Deschaume, le trait d'union

 

Article du Dauphiné Libéré (6 octobre 2000).

Attaquant d'Amiens la saison passée, Deschaume a retrouvé les Brûleurs de Loups en août dernier, quatre ans après les avoir quittés. Attaché aux Alpes, il espère entamer un bail avec Grenoble, et contribuer ce soir à un troisième succès à domicile, en autant de rencontres.

L'histoire entre Brûleurs de Loups et Gothiques d'Amiens est longue d'anecdotes savoureuses et de raccourcis saisissants. Ce soir, l'affiche opposera le champion 98 au vainqueur 99, si l'on se place sur le terrain sportif, et, côté administratif, l'ex-club liquidé en 99 à la société mise en redressement quelques mois plus tard. Les deux entités ont en effet payé cher leur titre national, et se retrouvent aujourd'hui en pleine reconstruction. Tant et si bien que les deux équipes ont rebâti des effectifs semblables (jeunes et français puisqu'il n'y aura que cinq étrangers sur la glace), et qui peinent en ce début d'année à se hisser sur les cimes du championnat. Le chemin choisi semble toutefois jeter les pierres d'un renouveau par la sagesse.

Deux trajectoires qui se rapprochent, mais deux formations "éternellement" rivales, quel que soit le niveau (même en division 3 l'an passé), dont les affrontements aiguisent les appétits et suscitent l'engouement chez les supporters, << mais pas de haine, consent Deschaume. Bien sûr, ils ne sont pas fans de Jeff (Bonnard) en Picardie... >>. Le néo-Grenoblois a donc traîné ses patins du côté du Coliseum l'an dernier, pour des raisons affectives d'une part (son amie résidait en Angleterre), et ambition sportive de l'autre : << J'ai ainsi pu disputer la ligue européenne et me frotter à des grosses formations, comme le Lugano de Cristobal Huet, ou Moscou. Ce fut enrichissant, d'un niveau comparable à des rencontres internationales. Quant au championnat, nous avons vécu une saison délicate, eu égard aux problèmes financiers. On allait de réunion en réunion, même si, sur la glace, on arrivait à peu près à oublier tout ça >>. Fin de saison 2000, Laurent le Gapençais décide de rejoindre "ses" Alpes, et effectue la transition d'Amiens à Grenoble - un itinéraire rare -, en passant quelques jours par Chamonix, où il avait précédemment signé. Mais l'attrait de l'élite fut plus fort que l'attachement au Mont-Blanc, car pour pallier la défection en début d'année de Garnier (resté à Caen), Jean-Philippe Lemoine fit appel à ce centre d'expérience, qui avait déjà appartenu aux Brûleurs. En 96-97, il fut l'un des artisans de la 3è place conquise par Grenoble, au sein d'un groupe qui possédait pas mal de similitudes avec la version actuelle des Isérois. << Nous disposons aujourd'hui d'une équipe qui s'appuie sur un gros patinage. Mais nous avons tendance à commettre trop d'erreurs de jeunesse, même les plus anciens (sic) >> note-t-il.

Ce Grenoble-là a effectivement les défauts de ses qualités. Un gros coeur, mais trop d'inattention dans les moments-clés, comme ces débuts de match régulièrement ratés. << Tout est affaire de concentration, reconnaît-il. Et la solution ne peut être qu'individuelle. Il faut trouver un équilibre pour ne pas verser dans la négligence, ni dans la peur de mal faire, car les deux sont préjudiciables. >>

Et Laurent de souligner la densité de ce championnat, << où peu d'équipes semblent nettement au-dessus du lot. Sur le papier, hormis peut-être Rouen, personne ne nous est supérieur si l'on développe notre jeu. A nous d'en être conscient >>. Replacé aux côtés de Carry et Bergamelli, il tâchera ce soir de mettre à mal la défense adverse, articulée, entre autres, autour de Djelloul et Dewolf. << Notre mise en route est un peu longue, concède Deschaume, car nous repartons de zéro puisque nous n'avons évidemment pas de repères de l'an passé. Cela dit, à chaque défaite (à Rouen, Anglet et Reims), il ne nous a pas manqué grand-chose bien que nous n'ayons pas été vraiment inspirés dans le jeu >>.

Le temps ne presse pas encore, mais les Brûleurs de Loups doivent au moins faire le plein à domicile, en attendant des jours meilleurs loin de leurs bases. Outre l'aspect purement comptable, il est évident qu'entre les deux équipes, l'enjeu dépasse les deux points de la victoire. Une question d'honneur, que l'histoire ressasse depuis de longues années. Un feuilleton à rebondissements. Nouvel épisode ce soir.

Jean-Benoît Vigny

 

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