Pour prendre un nouveau départ

 

Article du Dauphiné Libéré (17 octobre 2000).

Après une première série de matchs-aller en partie ratés, les Brûleurs de Loups ont tiré le bilan pendant la semaine de repos dont ils viennent de bénéficier. Résultat : pas mal de changements mais toujours des interrogations.

En d'autres temps, on aurait parlé de "laver l'affront" en évoquant cette première rencontre retour, face à des Amiénois qui ont eu "l'outrecuidance" de gagner à Clémenceau (4-3). Mais les Grenoblois n'en sont pas aujourd'hui à ressasser les vieilles histoires de clocher. Car, lorsque l'on se retrouve avant-dernier, devant les seuls Castelvirois abonnés de longue date à la lanterne rouge, on se penche d'abord sur ses problèmes, avant d'entourer les futurs événements d'un halo de rivalité "guerrière".

Et les problèmes, à Grenoble, sont au moins aussi nombreux que les clubs en dépôt de bilan en élite : une équipe volontaire mais qui traverse de terribles passages à vide, une défense qui craque aux mauvais moments, des attaquants qui se procurent plus d'occasions que leurs adversaires pour un faible taux de réussite, voilà trois des ingrédients d'une recette difficilement comestible.

Le staff technique a donc profité de cette semaine de repos, offerte par un calendrier jusqu'ici inconséquent, pour effectuer de nouveaux changements dans les lignes. Première modification, et elle est de taille, Simon Bachelet troque son costume de néo-défenseur en devenir, pour celui d'attaquant confirmé. En effet, le cadet des Bachelet (qui jouera d'ailleurs ce soir sur la même ligne que son frère, en attendant que le troisième, Romain, ne pointe son nez !) occupait jusqu'alors un poste en défense, en réponse à un souhait du manager national, Nano Pourtier, qui voyait plutôt en lui le profil d'un défenseur qu'il n'était pas. Du coup, pour tenter d'intégrer durablement la sélection, Simon avait exaucé ce voeu et effectué ses débuts aux côtés d'un défenseur d'expérience, Jean-François Bonnard, l'oublié récurrent de l'équipe de France... << Mais Simon n'a pas été convoqué, a appris Fokine. Nous l'avons donc remis à l'avant où il apportera cette puissance, notamment physique, dont nous avons besoin >>, argue l'entraîneur. Sans qu'il n'y ait de préméditation dans ce geste, voilà qui règle quasiment la question défensive puisqu'ils ne sont plus que sept pour six places, Gauthier Fontanel semblant pour l'heure promis au ticket perdant, même s'il ne faudrait pas le condamner trop tôt. A noter enfin l'intégration en première ligne de Xavier de Murcia, qui se voit là récompensé de son courage pour revenir au pus haut niveau, après un terrible accident de la circulation il y a deux ans.

Reprochant principalement aux siens leur manque d'agressivité, Fokine a toutefois également modifié son système de jeu, que les Brûleurs de Loups n'avaient pas totalement assimilé : << Nous tâcherons de travailler plus dans la zone d'attaque. Le jeu défensif n'est pas notre fort et nous sommes plus à l'aise quand il faut travailler chez l'adversaire >>. S'il jette ainsi une pierre dans son jardin, le coach russe n'en demeure pas moins exigeant, en témoigne l'entraînement rajouté samedi dernier à... 22h ! << C'était nécessaire, assure-t-il. Nous devons réagir après cette première partie de saison moyenne. J'ai confiance pour ce déplacement à Amiens. Une victoire au Coliseum provoquerait le déclic attendu >>. De toute façon, en attendant l'hypothétique renfort de Pouget, la problématique est connue : si les Grenoblois ne font pas preuve d'un plus grand réalisme offensif, ils s'en repartiront bredouilles, d'Amiens comme de Caen il y a une semaine, bien qu'ils aient dominé aux lancers : << Quand ils lancent, ils le font souvent sans conviction, sans la gnac nécessaire pour marquer >> tonne l'entraîneur.

Avec ces changements de ligne et de système, Fokine sait qu'il grille un nouveau joker, car l'heure est arrivée de trouver la bonne alchimie pour carburer à plein régime. Même si les Brûleurs de Loups partent gonflés à bloc en Picardie, les nouvelles associations en chantier, donc pas encore rodées, pourraient bien freiner ces belles ardeurs. Mais on ne demande qu'à se tromper.

Jean-Benoît Vigny

 

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