Derek Haas, solide comme l'érable

 

Article d'Angers Journal (17 août 2000).

Pour sa cinquième saison à la tête des Ducs, l'entraîneur canadien espère bien voir son équipe se hisser au plus haut en championnat Elite. Les joueurs peuvent avoir confiance, ce baroudeur du hockey n'en est pas à son premier coup d'essai.

Il est neuf heures, mercredi matin. Dans les travées de la patinoire du Haras, Derek Haas est en grande discussion, muni de son précieux téléphone portable. Sur la glace, son fils s'escrime à frapper le palet. Le gamin pourrait bien suivre la trace de son père. Ce dernier ne s'y opposerait sûrement pas.

C'est l'été, la patinoire d'Angers est le point le plus froid de la ville. En Bermuda et T-shirt, Derek Haas déplore cependant la "chaleur" ambiante, qui selon lui fait mollir la glace. Il est vrai que nous ne sommes pas au Canada, pays du hockey. Vivement l'hiver. Le championnat de seconde division de football a repris et il est certain qu'en France, le football fait un peu d'ombre au hockey.

Derek Haas se souvient encore de ses premiers pas sur la glace. A trois ans, il chaussait les patins, à six ans il tenait sa première crosse. << Tous les gamins débutent par le hockey, au Canada, explique-t-il. C'est un peu comme le football en France >>. N'allez cependant pas imaginer un colosse de 2 mètres pour 110 kilos. D'une taille moyenne, il aurait aimé compenser ce handicap par le poids. Derek Haas avoue cependant ne jamais avoir réussit à grossir.

<< De toute manière, je n'étais pas un bagarreur, explique-t-il. Dans les années 70, au Canada, le jeu était vraiment rugueux et les matchs dégénéraient souvent. Je préférais marquer et passer plutôt que me battre >>. Après s'être faufilé entre les molosses du championnat nord-américain, le joueur a décidé de rejoindre l'Allemagne.

Sa première saison à Cologne fut bonne, seul problème, les frontières n'étaient pas encore ouvertes. Deux étrangers sur le terrain, pas un de plus. Les dirigeants s'enquirent donc de naturaliser leur canadien en remontant la filière de ses grands-parents... allemands. Malheureusement, les papiers avaient été brûlés durant la guerre et Derek Haas fut contraint de rejoindre la Ligue Américaine avant de faire ses valises pour la Suisse.

Après une saison en Ligue B, au cours de laquelle la chance ne fut pas avec lui, puisque le club perdit son principal sponsor, il choisit la France. Pour trois ou quatre ans, tout au plus.

Cela fait désormais dix-huit ans que Derek Haas est arrivé dans l'hexagone. << Les aléas de la vie, explique-t-il. J'ai rencontré ma femme à Villard de Lans, où j'ai joué durant huit saisons >>. Le déclin du club et une proposition financière avantageuse des Français Volants de Paris l'ont ensuite décidé à rejoindre cette dernière formation.

Derek Haas connaîtra alors ce qu'il juge le syndrome des clubs français: la mauvaise gestion. << Les présidents ne se rendent pas comptent qu'ils jouent avec l'argent des autres !, explique-t-il. Au Canada, aux U.S.A., ils sont propriétaires des clubs mais en France, ils pourrissent le hockey >>.

Lorsqu'il évoque ces présidents inconscients, Derek Haas ne songe cependant pas une seconde à Maurice-Paul Hutteau, le président de l'A.S.G.A.. << Il a complètement changé le club lorsqu'il est passé président, explique-t-il. Avec Maurice-Paul Hutteau aux commandes, je suis certain que je serai payé à la fin du mois pendant toute la saison >>.

Le souhait de Derek Haas ? Voir un centre sport-études prochainement créé à l'A.S.G.A.. Ce pourrait être le cas en 2001 ou 2002. << Après 17 ans, aucune structure adaptée n'est proposée aux jeunes joueurs, explique-t-il. Ils sont alors contraints de choisir entre sports et études". Un choix que le fils de Derek Haas ne sera peut-être pas contraint d'effectuer.

Son père confie avoir eu le déclic pour le hockey pro à 13-14 ans, en voyant jouer ses idoles. Un déclic qui ne l'a plus quitté. << Je suis passé entraîneur car je savais que je ne pouvais pas jouer au hockey jusqu'à 50 ans >>, explique-t-il. Le Canadien semble avoir adopté la petite salle du Haras et ses 700 à 800 spectateurs. Vous reprendrez bien une autre saison, M. Haas ?

 

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