Le championnat toujours en panne d'arbitres

 

Article de la Liberté de l'Est (12 octobre 2000).

Sans arbitres depuis la reprise du championnat le 16 septembre, le championnat de France de hockey sur glace continue de fonctionner, mais de manière parfois anarchique...

EPINAL - On dit souvent que sans arbitre le sport ne peut pas exister. Mais depuis un mois, le hockey sur glace français, qui n'est plus à une facétie près, s'évertue à démontrer le contraire.

En faisant appel à des bénévoles, et d'ailleurs souvent à des joueurs, la FFSG a donné le coup d'envoi des différents championnats ( Elite, Nationale 1, Nationale 2 ). Du jamais vu dans une compétition d'un tel niveau...

Même si pour le moment les matchs se sont déroulés dans des conditions normales, les joueurs, les entraîneurs et aussi les spectateurs éprouvent un certain ras-le-bol et commencent à critiquer sérieusement une Fédération incapable de solutionner le conflit. Comme si le hockey sur glace, qui est déficitaire en terme de reconnaissance médiatique, avait besoin de ce nouvel épisode...

En tout cas, il est certain que dans n'importe quelle autre discipline, le problème se serait réglé assez vite... Ou, pire les rencontres n'auraient pas eu lieu.

Le hockey français marche d'autant plus sur la tête que le jour où les représentants des arbitres ont voulu négocier, le président de la FFSG, Didier Gailhaguet, se trouvait à Sydney, pour faire inscrire le patinage artistique aux JO d'été...

Un espoir d'apaisement

Obligées de s'aligner sous peine de sanction (30 000 F d'amende et des points de pénalisation), les différentes équipes ont donc repris le chemin des patinoires.

Après avoir fait contre mauvaise fortune bon coeur, les clubs et plus particulièrement les techniciens commencent pourtant à se poser des questions. Au terme du derby entre Epinal et Strasbourg, Féfé Marciano, l'entraîneur des Dauphins, reconnaissait que l'absence d'arbitres dénaturait le jeu et mettait en danger l'intégrité physique des joueurs : << Je ne veux pas blâmer les bénévoles qui font ce qu'ils peuvent. Mais ils n'ont pas l'habitude d'arbitrer et le jeu est trop souvent haché. De plus, il n'ose pas sanctionner de peur de léser une équipe par rapport à une autre. Ce soir (NDLR : samedi) par exemple, un type comme Groleau doit prendre une pénalité de match et se voir retirer sa licence. Je m'inquiète aussi, parce qu'à ce rythme, il va arriver un gros accident. >> Même son de cloche du côté de Daniel Bourdages : << A Mulhouse, pour l'ouverture du championnat, c'était une parodie de hockey. Les joueurs mulhousiens n'ont cessé de mettre une pression incroyable sur leurs coéquipiers qui officiaient. Nous ne pouvons pas jouer, les gars n'osent pas mettre de mises en échec. Tout cela devient ridicule. >>

Une première avancée dans les négociations a eu lieu en début de semaine en ce qui concerne les statuts. Une autre réunion est prévue vendredi pour essayer de se mettre d'accord sur les débats autour des frais kilométriques. Souhaitons que pour une fois le bon sens l'emporte...

 

Philippe Forget : << Les joueurs se permettent des gestes dangereux >>

Article de la Liberté de l'Est (12 octobre 2000).

EPINAL - Philippe Forget, l'un des deux arbitres spinaliens, avec Gilles Durand, officie en Elite. Il nous a donné son sentiment sur le conflit qui oppose les arbitres à la Fédération.

Quelles sont les raisons de votre mouvement de grève ?

Notre mouvement a pris forme lors du stage de début de saison, fin août. Tout d'abord nous voulions continuer une association pour défendre nos droits. Mais la Fédération préférait nous englober dans son giron. Dès lors, nous avions l'impression que nous n'aurions plus notre mot à dire. Cette demande a été apparemment acceptée lundi. D'autre part, nous souhaitons aussi qu'il se crée une commission de discline un petit peu comme dans les autres sports collectifs. Il en existe une mais elle n'est pas assez indépendante car les personnes qui y siègent ont trop d'intérêts à défendre. Nous voulons que cette commission soit totalement indépendante. Enfin, nous avons demandé à la Fédération de réévaluer nos frais kilométriques chaque année... Ce qui n'avait pas été fait depuis environ cinq ans. Nous sommes tous solidaires avec nos représentants. Nous reprendrons nos fonctions quand tout sera éclairci. il va falloir aussi se recrédibiliser aux yeux de tout le monde car un gréviste est toujours mal perçu.

Vous avez assisté à la rencontre de samedi entre Epinal et Strasbourg, qu'en avez vous pensé ?

Ça ne ressemblait à rien, les joueurs sont conscients qu'ils peuvent se permettre des gestes dangereux, qu'ils ne feraient pas en temps normal. Plus les compétitions avancent plus les matchs deviennent importants. Je pense ici au Strasbourgeois qui s'en est pris à Kozlov. C'était n'importe quoi ! Avec un arbitre officiel, il aurait dû quitter la glace et prendre un retrait de licence. il aurait écopé d'au moins 5 matchs de suspension. La Fédération a voulu montrer que nous n'étions pas indispensables et instaurer un bras de fer. La solution aurait été de retarder le début du championnat et de se donner les moyens de négocier. En tout cas, il est souhaitable que tout cela finisse assez vite car je n'ose imaginer une rencontre décisive pour une place en play-off dirigée par des bénévoles. Ce serait de l'inconscience...

 

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