Quelle rédemption !

 

Article du Dauphiné Libéré (1er novembre 2000).

A Grenoble, Grenoble bat Reims 10-4 (4-1, 4-0, 2-3)

Arbitre M. Macron assisté de MM. Hours et Barbez.

800 spectateurs environ.

Buts pour Grenoble : 6' 08 Nokkosmäki (Agnel) sup. num. ; 10' 27 Nokkosmäki ; 18' 06 Koïvisto (Agnel) sup. num. ; 18' 26 Guillemard (Gachet) ; 21' 39 Benoît Bachelet (Deschaume, Simon Bachelet) ; 25' 17 Fleutot (Gachet) inf. num. ; 27' 52 Guillemard (Deschaume, Gachet) sup. num. ; 34' 59 Fougère (Koïvisto, Fleutot) sup. num. ; 44' 29 Guillemard (Benoît Bachelet) ; 47' 50 Guillemard (Fleutot).

Buts pour Reims : 5' 07 Brunelle sup. num. ; 42' 29 Loïc Sadoun (Ribanelli) ; 46' 10 Brunelle (Bachet, Guilhem) ; 52' 54 Loïc Sadoun (Marcelle).

Pénalités pour Grenoble 22 minutes (11 fois 2 minutes), Reims 50 minutes (10 fois deux minutes + 3 fois 10 minutes).

Les Grenoblois ont ravalé leurs doutes, oublié leurs complexes et sorti enfin la performance qu'on attendait d'eux depuis le début de saison. Le champion de France rémois n'en n'est pas revenu !

Passer dix buts au champion de France, quand on possède l'une des attaques les moins prolifiques de l'élite, voilà la drôle de performance des Brûleurs de Loups hier soir. Une sacrée renaissance pour une équipe moribonde et décevante ces dernières semaines. Les deux équipes entamaient pourtant les débats timidement, peu enclines visiblement à aller presser l'adversaire. Les fautes des uns servaient les intérêts des autres et le duo Agnel-Koïvisto ne profitait pas d'un deux contre un d'école. Et les Rémois, nettement plus opportunistes, mettaient à profit leur première supériorité numérique. Quelques secondes leur suffisaient, et Brunelle échappait à la vigilance de Koïvisto et Gachet pour s'emparer d'un palet qui traînait devant le gardien grenoblois. On n'imaginait alors pas que ce but-coup de poignard allait être suivi d'un festival grenoblois, d'un cavalier seul ahurissant puisqu'ensuite, Reims allait passer 37' sans marquer et encaisser la bagatelle de huit buts !

En effet, une minute après l'ouverture du score, un jeu de puissance allait remettre les pendules à l'heure. Un petit slalom d'Agnel désarçonnait la défense rémoise, sa transmission du puck dans le tempo trouvait Nokkosmäki, idéalement embusqué, qui faisait trembler les filets.

Ce même Nokkosmäki s'offrait peu après un doublé heureux : le défenseur finlandais filait à l'anglaise sur l'aile droite et adressait un slap croisé qu'un patin rémois venait dévier dans ses propres buts. Tout allait pour le mieux jusqu'à ce que Borgnet ne vienne malencontreusement heurter son gardien. Sonné, Patrick Rolland restait un long moment allongé sur la glace, avant de se relever et d'être remplacé par Goetz, alors que Reims était également privé de son gardien titulaire. Et justement, le gardien des visiteurs, Godefroy (sic), allait boire deux nouveaux bouillons : d'abord, en supériorité, c'est Agnel qui s'arrachait pour s'infiltrer dans la zone. Du bout de la crosse, il obligeait Godefroy à repousser le palet dans la crosse de Koïvisto qui, d'une maître-feinte dont il a le secret, logeait la rondelle dans la lucarne. Ensuite, c'est Gachet qui décalait plein centre Guillemard qui se chargeait prestement de conclure victorieusement.

Trois buts d'avance à la pause, un avantage rare pour les Brûleurs de Loups, qui allaient le faire fructifier dans les grandes largeurs : le capitaine Benoît Bachelet transperçait Godefroy, d'une déviation astucieuse dans le slot, sur un centre de Deschaume. Ils se permettaient même d'en ajouter un sixième alors qu'ils évoluaient en infériorité, par Fleutot dont le flair payait après un centre-tir de Gachet. Après 25' de jeu, les Grenoblois avaient marqué six buts, alors qu'ils n'en avaient jamais inscrit autant en un match ! L'avalanche ne s'interrompait plus et Grenoble enclenchait la septième, encore en supériorité, par l'action combinée de Gachet (en très nets progrès) et Guillemard à la finition. Pour enrayer la déculottée, Reims tentait de sortir la boîte à gifles, sans résultat probant, si ce n'est s'attirer les sifflets mérités du public, de l'arbitre et un huitième but dans les valises, signé Fougère de loin.

Les Brûleurs de Loups déroulaient leur jeu un peu trop tranquillement en début de troisième période, et un changement de ligne approximatif envoyait Sadoun réduire l'écart. Mais le plus beau restait à venir, symbole de cette renaissance collective : un jeu en triangle exceptionnel, que le Russe Fokine a certainement apprécié à sa juste mesure, permettait à Guillemard de loger la rondelle dans les buts désertés par un gardien dépassé par cette valse à trois mouvements. Les buts finissaient par s'enchaîner de part et d'autres (Brunelle et Sadoun contre un nouveau de Guillemard pour les Isérois), tandis que Fokine faisait logiquement tourner son effectif et que Reims achevait de péter les plombs sur le banc comme sur la glace. Il ont visiblement eu quelque mal à digérer le retour en grâce de Grenoble. Et quel retour !

Jean-Benoît Vigny

 

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