Éviter la descente aux enfers

 

Article du Dauphiné Libéré (31 octobre 2000).

Perclus de doutes après la débâcle du week-end, les Grenoblois reçoivent Reims ce soir. A défaut de convaincre et d'offrir un jeu nettement plus alléchant que la bouillie de samedi, il leur est au moins demandé de vaincre. Sinon...

Dans quel état se présenteront les Grenoblois sur la glace ce soir ? Auront-ils les ressources nécessaires pour surmonter la déception, engendrée par la terrible désillusion infligée par Rouen (5-1 samedi). Car, face aux Normands, pas question cette fois de parler de manque de réussite, de malchance, de mauvais sort. Non, Rouen a simplement surclassé de bout en bout des Brûleurs de Loups limités techniquement, physiquement et, plus embêtant encore, tactiquement. Une domination tellement écrasante au premier tiers que personne n'aurait crié au scandale si le score avait été de 4-0 au terme des 20 premières minutes. Heureusement, Patrick Rolland parvint à endiguer les assauts des visiteurs, au prix de nombreux exploits individuels, pour pallier les carences défensives de certains des siens.

Reste à savoir qui a démontré quoi samedi. Rouen est-il à ce point au-dessus du lot, ou Grenoble est-il infiniment plus faible qu'on ne l'espérait en début de saison ? Un peu des deux certainement. Les Normands ont laissé, et de loin, la plus grosse impression qu'il ait été donné de voir en Isère. Avec des défenseurs qui ajoutent au talent la lucidité dans les instants difficiles, et des attaquants qui conjuguent avec bonheur maîtrise du palet et adresse devant les cages, les Dragons ont soufflé le show et l'effroi. Tout est allé trop vite pour Grenoble, samedi, dont la force est pourtant censée s'appuyer sur le patinage et une rapide transmission du puck. Les Brûleurs ont certes accompli un quart d'heure de qualité, au début du deuxième tiers. Mais - voilà sans doute le problème de cette équipe - il ne s'est agi que d'une réaction. Les chiffres du début d'année l'attestent : Grenoble connaît sa meilleure période au deuxième tiers. Preuve que ces Brûleurs de Loups n'ont pas la capacité d'influer sur le cours des événements. Menés plus ou moins largement au score, ils n'ont effectivement pas d'autre alternative : << On a du mal à se mettre dedans, confirme Christopher Lepers. On débute nos rencontres sur la pointe des pieds et, une fois que l'on a subi, nous n'avons pas d'autre choix que de réagir. Le problème, c'est qu'avec le manque de confiance qui nous accable, on a vite fait de baisser les bras >>.

Nul ne conteste la bonne volonté démontrée par les Isérois. << On se bat beaucoup, poursuit le défenseur, pour nous et les nombreux supporters (dont l'enthousiasme a souvent frisé la compassion samedi). Mais c'est dur en ce moment >>. Laurent Deschaume ajoute : << Eux font les bons choix, évoluent dans un climat de confiance et de certitudes sur leur jeu >>. Et le centre grenoblois d'évoquer également une orientation tactique désarçonnante : << On ne s'attendait pas ce qu'ils nous pressent si haut. A Rouen, ils nous attendaient plus bas, pour chercher le contre. Et nous avions chacun dans l'idée qu'ils rééditeraient ce schéma tactique. Le temps de s'adapter à cette donne, on avait deux buts de retard et le premier tiers était terminé >>.

Quelle(s) solution(s) Dimitri Fokine, Jean-Philippe Lemoine et les responsables de l'équipe peuvent-ils envisager ? Évidemment, ce n'est pas nouveau, il manque un leader offensif à cette équipe, un créateur, un buteur... << Je vois de qui vous voulez parler, sourit Deschaume (ndlr : Christian Pouget dont l'éventuel recrutement reste d'actualité pour une semaine encore). Il serait le bienvenu, c'est sûr, mais il ne faudrait pas se cacher derrière un joueur comme lui : c'est d'abord à nous tous d'être concernés et de nous révolter. Ce n'est pourtant pas faute de travailler >>.

Avant une mini-trêve consacrée aux équipes nationales, les Grenoblois ont une ultime occasion d'éviter la descente en enfer. Reims n'est pourtant pas la proie idéale pour se ressourcer, avec une défense également solide et des attaquants inspirés. Mais les Flammes Bleues ne sont pas au niveau de Rouen. Cela dit, si les Brûleurs de Loups répètent le même genre de prestation ce soir, c'est une nouvelle défaite qui les attend. Et peut-être le temps d'une petite tempête et des questions embarrassantes.

Jean-Benoît Vigny

 

Retour aux articles d'octobre 2000

Retour à la liste des articles

Retour au sommaire