Pas beau à voir

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (17 septembre 2000).

Jusqu'ici, les derbies Mulhouse-Strasbourg avaient pour habitude d'offrir une opposition de style et d'école. Samedi soir, elle n'a proposé qu'une pâle copie de ce que le hockey peut être. En l'occurrence, elle a surtout montré ce qu'il ne devrait pas être.

La scène se passe sur le banc de la prison mulhousienne. Un lieu richement décoré en ce samedi soir (Konstantinidis, Flinck, Vaillant, Faith...). David vient de prendre un " 2' " de plus. Il est furieux contre les arbitres. Et s'en prend à l'un d'entre eux. << Après le match, je te casse la gueule ! >> Cela n'a rien de fair-play. Cela le devient encore moins quand on sait que la "future victime" n'est autre que Franck Herbrecht.

Trio mulhousien

Lequel est un attaquant mulhousien et fut contraint de prendre la place d'arbitres officiels grévistes. Cet épisode montre le climat de cette rencontre. Où chacun s'est permis des gestes, actes et mots souvent étonnants, voire inhabituels. Ainsi, le grand Marius Konstantinidis qui "casse" sa crosse sur un Strasbourgeois. Ce qui n'est pas le genre du bonhomme. Le contexte était particulier. Un trio arbitral aux connotations mulhousiennes, cela n'a rien d'idéal à l'occasion d'un derby. Cela n'a fait plaisir à personne et gâcha le plaisir de tous. A l'arrivée : des discussions d'après-match à n'en plus finir. Un coach strasbourgeois qui remet en cause l'impartialité des arbitres mulhousiens : << Ils étaient tous trois vice-champions de France N1... >>

Nervosité mal cachée

Son homologue haut-rhinois également mécontent de ceux qui sont aussi ses joueurs : << Comme d'habitude, nous sommes les méchants contre les gentils étudiants strasbourgeois. >> Les vieilles querelles qui redémarrent. D'un côté les bourgeois du Nord, jeunes étudiants à la grosse tête. De l'autre, les rustres du Sud, les poches pleines d'argent. Le hockey n'avait pas besoin de cela. Pourtant, cette solution de rechange d'urgence ne pouvait que conduire à cette issue.

Comment peut-on imaginer qu'une rencontre Mulhouse-Strasbourg, arbitrée par trois Mulhousiens habitués à gérer des matches de niveau régional ou junior, puisse bien se terminer ? Impensable. Pascal Ryser, l'entraîneur des Scorpions, se forçait à y croire. Sa mine des mauvais jours laissait trahir une appréhension certaine. Daniel Bourdages, de l'Étoile noire, ironisait avant la rencontre sur l'oubli de l'arbitre principal : il n'avait pas mis de brassard. Tout cela cachait de la nervosité.

Bêtise partagée

A l'heure du bilan, personne ne peut s'en réjouir. Pour la rentrée, de nombreux spectateurs étaient venus s'essayer au hockey. Après le "sale show" offert, ils ne risquent pas de revenir. Strasbourg a perdu et peut se mordre les doigts de s'être montré incapable de fournir un arbitre, comme les règlements de la Fédération le leur permettait. Mulhouse s'est fait peur et a longtemps perdu tête et pédales dans les moments chauds. Le pire est ailleurs : ces joueurs qui s'avèrent incapables - d'un côté comme dans l'autre, la bêtise n'ayant pas vraiment choisi son camp - de se contrôler, c'est une mauvaise image pour le hockey. Du Suisse (Ryser) au Québécois (Bourdages), ces deux coachs venus de pays du hockey se réjouissent de ce qu'un derby amène du baume à la promotion de leur sport. Cette fois, c'est perdu.

Serge Bastide

 

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