Questions pour une saison

 

Article du Dauphiné Libéré (19 septembre 2000).

Les Brûleurs de Loups retrouvent ce soir une élite qu'ils avaient quittée il y a un an, après leur liquidation judiciaire. Viry, en proie à quelques difficultés financières, ne devrait pas constituer un adversaire insurmontable. A l'heure d'aborder un championnat à plusieurs inconnues, Grenoble est également au pied d'une longue ascension.

Un an, trois mois et des poussières après une liquidation de triste mémoire, Grenoble revient sur le devant de la scène. Si les joueurs coachés par Dimitri Fokine sont largement connus du public grenoblois, les dirigeants sont, pour l'essentiel, de nouveaux venus dans le concert souvent cacophonique du palet hexagonal. Car si MM. Blache (président du directoire), Tomasini (marketing et communication) et Giraud (membre du directoire), entre autres, ont réussi la prouesse d'extirper Grenoble de la Division 3 pour l'amener directement au plus haut niveau, leur tâche ne sera pas des plus simples. Tout comme pour l'encadrement sportif et les joueurs, les défis 2000/2001 recèlent autant de chausse-trappes que de motifs d'enthousiasme.

Exister, perdurer, briller : L'important n'est pas d'arriver au sommet, mais d'y rester. Voilà le travail majeur de la nouvelle structure dirigeante. Autour de Jean-Luc Blache, les dirigeants disent nourrir une << ambition raisonnée >> pour leurs couleurs. Pas d'excès dans l'effet d'annonce - << autour de la 4è et 5è place >> - mais pas non plus de prudence immature : << Grenoble doit retrouver la première place en trois ans >> a même déclaré le maire de Grenoble Michel Destot, à qui le projet tient à cœur. La société mise en place devra d'abord consolider ses fondations avant de songer aux cimes de l'élite. Faute de quoi, et les récents événements en attestent, une énième plongée financière attendrait les imprudents. Le challenge est double avec l'arrivée de la nouvelle patinoire début 2001. Car une telle enceinte ne se remplira pas sans résultats adéquats. A l'inverse, faire la course au titre sans une base solide s'apparenterait à une fuite en avant dommageable. Il faudra trouver un équilibre.

Une politique "nationale" : Ils sont deux. Deux étrangers "seulement" (les Finlandais Nokkosmaki et Koïvisto) à défendre les couleurs grenobloises. A côté d'eux, des Français, dont une bonne partie formée en Isère. Une politique réclamée à corps et à cris depuis un moment mais qui, là aussi, ne survivrait pas très longtemps à des mauvais résultats. Le public aime connaître ses favoris, mais, plus encore, il veut les voir gagner. Toutefois, compte tenu de la saison blanche l'an passé, il se montrera sans doute patient pour quelques mois. Dommage seulement que Grenoble n'ait pu conserver d'équipe réserve qui aurait pu, en division 2, constituer une transition pour les jeunes seniors et permettre également aux blessés ou aux joueurs en méforme de se refaire une santé. Mais les finances ne sont sans doute pas extensibles.

Un championnat en souffrance : Reconstruire un projet dans un tel contexte ne sera pas de tout repos. Attirer des sponsors quand on ne sait pas encore si toutes les équipes seront encore là en fin de saison, est une belle gageure. Un faux-départ face à des Lyonnais qui passent aujourd'hui devant le tribunal de commerce pour une probable liquidation, et cinq autres clubs traversent une période délicate. L'équipe de France, elle, a été reléguée. Autant d'éléments qui ne crédibilisent pas forcément la discipline aux yeux du grand public, même si les affluences demeurent correctes eu égard aux budgets des clubs, même si, également, la Fédération se veut intransigeante avec les mauvais élèves en comptabilité

Y-a-t-il un favori ? Rouen s'est énormément renforcé, en allant piocher chez le voisin amiénois les Finlandais Riihijarvi et Jokihariu, ainsi que l'arrière international de Lyon, Baptiste Amar. Les Normands devraient se retrouver en haut de l'affiche, avec des Rémois affaiblis mais soucieux e défendre leur titre acquis l'an passé, et des Amiénois dont il faut toujours se méfier. Grenoble devrait pouvoir lutter avec Angers et Anglet, alors que l'équipe de Caen constitue une énigme. Viry aura bien du mal, comme souvent. Premiers éléments de réponse ce soir.

Jean-Benoît Vigny

 

Retour aux articles de septembre 2000

Retour à la liste des articles

Retour au sommaire