Marius, le cœur fendu

 

Article de l'Alsace (19 avril 2000).

Meilleur marqueur du championnat, le Mulhousien Marius Konstantidinis, blessé, a vécu la finale aller entre les Scorpions et Brest dans les tribunes, la mort dans l'âme.

<< Regarde, il se bouffe les ongles ! >>, s'exclame le président Claude Bauer en empoignant la main droite de Marius Konstantinidis. Le géant gréco-slovaque - il mesure un bon 1 m90 - réagit par un sourire qui ne suffit pas à masquer la tristesse et la nervosité qui l'habitent depuis qu'il sait qu'il ne participera pas à la finale aller. Ni même au match retour, samedi à Brest : les examens ont en effet révélé que la déchirure dont il souffre aux adducteurs nécessite un repos complet de quinze jours encore. Marius, l'ancien acteur, s'est retrouvé le cœur fendu par ce coup du sort qui le prive du sommet du hockey mulhousien. Hier soir, sa déception était telle avant le coup d'envoi qu'il a préféré se fondre, en civil, dans la foule qui s'est pressée dans les gradins de la patinoire de Mulhouse, plutôt que de prendre place sur le banc des Scorpions, aux côtés de Pascal Ryser. << Je ne suis pas bien dans la tête. J'ai failli rester chez moi, ne pas voir cette finale qui se dispute sans moi, par-dessus le marché contre cette équipe de Brest que je connais bien. Finalement, je suis venu quand même, mais j'ai préféré m'installer dans les tribunes. Je n'aurais pas supporté le fait de m'asseoir parmi mes coéquipiers en sachant que je ne pouvais pas entrer sur la glace. Pour moi, cela aurait été trop terrible. >>

Une âme d'enfant

Marius Konstantinidis, déjà champion de France avec Grenoble il y a deux ans, aurait bien aimé partir à la conquête d'un deuxième titre. A défaut, il trouve du réconfort auprès des dirigeants du HCM, auprès de dizaines de supporters aussi, qui le reconnaissent dans les allées où il fait les cent pas en jetant un regard éperdu vers ce palet qui file d'un camp à l'autre, et que sa crosse ne maîtrisera pas cette fois, pour l'expédier dans la cage bretonne. A 36 ans, l'arme fatale des Scorpions en a vécu, des grands moments. Mais il a conservé quelque part une âme d'enfant qui lui fait apprécier chaque moment important de sa carrière comme un premier cadeau. Marius a abandonné sa carrière d'acteur parce que le milieu du cinéma, superficiel et un peu injuste, ne lui convenait pas. Marius préfère la franchise, la droiture, et goûter aux joies simples que lui font partager les Scorpions. Et quand il prétend qu'une séparation comme celle d'hier soir le rend triste, il ne joue pas la comédie.

Rémy Bruder

 

Retour aux articles d'avril 2000

Retour à la liste des articles

Retour au sommaire