Les Finlandais brisent la glace

 

Article du Dauphiné Libéré (5 septembre 2000).

Formés à Helsinki, déjà présents avant la rétrogradation forcée en Division 3, l'attaquant Rami Koïvisto et le défenseur Nemo Nokkosmäki ont répondu présent à l'annonce du retour en élite du club grenoblois. A eux deux, ils représentent cette saison l'intégralité de l'armada étrangère.

Repas d'après entraînement du matin. Autour d'un bon gros plat de spaghettis bolognaises, les deux Finlandais de service se rappellent les raisons qui, quelques années plus tôt, ont pu les pousser à choisir Grenoble comme port d'attache. En attendant de partir << enchaîner 12 fois 400 mètres >> fatiguent-ils déjà, l'accent vient rappeler l'éternelle difficulté à venir à bout d'une langue française << vraiment très complicated >> dixit Rami Koïvisto. Nemo : << Après Helsinki, je voulais changer, découvrir une aventure nouvelle. Quand le club m'a contacté, je me suis dit que la vie pouvait être agréable ici, et puis il y avait les montagnes, et le soleil >>. << Moi c'était un peu après, poursuit son voisin de tablée, pour attaquer la saison 97-98. Sinon, en gros, les raisons étaient les mêmes : la vie, et puis un peu les montagnes ! >>.

Aussi différents que puissent être, sur la glace, un attaquant de génie et un solide défenseur, les deux hockeyeurs ont, avec les années, acquis nombre de points communs. Au premier rang de ces derniers, leur CV affiche le même club formateur, le Jokerit d'Helsinki, l'un des deux plus grands du pays. Malgré deux ans de différence (30 ans pour Nemo contre 32 pour Rami), ils ont même réussi à évoluer dans la même équipe : << Deux demi-saisons >> se souvient Rami, sans pour autant parvenir à dater ces dernières. Contrairement à Nemo, lui avait 10 ans lorsqu'il donna ses premiers coups de crosse : << En même temps, je faisais du foot. D'ailleurs j'ai continué à faire les deux jusqu'à 16 ans, et puis à cette époque, il a fallu choisir >>. Version légèrement différente pour Nemo : << Moi, j'avais 8 ans. J'y suis allé pour être avec les copains, un peu comme font les Français avec le foot, et puis le sport m'a tout de suite plu alors je suis resté >>. Après 14 ans de jeu à Helsinki, ce n'est qu'à 22 ans que le défenseur partira une saison pour Pori, club évoluant en élite, avant de se risquer à tenter l'aventure française.

Forcément rapprochés par leurs origines, les deux le seront aussi par leurs difficultés des premières heures lors de leur arrivée dans la capitale des Alpes : << Quand on arrive ici, le plus difficile est de ne rien pouvoir faire seul, de toujours avoir à demander de l'aide à quelqu'un et donc forcément d'attendre. Et puis la langue, c'est très dur, même si avec les cours des centres sociaux et ceux que nous avaient payés le club, on a réussi à se débrouiller >>. Comparativement, les différences de jeu n'ont évidemment pas été les plus difficiles à gérer : << C'est vrai, le jeu ici est un peu différent, ça va un peu moins vite et ça joue davantage avec les crosses, mais ça, c'est notre élément, donc ce n'est pas un problème >> commente Nemo.

De retour à Grenoble après un bref passage par Brest (Nationale 1, pour Rami) et Rouen (Élite, pour Nokkosmäki), les deux ex-coéquipiers se retrouvent désormais seuls représentants de l'armada étrangère à Grenoble. Un peu désorientés par la méthode Fokine, très chargée en travail physique, chacun attend néanmoins << de voir le résultat >>. << Ce qu'il veut c'est travailler point par point, de façon à ce qu'on arrive à trouver le petit truc en plus, lâche Nemo. C'est surprenant d'autant qu'on n'a pas énormément de temps pour récupérer. Mais aujourd'hui, il est trop tôt pour juger la méthode : pour dire si ça marche il faudra voir en championnat >>. Est-ce à dire que les matchs amicaux ne comptent pas ? << Ils sont importants c'est sûr, c'est toujours bien de gagner, mais jusqu'au 16 septembre, nous savons qu'au fond le score n'importe pas beaucoup >>. Nemo qui parle, Rami qui acquiesce, "les Finlandais" comme les désignent souvent les responsables du club, ne sont finalement pas si loin que ça de faire la paire...

 

Retour aux articles de septembre 2000

Retour à la liste des articles

Retour au sommaire