HC Mulhouse : l'ascension fulgurante

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (12 avril 2000).

En cinq ans, le HC Mulhouse est passé de la D3 à une demi-finale de N1. Une formidable ascension sportive et structurelle. A la base, deux hommes, Pascal Ryser et Claude Bauer. Récit.

<< Ce soir, je suis partagé. A la fois, je suis content d'être arrivé là. De l'autre, je ne veux pas qu'on pense qu'il s'agit d'un aboutissement. >> Pascal Ryser est arrivé à Mulhouse il y a cinq ans. << Je me souviens. C'est Monsieur Tachon qui était à la tête d'une toute petite structure. Il y avait 38 gamins de toutes tailles et tous âges qui jouaient au hockey. C'est tout. Je voulais depuis longtemps reprendre un club de rien et l'amener tout en haut. Mais là, je me suis quand même posé des questions... >>

Première alsacienne

Parmi les parents des petites têtes blondes figure un certain Claude Bauer. << Je suis allé le voir et lui ai demandé de m'aider. Je lui ai un peu parlé de ce sport. Il a eu l'air intéressé. Je me rappelle : c'était juste là, au bord de la main courante, au milieu de la patinoire. Après, on est allé boire un café ensemble. >> Le premier est devenu l'entraîneur de la première équipe alsacienne en demi-finale de N1, le second président du club. << C'est vrai que, au début, quand on s'est donné dix ans pour arriver en Coupe d'Europe, cela a fait rire pas mal de monde. C'est moins le cas maintenant. >> Les débuts de Mulhouse se font en D3. << Il y avait zéro spectateur. Les gens ne savaient même pas qu'il y avait du hockey à Mulhouse ! >> Hier, pour la demi-finale contre Villard-de-Lans, ils étaient 1500. << Mais, là où je suis vraiment content c'est quand je vois qu'une heure avant le coup d'envoi, la patinoire est déjà à moitié pleine. Mais attention, prévient-il, il y a encore beaucoup à faire, des partenaires à conquérir, des résultats à obtenir. >> Même si le club peut déjà s'enorgueillir de ses 250 jeunes et de son équipe Une parmi les quatre meilleures de N1. << On a même le projet de monter une équipe en N3 la saison prochaine. >>

Strasbourg écarté ?

Demain, au-delà du résultat des demies, on parle déjà très sérieusement d'un resserrement de l'élite. Le plus haut niveau étant invivable pour bon nombre de clubs, la Fédération envisage de prendre les derniers rescapés de l'Élite - neuf au départ - et de les mélanger avec les meilleurs de la N1. Dont Mulhouse est assuré de faire partie. Il serait alors question de deux poules régionales de huit équipes, voire de douze chacune. Dans le premier cas, Strasbourg serait écarté, dans le deuxième, non. << Ce n'est pas évident pour nous de travailler pour la saison prochaine sans savoir où on va >>, raconte Daniel Bourdages, le coach strasbourgeois. << D'un autre côté, je trouve bizarre de faire jouer Amiens et Saint-Gervais dans le même championnat... Cela veut dire quoi ? >>, poursuit le Franco-canadien.

En quatre ans

Et Mulhouse ? << Je ne pense pas qu'on aura besoin d'augmenter notre budget, explique Pascal Ryser. On essaiera plutôt d'attirer des joueurs avec quelques heures par ci, par là. Histoire d'avoir un diplôme à l'arrivée. On est très fort pour convaincre les joueurs là-dessus. On a bien réussi à le faire pour David et Trebaticky qui ont accepté de jouer en D3 alors qu'ils venaient de la D1 ! Et puis, ajoute-t-il, je pense qu'il y aura beaucoup de joueurs demandeurs. >> Surtout si les clubs de l'Élite dégraissent. De la D3 à une Superdivision Élite-N1, la montée du HC Mulhouse aura été rapide. << On a trois ans d'avance sur nos objectifs. Parfois, j'aimerais bien qu'on souffle un peu, au moins pendant une année. Qu'au moins, pour une fois, on ne monte plus. Mais comment faire ? Refuser ? On est sportifs aussi. On a envie de gagner. >>

Serge Bastide

 

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