Rencontre avec le président de la SAOS grenobloise, Jean-Luc Blache

<< Le challenge reste à gagner >>

 

Article du Dauphiné Libéré (9 novembre 2000).

- La victoire face à Reims a dû vous soulager ?

Même si nous inscrivons notre démarche dans la durée, c'est vrai que notre début de saison a été difficile. Alors, ce succès nous a permis de retrouver le sourire et a démontré que ce groupe possède de la qualité. A part les deux extrêmes, Rouen pour la tête et Viry pour la queue, je crois que les six autres équipes sont proches les unes des autres. Compte tenu de notre potentiel, on pourrait être mieux positionné. Mais la vérité sortira des play-off.

- Avec ces résultats très moyens en début d'année, n'avez-vous pas regretté un moment d'avoir autant investi dans la structure "administrative" au détriment des sportifs ?

Jamais, car il faut dissocier les deux secteurs. Si le sport est un facteur forcément dynamisant, nous avons un "projet d'entreprise" sur trois ans. Pas question de revenir dessus à cause des résultats. Ce que nous mettons en place réclame de la patience et du temps.

- Tous les clubs doivent posséder la même masse salariale, selon la règle édictée par la Fédération et acceptée par tous les clubs. Pourtant, certains ont l'air autrement plus armés que vous...

Notre situation était simple : la candidature de Grenoble était retenue à la condition expresse que nous rentrions dans les clous. Avec un peu moins de 3,5 MF de masse salariale chargée, nous sommes conformes au règlement. Nous n'aurons pas de dépassement de budget. Effectivement, nous nourrissons quelques doutes quant au respect de cette règle par tous... Deux problématiques s'offrent aujourd'hui à nous, club de Grenoble : nous allons demander que la transparence financière s'applique à tous, avec la commission de contrôle. D'autre part, une question se pose : si nous, ou un autre club, parvient à dégager des recettes supplémentaires, que fait-on ? Nous souhaiterions, dans ce cas, pouvoir investir sur le sportif qui sera évidemment prioritaire. Mais en aurons-nous la possibilité légale ?

- Administrativement, les liens unissant la SAOS à l'association semblent encore flous, d'autant que le protocole entre les deux structures n'a pas été signé. Par exemple, l'association a versé les salaires d'août aux joueurs professionnels, normalement sous la coupe de la société...

Effectivement, ce protocole n'a pas été signé. Nous avons avancé prudemment et, après l'aval du conseil de surveillance, nous devrions aboutir ce jeudi soir. Pour ce qui est des salaires du mois d'août, l'association a dû les verser car la SAOS n'était pas encore constituée, car la Fédération a tardé à officialiser pas mal de choses. Cette somme est due et actée, et nous rembourserons évidemment la section amateur, sans qui, je l'avoue, rien n'aurait été possible. Elle a constitué un moteur indispensable à la mise en place de la SAOS. Nous avons rencontré des clubs comme l'ASVEL ou l'AS Saint-Étienne, qui nous ont confirmé la difficulté, juridique notamment, à créer un club avec deux entités juridiques. Mais nos liens sont appelés à être forts et à évoluer.

- Après quelques mois d'activité, quel bilan tirez-vous, vous qui découvrez le hockey sur glace ?

Je retiens ce double soutien : celui du public d'abord, des supporters qui nous suivent malgré une année en D3 qui a compliqué la tâche, et, ensuite, l'engagement des actionnaires qui sont restés avec nous malgré les incertitudes estivales. Si l'on se réfère à l'exercice 98-99, proche de nous en matière de budget, peut-être avons-nous sous-estimé qu'à cette époque, les Brûleurs de Loups surfaient sur la dynamique du titre de champion de France. C'est pour cette raison que nous devons souvent revalider nos objectifs économiques, et sportifs. Nous visons toujours la 5-6è place. Plus haut, ce serait du bonus.

- Vous lancez un projet alors que le hockey français traverse une nouvelle crise. N'est-ce pas dangereux ?

Non, nous avons une stratégie claire dans le temps. Mais nous sommes à une année charnière, locale et nationale. La Fédération a un discours intéressant, qui doit se traduire par des actes. Passer le championnat à douze équipes, avec huit qualifiées pour les play-off, serait déjà plus lisible et attractif. Quant à nous, nous devons fédérer les acteurs locaux, du passé et du présent, et songer à approcher de nouveaux horizons pour l'avenir. Nous aurons, entre autres pistes, deux réflexions à mener prochainement : la politique tarifaire, et savoir comment élargir la base populaire, par exemple en rendant attractifs tous les matchs. Mais nous restons humbles car nous savons que, malgré notre retour en élite, le challenge reste à gagner.

Jean-Benoît Vigny

 

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