Promesses demandent résultats

 

Article du Dauphiné Libéré (23 novembre 2000).

Le groupe grenoblois a suffisamment de qualités pour rejoindre la première partie de tableau, au cours de la deuxième phase qui débute samedi par la réception de Rouen. Mais, pour l'heure, il semble manquer de sérénité.

Il fallait au moins ça ! Après un match nul malheureux face à Anglet samedi, les Brûleurs de Loups se devaient de s'imposer face à Caen, et ce pour deux raisons : d'abord, il convenait de clore cette première phase "aller-retour", par une note d'optimisme et lancer sur des bases encourageantes la deuxième. Ensuite, pour démontrer que les Caennais, avec qui ils étaient, et sont toujours, à la lutte pour l'avant-dernière place, ne sont pas leurs égaux. En partie réussi, en partie raté.

Car le bilan général (cinq victoires, un nul, huit défaites) n'est pas celui d'un prétendant au rôle de trouble-fête, dans le concret généralement bien ordonnancé de l'élite. Et s'il était légitime que les dirigeants réclament en début de saison du temps avant de juger, pour les uns leur système, pour les autres, le recrutement ou la structure, il conviendra, en deuxième phase, de réifier dans quelle mesure les uns et les autres avaient raison. Ou tort.

Selon l'hypothèse du verre à moitié vide, ou à moitié plein, on peut verser dans l'optimisme d'une équipe qui promet énormément, et qui bénéficie d'une valeur ajoutée inestimable avec l'arrivée de Christian Pouget, ou s'interroger sur la qualité d'un groupe qui, s'il n'a échoué que d'un ou deux buts à plusieurs reprises, fait trop souvent preuve de fébrilité aux instants-clés. Un manque évident de sérénité que les deux derniers matchs ont mis en lumière avec plus d'acuité lors de ces deux troisièmes périodes pénibles, à vivre comme à jouer sans doute.

Malgré un effectif assez jeune, les Brûleurs de Loups n'ont pas l'excuse d'une moyenne d'âge qui ne s'avère pas beaucoup moins élevée que leurs concurrents, d'autant que les plus jeunes de l'effectif (Bellet, Billiéras, Fontanel) font banquette depuis un long moment. Seul le gardien remplaçant Arnaud Goetz, a "bénéficié" de quatre matchs pour montrer son potentiel, suite à la blessure de Patrick Rolland.

La fébrilité, donc, serait plutôt le signe d'une équipe en mal de confiance, qui n'a pas assez cerné les contours de ses qualités et de ses défauts. Évidemment, le gabarit assez moyen des attaquants grenoblois peut constituer un frein face à une écurie comme Rouen, et poser des problèmes lorsqu'Anglet, Caen ou Angers sortent l'armada des armoires à glace. Cela dit, au vu de ces 14 premières joutes, seuls les Dragons rouennais disposent d'une marge relativement confortable sur les Isérois. Face aux autres, Grenoble devrait avoir les moyens de lutter à armes égales, tout au moins sur un match. Les play-off seront une autre histoire.

Pour autant, plusieurs questions relatives au match face à Caen en particulier, et au début de saison en général, restent en suspens. Pourquoi Dimitri Fokine, mardi, a-t-il sorti Frédéric Borgnet au deuxième tiers, sans le remplacer, laissant son équipe jouer à cinq défenseurs (et même à trois par le truchement des pénalités) ? Pourquoi Boccard, Carry et Bergamelli bataillent-ils régulièrement pour deux postes sur les première et deuxième ligne offensive, alors que la stabilité est un gage de réussite ? Pourquoi le coach alpin a-t-il pris un temps mort "remontage de bretelles" au troisième tiers mardi, au risque de fragiliser un ensemble qui, jusque-là, tenait (à nos yeux) bien la route ? Pourquoi Mathieu Bellet, qu'il considérait cet été comme le meilleur jeune joueur du lot, a-t-il disparu des lignes offensives ? De tout cela, on ne saura rien puisque l'entraîneur grenoblois a refusé de s'adresser aux médias, << jusqu'à la fin de saison >> a-t-il même précisé mardi. Dommage, car lui seul détient la clé d'interrogations qui ne sont pas seulement des élucubrations de journalistes, mais des questions sur un système et le choix des hommes chargés de le mettre en œuvre.

A défaut d'éclaircissement, nous nous contenterons de constater que personne ne détient encore la solution au mal récurrent - fébrilité, erreurs d'inattention, manque de réussite offensive - qui frappe cette version grenobloise 2000 - 2001. Et que le "déclic" - formule magique ou méthode Coué du langage sportif - se fait toujours attendre. La venue de l'ogre rouennais peut-elle constituer le point de départ d'une belle aventure ? Après tout, pourquoi pas...

Jean-Benoît Vigny

 

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