La triste fin d'un paradoxe

 

Article du Dauphiné Libéré (10 mai 2000).

Malgré un championnat de France aux abois, les Bleus tutoyaient les sommets mondiaux depuis leur accession en groupe A en 92. A la faveur d'un malheureux concours de circonstances, ils redescendront d'un cran. Dommage mais inéluctable.

L'arbre cachait bien la forêt. Cette équipe de France, qui se maintenait tant bien que mal dans l'élite, a donc perdu sa place, malgré sa victoire sur le Japon 7-2. En effet, le succès in extremis des Autrichiens sur l'Ukraine 3-2, conjuguée à la protection du représentant asiatique en groupe A (le Japon ne peut descendre selon un règlement étrange), les plonge dans un enfer d'indifférence.

La belle histoire avait débuté sous l'ère Larsson, le Suédois qui permit à la génération dorée du hockey français (Bozon, Pouget, Lemoine Ville...) de grimper les échelons pour, à la veille des Jeux d'Albertville, atteindre le gotha, là où Scandinaves, Tchèques, Russes et Nord-Américains se disputent chaque année les lauriers. Un anachronisme total tant le championnat hexagonal vivotait déjà au milieu des difficultés financières. Mais le talent et la volonté permettent bien des paradoxes et la France, régulièrement, se sortait des griffes de la relégation, à la faveur de matchs aux couteaux promptement menés, quand elle ne parvenait pas, comme en 95, à entrer dans le cercle fermé des huit meilleures nations. Pourtant, à répéter les miracles, les Bleus devaient bien, un jour, finir par retomber de leur piédestal.

En Russie, tout indiquait toutefois qu'ils allaient encore repousser l'échéance. Un succès brillant contre les Suisses leur ouvrait théoriquement les portes du deuxième tour... quand les Russes succombèrent dans la foulée aux assauts des Suisses. Une surprise majeure et une poule de maintien où la France ne justifia pas son rang face à l'Ukraine (3-2) et surtout aux Autrichiens (3-3). Et pourtant, jamais la relève n'a paru si proche. A Saint-Pétersbourg, Laurent Meunier, Yorick Treille et Vincent Bachet ont affiché un immense potentiel, Cristobal Huet prouvé qu'il était l'un des meilleurs gardiens européens, et Bozon, les frères Rozenthal et Briand n'ont pas failli à leur réputation. Mais il en faut plus pour conserver sa place, face à des nations dites mineures (Suisse, Autriche, Norvège...) qui ont mis en place des plans à moyen terme pour leur sélection nationale et qui, elles, disposent d'un championnat d'un autre calibre. Car si les Français expatriés à l'étranger ont hissé leur niveau de jeu, l'élite française est à ce point exsangue qu'elle ne permet pas l'éclosion véritable des jeunes. Des clubs au bord de la faillite, des salaires misérables pour des professionnels à part entière (une moyenne de 160 000 F net l'année, soit 13 000 F mensuels), une équipe nationale qui change régulièrement d'entraîneur... Aujourd'hui, l'urgence commande de reconstruire solidement les fondations du hockey français. De la base (les clubs) au sommet (l'équipe de France), le travail est énorme. Mais on ne pourra plus en faire l'économie. L'arbre ne cache plus la forêt.

Jean-Benoît Vigny

 

L'inutile victoire

 

A Saint-Pétersbourg : France bat Japon 7 à 2 (3-0, 1-1, 3-1).

Arbitre M. Sindler (République Tchèque) - Spectateurs : 8050.

Buts pour la France : 2'08" Meunier (Barin) inf num ; 3'23" Bachet (Zwikel) ; 13'48" Meunier (Perez, Briand) sup num ; 39'50" François Rozenthal (Maurice Rozenthal, Perez) sup num ; 46'35" Meunier (Aimonetto, Treille) ; 50'30" Briand (Meunier, Maurice Rozenthal) sup num ; 50'50" Barin (Bachelet) sup num.

Buts pour le Japon : 30'33" Kuwabara (Yule) sup num ; 45'29" Kobayashi (Kabayama)

Pénalités : France 12 minutes, Japon 16 minutes.

La France a remporté son dernier match de poule de relégation face au Japon (7-2) hier mais cette victoire n'a pas suffi aux Français qui avaient été condamnés au Mondial B peu avant par l'Autriche, vainqueur de l'Ukraine 3 à 2.

Face au Japon, les Français ont toutefois parfaitement rempli leur contrat. Ils devaient en effet l'emporter avec un minimum de trois buts pour éviter la relégation, dans le cas où l'Autriche s'inclinerait face à l'Ukraine.

Dans l'autre match, l'Ukraine avait rapidement pris le meilleur sur des Autrichiens malmenés pendant les deux premiers tiers-temps, mais elle s'est inclinée à 4 minutes de la fin dans la dernière période, mettant ainsi fin aux espoirs français.

 

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