Un bien joli naufrage...

 

Article du Dauphiné Libéré (29 octobre 2000).

A Grenoble, Rouen bat Grenoble 5-1 (2-0, 1-0, 2-1)

Arbitre M. Colleoni (assistants : Velay, Barbaz). 1850 spectateurs environ.

But pour Grenoble : 50'43" Lepers (Fleutot, Boccard).

Buts pour Rouen : 10'12" Genest (Besse, Ruokonen) ; 17'33" Pajonkowski (Dugas) ; 36'45" Rhéaume (Jokiharju, Lacroix) sup. num. ; 40'39" Jokiharju (Doucet, Lacroix) sup. num. ; 43'09" Doucet (Lacroix).

Pénalités pour Grenoble 6 minutes, Rouen 4 minutes.

 

Grenoble a joué un bon quart d'heure, au début du deuxième tiers. Dommage qu'un match dure une heure et ne débute pas par cette période... Car les deux buts d'avance que possédaient alors les Rouennais avaient déjà creusé un fossé conséquent et irrémédiable. Entre des Normands sûrs de leur fait, solides et adroits devant le but, et des Grenoblois poussifs et sombrant trop souvent dans l'à-peu-près, la différence était trop énorme pour espérer autre chose que cette méchante claque. La performance de cette formation grenobloise ne manque évidemment pas d'inquiéter, alors que Reims ne s'annonce pas non plus, mardi, comme une partie de plaisir.

D'entrée de jeu, le leader justifiait pleinement sa position en s'emparant comme il le fallait de la zone neutre. Un pressing physique étouffant qui occasionnait deux pertes de palet dans son camp de Koïvisto. Sur la première, Bussat, seul au gardien, envoyait le palet au-dessus des cages et, sur la deuxième, c'est Patrick Rolland qui sortait le grand jeu devant Rhéaume. Deux très chaudes alertes sans frais, mais suffisamment claires pour contraindre les Brûleurs de Loups à monter en régime. Seulement, leur vitesse de patinage ne gênait guère la mise en place aussi ordonnée qu'efficace des Normands.

Les Grenoblois ne surnageaient que par le talent de leur gardien, au cours de dix premières minutes infernales ; la moindre sortie de zone devenant pour les Isérois un chemin de souffrance. Normal, donc, que les Rouennais, qui remportaient de surcroît tous les duels, ouvrent la marque sur un exploit personnel. Genest mystifiait Gachet et la défense grenobloise pour venir tromper Rolland, qui n'avait pu que retarder l'échéance jusque-là. Deux minutes passèrent avant que les Grenoblois, l'espace d'un instant, ne retrouvent leur esprit d'entreprise. Rouen ne bronchait pas pour autant et s'en tirait "à l'expérience" avant de réinvestir le camp alpin avec furia. Et la sanction finissait par intervenir sur un tir heureux de Pajonkowski, qui passait entre les jambes du gardien isérois pour venir mourir derrière la ligne.

Pour tout dire, on ne voyait absolument pas comment les Grenoblois pouvaient avoir la moindre chance de revenir au score. Surclassés, dépassés, incapables de s'approcher correctement des buts de Groeneveld, ils s'apprêtaient à vivre une deuxième période aussi inconfortable que la précédente. En capitaine-courage, Benoît Bachelet tentait de sauver l'ensemble de la faillite et inquiétait enfin, pour la deuxième fois du match seulement, le portier rouennais (27' !).

Une escarmouche qui sonnait la réaction des Brûleurs de Loups. Guillemard, Fleutot et consorts commençaient à faire le siège du camp adverse. Groeneveld voyait déferler sur lui une bande de Grenoblois portés par leurs supporters, notamment sur une supériorité infructueuse mais au moins incisive. Le rempart rouennais, à son tour, permettait aux siens de rester en tête mais il avait senti passer le vent du boulet. Et chacun de se demander pourquoi Grenoble avait autant attendu pour se hisser au niveau requis... Le leader, lui, laissait passer ce long orage sans trembler outre mesure sur ses bases. Et, en fins stratèges, les Rouennais resurgissaient de leur boîte pour, au moment où l'arbitre avait appelé une pénalité à l'encontre d'un Grenoblois, planter la banderille assassine par Rhéaume. Il restait encore vingt minutes, mais l'espoir s'était éteint. La flamme des Brûleurs de Loups vacillait depuis trop longtemps pour entretenir le moindre suspense. D'autant qu'en pénétrant en supériorité au troisième tiers, Jokiharju, servi par Doucet et Lacroix, enfonçait le clou immédiatement. Les trois compères s'amusaient bien et en remettaient un pour la route à peine trois minutes plus tard. L'addition était lourde mais méritée, avant que Lepers n'évite aux siens de s'en repartir "fanny", sur un slap de loin, alors que Groeneveld revenait tout juste dans ses buts après une intervention au devant de Fleutot. Un seul éclair au milieu d'un marasme dont personne ne détient la solution. Y en a-t-il seulement une ?

Jean-Benoît Vigny

 

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