Grenoble aborde un tournant

 

Article du Dauphiné Libéré (5 décembre 2000).

A la faveur de leur succès probant face à Caen, et du surprenant revers des Angloys à Viry, les Grenoblois ont ce soir l'occasion de s'emparer de la 5è place chez les Basques. Une mission assurément difficile mais pas impossible.

Ce soir, Grenoble a les moyens d'enclencher la vitesse supérieure. Car cette place de 5è revêt une sacrée importance pour les play-off qui, à mesure que les journées se déroulent, commencent à hanter les esprits de beaucoup. Car, les valeurs supposées des uns et des autres volent de plus en plus en éclat. Samedi, Rouen a affiché quelques carences et un début d'essoufflement, tandis qu'à l'opposé, Viry s'offrait son premier succès. Et le deuxième, Reims, n'avait-il pas bu la tasse en Isère (10-4) ? Même s'il est trop tôt pour tirer des plans sur la comète, jouer des quarts de finale en position de 5è devrait permettre d'être opposé à Angers, et non à Reims ou Amiens. Une différence de taille sur une série au meilleur des cinq.

Dans cette lutte au classement, Grenoble a sans doute définitivement éloigné des Caennais avec qui ils étaient au coude à coude depuis longtemps. Bien sûr, tout fut loin d'être parfait, entre ces deux équipes privées d'éléments importants (Fleutot et Nokkosmäki côté alpin, Garnier puis Lahtinen pour les hommes du Calvados). Mais, à l'inverse de certains matchs précédents, les Brûleurs de Loups ont montré une sage patience, avant de porter l'estocade finale. << On avait beaucoup forcé dans leur zone depuis le début du match, souligne Alexis Boccard. Il fallait éprouver leurs grands gabarits, les pousser à la faute et profiter enfin des espaces >>.

Pour autant, les 25 premières minutes auront été des plus délicates : << On a nettement diminué les occasions contre nous par rapport à la première partie de saison, explique le gardien Patrick Rolland. On est passé à une vingtaine de lancers sur nos cages. Le chiffre est bon, mais si, dans cette vingtaine d'actions, on dénombre plusieurs breaks, des deux contre un ou deux contre zéro comme samedi soir, ça reste dangereux. Or, on a tendance à ne pas assez fermer le slot et on offre des boulevards à l'entrée centrale de notre zone >>. Le talent du rempart isérois aura permis d'annuler ces erreurs individuelles ou de (re)placement, << mais nous devons avoir une meilleure communication entre les joueurs >>. Le signe fut toutefois assez fort pour que les Grenoblois en retiennent les leçons. << Nous avons progressé dans la rigueur, confirme Fokine, mais les joueurs conservent encore des réflexes ou de vieilles habitudes qui ne s'effaceront qu'avec le temps et le travail >>. Cela dit, la capacité grenobloise à gérer ses temps faibles apparaît de plus en plus efficace. Le secteur défensif (qui concerne l'ensemble des joueurs) semble aujourd'hui la clé d'une formation qui ne marque pas énormément. Avec une moyenne de 3,17 buts par rencontres, l'équipe iséroise doit d'abord songer à assurer ses arrières, quand bien même elle tient en Koïvisto et Pouget, deux artilleurs d'élite exceptionnels. << Toutefois, tempère Fokine, Pouget ne peut réaliser d'exploits si ses partenaires ne cessent de s'appuyer sur lui, comme à Viry. Au contraire, il nous est plus utile lorsqu'on parvient à lui libérer des espaces >>.

Quoiqu'il en soit, la défense - au sein de laquelle Roland Fougère progresse à pas de géant - sera mise à rude épreuve ce soir à Anglet, sur cette petite glace qui favorise le physique, au détriment d'un jeu technique. Pour autant, Grenoble s'appuiera encore sur sa vitesse de patinage et sa "gnac" en zone neutre, pour réussir un coup. Sans Fleutot (qui pourrait rentrer samedi face à Amiens), les Brûleurs de Loups auront à cœur d'effacer ce douloureux souvenir de la précédente confrontation, où les Basques avaient obtenu le nul après avoir été menés de trois buts jusqu'au dernier tiers. << Nous connaissons très bien nos adversaires, avance l'entraîneur, pour les avoir joués à plusieurs reprises, y compris en pré-saison. On s'en sortira si l'on reste rigoureux et disciplinés jusqu'au bout >>.

Jean-Benoît Vigny

 

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