Une chance en or

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (19 avril 2000).

A l'occasion de la finale du championnat de France face à Brest, un homme vit un véritable rêve. Il s'agit de Laurent Wyss, le second gardien du HC Mulhouse. Nous sommes à la 19è minute du match retour des demi-finales, à Villard-de-Lans. Minute fatidique pour François Neckar, le gardien mulhousien, blessé aux adducteurs. Il sort : saison terminée. Laurent Wyss fait alors son entrée sur la glace. Il ne le sait pas encore mais il sera l'un des hommes, si ce n'est "l'homme" du match. Un premier arrêt, d'entrée, pour le mettre en confiance. Puis un deuxième. Tout semble bien parti pour Laurent. Les parades se succèdent et on le croit même invincible sur cette patinoire hostile.

Aventurier

Il s'inclinera tout de même à deux reprises. Insuffisant pour Villard. Le test est réussi pour Laurent. Très en verve, il n'a pas grand chose à se reprocher. Tout juste pourra-t-on évoquer deux sorties "à l'aventure", qui se sont révélées un petit peu courtes. Mais, à chaque fois Patrick, le deuxième Wyss du HCM, sera là pour sauver le "frangin". << Il était convenu avec les deux Patrick - son frère et Pommier -, qu'ils me suppléent en cas de sortie manquée. Ils l'ont bien fait et on s'en sort sans encombre. >> Le voilà lui aussi en finale. Si tout va bien pour le Suisse aujourd'hui, cela n'a pas été le cas cette saison. Après avoir disputé quelques matchs en début de saison en raison d'une blessure de Neckar, il a connu une traversée du désert. Pendant deux mois, il n'a fait aucune apparition sur la glace. Durant cette période, il a même été blessé deux semaines durant. Son retour, il le fit au dernier match des play-offs, face un Dunkerque. Une rencontre sans réel enjeu. Un retour pour le mettre en confiance. Raté. Il rentre à 6-1 pour Mulhouse. Le score final sera de 7-7. Six buts encaissés et des sifflets qui descendent des travées.

Prédiction réalisée

<< L'important, c'est de revenir. Si les gens veulent siffler, qu'ils sifflent ! Peut-être que lors des prochains matchs, François - Neckar - va se blesser. Je rentrerai et donnerai peut-être la victoire aux miens. Et là j'aurai droit à une statue >>, concluait-il alors, rigolard, à la fin du match. Trois semaines plus tard, il ne manque plus que la statue. Laurent Wyss ne se prend pas la tête. Il sait que rien n'est jamais acquis. S'il est entré en jeu sans avoir le temps de gamberger face à Villard, depuis, il n'arrête de penser à Brest. << On reparlera de moi après samedi soir >>, dit-il modestement. Il poursuit : << A chaque match, quand j'arrive, dans ma tête, je pense que je vais jouer. Pour les déplacements, quand on part de Mulhouse, j'en suis même sûr. Ce n'est qu'en arrivant dans les vestiaires, lorsque Pascal - Ryser, le coach - donne l'équipe que je deviens remplaçant. Mais je reste prêt à rentrer à tout moment. Sinon tu es mort. >> Laurent n'a donc jamais craint cette double confrontation avec Brest. Elle représente une véritable aubaine pour lui. << On ne souhaite jamais la blessure de l'autre. Ça m'embête pour François, mais bon, je suis là et je vais jouer. >>

Gérald Husser

 

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