Grenoble, la magie retrouvée

 

Article du Dauphiné Libéré (26 novembre 2000).

Timorés lors de la précédente rencontre qui les avait déjà opposés à Rouen à Clémenceau, les Grenoblois avaient cette fois décidé d'enflammer les débats pour troubler la belle quiétude normande. Une mission que les trois blocs appliquaient parfaitement dans les dix premières minutes. En mettant une intensité physique très importante en zone neutre et offensive - Bergamelli remplaçait à cet effet Carry -, les Brûleurs de Loups parvenaient même à résister à une première infériorité, signe de leur apparente sérénité. Passée une alerte signée Dugas, Pouget entrait en action : récupérant un palet dans sa zone, il lançait le contre à trois contre un. C'est d'abord Agnel qui servait de relais sur l'aile droite avant que ce dernier ne transmette le palet à Fleutot, bien placé à l'opposé du jeu pour ouvrir le score. On croyait l'affaire bien engagée, mais les aléas techniques de la vieillissante patinoire allaient casser leur élan : le temps de refixer un plexiglas récalcitrant (soit de longues minutes), et voilà les Grenoblois qui perdaient leurs moyens. Une première fois, Patrick Rolland encaissait un but "casquette" après avoir perdu de vue un puck qui avait rebondi derrière lui sur la bande, et dont se saisissait Genest prestement. Une minute plus tard, Riihijärvi se fendait d'une ouverture millimétrée pour Besse qui se jouait avec aisance de Lepers pour s'en venir défier en break Rolland et doubler la mise.

Un avantage pas forcément mérité à la pause, que Rouen souhaitait faire fructifier. Le Normands occupaient le camp d'Isérois privés de Fleutot, blessé au premier tiers, et remplacé par Billiéras. Si Rolland retrouvait ses esprits dans un premier temps, il ne pouvait rien par contre lorsque la fameuse contre-attaque rouennaise déployait ses ailes. Pajonkowski se défaisait de Simon Bachelet, seul face à deux adversaires, pour lancer du poignet et creuser un écart a priori insurmontable. Le Grenoblois poursuivaient toutefois leur formidable travail de harcèlement. Koïvisto par deux fois, Lepers, Pouget et Bachelet allumaient de nombreuses mèches enflammées et Groenveld jouait au pompier de service pour éteindre l'incendie. Le match allait alors, en trois minutes, connaître plusieurs rebondissements dus aux pénalités : Rouen, à quatre, avait le tournis et Koïvisto tombait à point nommé pour pousser au fond un palet qui avait parcouru toute la zone offensive avant l'issue finale. A leur tour en supériorité, les Rouennais donnaient une leçon de jeu de puissance. En onze secondes, la défense était hors-circuit et Doucet marquait. Mais Pajonkowski et Ruokonen, pour deux gestes bêtes, offraient une double supériorité aux Isérois qui se terminait par un but d'Agnel en embuscade dans le slot. A vingt minutes du terme, le suspens demeurait. Mais il fallait encore combler cet écart minime, auquel les Dragons normands s'accrochaient, bien que de plus en plus dépassés par la furia grenobloise. Avec un nouvel élément en moins (Fougère touché à la main), les Brûleurs de Loups maintenaient pourtant leur folle cadence. Et la patinoire allait finir par exploser de bonheur quand Pouget, extraordinaire hier soir, remontait la glace palet en crosse, et, après s'être démené comme un beau diable, adressait une merveille de passe à Billiéras. Le jeune attaquant junior tirait instantanément et nettoyait la lucarne pour l'égalisation. Grenoble jubilait mais était tout près de passer du rire aux larmes quand Jokiharju tirait un penalty pour une faute de Lepers. Mais le Finlandais s'emberlificotait les pinceaux devant Rolland et frappait à côté. Malgré une nouvelle domination grenobloise, la mort subite était inévitable. Cinq minutes d'angoisse au cours desquelles Xavier De Murcia eut le "palet de match", seul à deux mètres de Groenveld. Surpris, il ratait son slap et voyait s'envoler les ultimes chances de victoire. Mais un match nul face à Rouen qui restait sur douze victoires, voilà une performance que l'on peut aisément qualifier d'exploit. Et de terriblement encourageante.

Jean-Benoît Vigny

 

A Grenoble, Grenoble et Rouen 4-4 a.p. (1-2, 2-2, 1-0, 0-0)

Arbitre M. Macron assisté de MM. Velay et Barbez.

1600 spectateurs environ

Buts pour Grenoble : 6'03" Fleutot (Agnel, Pouget) ; 33'44" Koïvisto (Agnel, Fougère) sup. num. ; 36'46" Agnel (Fougère, Gachet) sup. num. ; 44'46" Billiéras (Pouget)

Buts pour Rouen : 10'09" Genest (Besse) ; 11'43" Besse (Riihijärvi) ; 25'11" Pajonkowski ; 34'30" Doucet (Lacroix, Jokiharju) sup. num.

Pénalités pour Grenoble : 12 minutes (6 fois 2 minutes), Rouen : 14 minutes (7 fois 2 minutes).

 

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