Vite, une réaction

 

Article du Dauphiné Libéré (10 octobre 2000).

Les Brûleurs de Loups affichent trop de carences pour pouvoir prétendre à jouer les trouble-fêtes de l'élite. Inconstants quoique volontaires, ils affichent un visage trop hétéroclite pour résister à des effectifs qualitativement plus denses.

Les vestiaires ont longtemps brui d'un amer regret, samedi soir. Amiens reparti la victoire en poche, Grenoble se pose toujours les mêmes questions, mâtinées de doutes. Troisième défaite d'affilée pour les Brûleurs de Loups (à Anglet et Reims), et troisième revers par un but d'écart. Et les premiers bilans ressemblent à l'histoire de la bouteille à moitié vide, à moitié pleine. Oui, Grenoble est tout proche de ses adversaires, et ne se morfond pas à des années-lumières des meilleurs. Mais non, Grenoble ne gagne pas. Et chacun de s'interroger sur le bien-fondé de la méthode ou l'exactitude dans la composition des lignes, voire le recrutement.

Dans ce contexte délicat, une chose est sûre toutefois : la préparation physique des Brûleurs de Loups a été bonne et porte en partie ses premiers fruits. Les Isérois ont terminé chaque rencontre sur les chapeaux de roue, et samedi, il s'en est fallu de très peu que Mindijmba n'encaisse un quatrième but égalisateur, au terme d'une fin de match à couper le souffle. Mais le gardien amiénois, servi par un zeste de réussite, a sauvegardé le gain du match, et les Grenoblois n'ont sans doute pas su saisir avec promptitude les nombreuses occasions qu'ils s'étaient créées. << Il n'y a pas de psychose pour autant, assure Benjamin Agnel, mais un problème de discipline. Nous sommes une équipe en recomposition qui a besoin d'effectuer de nombreux réglages. Ne regardons pas encore le classement, soyons carrés ! >>

Toujours est-il que cette formation rencontre pas mal de problèmes et qu'il convient d'en cerner les contours. Évidemment, l'amalgame tarde à voir le jour, entre des joueurs talentueux et rompus à l'élite, tels Nokkosmäki, Benoît Bachelet, Bonnard ou Agnel, et des hommes, certes en devenir, mais qui, aujourd'hui, ne sont pas tout à fait efficients, comme les anciens Villardiens Borgnet et Carry, les plus jeunes qui ont passé une saison difficile l'an dernier en D3, Simon Bachelet qui doit s'adapter à son nouveau rôle défensif ou Lepers qui peine à enchaîner les performances. Et les erreurs se sont encore accumulées contre les Picards, avec trois offrandes à Duclos, Djelloul et Burakowzski.

Un trio de négligence que Benjamin Agnel attribue, entre autres, << à la difficulté dans le repli défensif et les situations où nous ne sommes pas maîtres du jeu. Nous sommes plus à l'aise lorsqu'il faut aller chercher le palet dans la zone adverse, avec notre patinage et notre pressing. Mais quand on est dominé, on rencontre des difficultés, en témoigne le but de Serge Djelloul qui part de son camp pour venir marquer sans être gêné une seule fois >>. << Nous commettons beaucoup d'erreurs de repositionnement, et je crois que je vais changer quelque peu le système, plus que les hommes >> assure Dimitri Fokine.

L'entraîneur, très dépité par ce revers, regrettait ce que le public a pu deviner samedi : il manque également à cette équipe un buteur, un joueur qui "explose" au moment opportun. << C'est une question de feeling personnel, poursuit le coach. Comme nous ne disposons pas pour l'heure du gars capable "d'éclater" devant la cage, nous devrons travailler encore ces situations, dont les supériorités numériques qui n'ont pas été à la hauteur >>. Et l'entraîneur d'appuyer sur les raisons des échecs à répétition : << La défense n'est pas la première en cause. Le problème, c'est devant. On doit marquer plus de buts par rapport au nombre d'occasions que l'on se procure. Si l'on transforme dans une proportion correcte nos actions, on ne perd pas ces trois derniers matchs et les erreurs défensives, bien que regrettables, deviennent anecdotiques. >>

Ce soir, à Caen, face à une formation guère mieux lotie, les Brûleurs de Loups en termineront avec la première des phases aller (ils seront exempts samedi). Déjà distancés par une équipe de Rouen hors de portée sur la durée (11 points contre 4 pour Grenoble), rien n'est fait toutefois entre la 2è et la 7è place. Et il y a fort à parier que la lutte sera intense pour les accessits en saison régulière. Mais, pour cela, les Brûleurs de Loups doivent réagir.

Jean-Benoît Vigny

 

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