier devrait être envoyé sous peu à la Fédération, qui statuera en principe d'ici mi-avril, sur l'intégration de Grenoble au plus haut niveau.

Seulement, la présence de M. Bellet à la tête de l'association constitue de facto un frein : << Aujourd'hui, personne ne m'a demandé de démissionner, explique l'actuel président. Si quelqu'un me le dit, j'aviserais le cas échéant. Mais j'ai pris un engagement en étant élu, et j'irai au bout de celui-ci. D'abord parce qu'il y a une échéance sportive qui nous attend, à savoir le titre de champion en D3. Car nous n'avons aujourd'hui pas d'autres certitudes que celle d'accéder à l'étage supérieur sur la glace. Quant à une participation à une SAOS que souhaiterait créer x ou y, je rappelle qu'elle n'est pas soumise à ma seule personne, mais à une assemblée générale qui vote, dans un contexte démocratique. Et je ne me substituerai jamais à cette règle. >>

Entre un conflit personnel direct entre M. Bellet et M. Gailhaguet, président fédéral, une "deuxième voie" initiée par des anonymes et une mairie au cœur des débats (malgré elle ou pas ?), les Brûleurs de Loups déchaînent toujours autant les passions, au même titre que le FCG d'ailleurs. << Je ne veux pas faire de politique dans un club de sport, dit Lichtenberger, également adjoint au maire de Domène. Il y a d'autres lieux pour en faire. Et si d'autres personnes ont des projets pour le hockey grenoblois, tant mieux. Mais, en tant que passionné, je resterai attentif à leurs résultats, sportifs comme financiers. >>

Ce nouvel épisode dans la vie sportive grenobloise pourrait trouver un premier épilogue dans une quinzaine de jours. D'ici là, on saura en effet très officiellement (on espère tout au moins) si Grenoble a une réelle possibilité de retrouver l'élite. Et peut-être que les débats se dépassionneront d'eux-mêmes. Quoique...

Jean-Benoît Vigny

 

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