L'éternel enthousiasme de Pouget

 

Article du Dauphiné Libéré (21 novembre 2000).

Christian Pouget a enfin signé et jouera dès ce soir à la pointe de l'attaque grenobloise. Neuf ans après, il revient en Isère pour un nouveau pari, avec une équipe iséroise mal en point. Même s'il manque de compétition cette saison, il devrait grandement apporter aux Brûleurs.

L'affaire n'a pas été simple. Car recruter Christian Pouget en cours d'année, alors que le budget était bouclé, ne constituait pas la plus simple des missions. Pour autant, lorsque le célèbre attaquant international indiqua, après la liquidation de Chamonix, qu'il ne se voyait jouer << qu'à Grenoble >>, les dirigeants isérois s'activèrent pour trouver le(s) mécène(s) susceptible(s) de supporter la transaction.

<< Et jusqu'au dernier moment, rien n'était sûr >> dit le président Jean-Luc Blache, qui n'a été assuré de l'arrivée de Pouget que dans la nuit de dimanche à lundi. << Dimanche midi, l'hypothèse d'un retournement de situation restait d'actualité ! >> Alors que la décision semblait imminente vendredi dernier, un contretemps est venu repousser tout ça, à seulement 24 h de la clôture des transferts.

Toujours est-il que Pouget a pu s'entraîner hier matin avec ses nouvelles couleurs, et qu'il sera qualifié pour évoluer au centre de la deuxième ligne ce soir. << C'est vrai que j'attendais depuis quelque temps cette officialisation, soulignait-il hier. J'ai fait ce que j'ai pu pour rester au niveau, physiquement notamment, mais il est évident que je risque d'être court, question rythme >>. Sa modestie dut-elle en souffrir, on doute qu'un homme qui sort de quatre saisons à l'étranger (Mannheim trois ans puis La Chaux-de-Fonds) et dont le CV ferait se pâmer de jalousie n'importe quel joueur du championnat hexagonal, aura du mal à se hisser au niveau. Difficile quand même de lui demander la lune dès ce soir, malgré ses états de service, au sein d'une ligne avec laquelle il n'a aucun repère.

Arrivé à Chamonix à l'intersaison (il possède une maison proche de la station haut-savoyarde) pour occuper le double poste d'entraîneur-joueur, il s'est vite retrouvé les bras ballants lorsque, après un feuilleton à rebondissements, le tribunal de commerce "liquida" la SAOS et que, dans le même temps, la Fédération Française des Sports de Glace appliqua son tarif : ni élite, ni D1... ni D3 ! << Le nouveau comité qui avait en charge le hockey à Chamonix s'est un peu enflammé niveau recrutement, pour une formation qui visait la D1. C'était difficilement viable. Aussi, quand la liquidation est intervenue, n'ai-je pas eu un choix énorme : les clubs suisses, qui auraient pu être intéressés, avaient bouclé leur recrutement. J'aurais pu retourner en Allemagne mais, pour des raisons familiales notamment (sa femme attend un deuxième enfant), c'était non. Grenoble restait la seule option car je n'avais aucune envie de stopper ma carrière. A 34 ans, j'ai toujours autant envie de jouer >>.

Lui qui a quitté un championnat français d'un bon niveau il y a quatre ans, ne sait pas trop à quoi s'attendre, dès ce soir : << Depuis mon départ de Rouen, de nouveaux joueurs sont arrivés et les étrangers ont changé. D'après ce que j'ai pu voir, seul Rouen me semble au-dessus du lot. Pour le reste, je crois que toutes les équipes sont à notre portée. A condition de se battre pour gratter point après point >>.

Seule interrogation, Pouget sera-t-il appelé à jouer en attaque, comme durant toute sa carrière, ou en défense, ainsi qu'il l'appelait de ses vœux ? Son ami et néanmoins directeur sportif, Jean-Philippe Lemoine répond : << Il peut être efficace partout, c'est clair. Mais, compte tenu des besoins de l'équipe, il remplacera poste pour poste Guillemard. Plus tard, il n'est pas exclu toutefois qu'il joue derrière >>. << J'ai toujours pris du plaisir, où que je joue, dit Pouget. Alors, je m'adapterai >>.

Neuf ans après le titre de 91 - << j'ai passé deux belles années ici >> tient-il à rappeler - le voilà de nouveau à la pointe de l'attaque des Brûleurs de loups pour qui, ne le cachons pas, son arrivée est une bénédiction. A défaut d'être un messie, nul doute que Christian Pouget amènera la bonne parole.

Jean-Benoît Vigny

 

Retour aux articles de novembre 2000