Droit dans le mur

 

Article de l'Alsace (18 septembre 2000).

Des joueurs, trois Mulhousiens pour leur malheur, ont arbitré le derby Mulhouse-Strasbourg (6-4) samedi soir. Ils ont représenté la négligeance de la fédération française des sports de glace à l'encontre du hockey.

<< STRESSANT, que c'était stressant ! >> Franck Herbrecht, attaquant du Hockey Club de Mulhouse, s'est converti samedi soir en juge de ligne. Tout comme son coéquipier, Gilles Heintz, et Claude Garand, ancien Mulhousien, au centre. Plongés dans la peau du corps arbitral le temps d'une rencontre, ils ont remplacé des officiels qui sont en conflit avec la Fédération française des sports de glace. Pas avantageusement, certes, mais ils ont fait de leur mieux face à des joueurs truqueurs, de part et d'autre, qui ont sans cesse tenté de profiter la situation. << Les joueurs le savaient, confrme Franck Herbrecht. Ils l'ont fait exprès. D'ailleurs, les vingt premières minutes ont été longues, très longues. >>

Il n'a donc pas été étonnant de voir le match trop souvent interrompu. << Sur les engagements, les joueurs n'arrêtaient pas de parler >>, précise Franck Herbrecht. Strasbourgeois et Mulhousiens n'hésitaient pas à les prendre à partie. << C'est normal, avec la pression du match >>, admet l'attaquant mulhousien.

Pas parfaits

Dans cette entame de championnat et qui plus est à l'occasion du derby alsacien, il ne pouvait en être autrement. << Je pense que nous avons été méchants, face à de gentils Strasbourgeois et finalement le moins bon l'a emporté >>, ironise Pascal Ryser l'entraîneur haut-rhinois. Le Suisse a semblé entendre le discours de son homologue strabourgeois. << Les arbitres sont trois vice-champions de France mulhousiens, souligne Daniel Bourdages. Je suis chagriné mais pas surpris du résultat. >> Pourtant, au nombre et au temps de pénalités cumulées, Mulhouse l'emporte également. << Je ne fais pas de calcul, indique l'entraîneur bas-rhinois. Mes joueurs ont fait preuve de beaucoup de tolérance, contrairement aux Mulhousiens >>. L'avant-match aurait pu augurer d'une autre issue, puisque les deux encadrements s'étaient réunis pour calmer les esprits. Mais la compétition du hockey sur glace exige de l'engagement. Comment demander à des joueurs de se priver de ce qui fait la particularité de ce sport ? Il reste que certains gestes ont dépassé ce cadre pour se classer dans la catégorie de l'anti-jeu. D'ailleurs, quoi qu'on puisse écrire sur les arbitres "en herbe", ils ont su canaliser du mieux qu'ils ont pu ces débordements en n'hésitant pas à sanctionner lourdement certains joueurs, des Mulhousiens qui plus est. Claude Garand, Gilles Heintz et Franck Herbrecht n'ont sûrement pas été parfaits, mais ils ont au moins fait preuve de courage en revêtant les maillots à rayures noires et blanches. Un courage que ne possèdent pas les responsables du hockey sur glace français, qui imposent le déroulement des matches alors que Strasbourg et Mulhouse étaient prêts à jouer le derby ultérieurement. Autant dire que quelle que fût l'issue de la rencontre, il était évident que le résultat porterait à contestation en l'absence d'arbitres officiels. Mais la fédération ne retiendra que la victoire mulhousienne (6-4) dans le cadre du championnat de Nationale 1. Un championnat qui pourrait aller droit dans le mur si le conflit arbitres - fédération devait durer.

 

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