Fokine : << Cette équipe ira loin >>

 

Article du Dauphiné Libéré (9 décembre 2000).

Cette croustillante opposition constitue un ultime examen de passage avant la trêve. Si, lors des deux précédentes confrontations, Amiens a eu le dernier mot, l'entraîneur grenoblois fonde dans son équipe de grands espoirs. Pour ce soir, et plus sûrement encore pour les play-off.

<< La semaine prochaine, ils vont pas rigoler >> lance Dimitri Fokine, plongé vers l'avenir : << Après cette rencontre, nous entamerons un nouveau cycle physique. Ce sera assez dur, mais ils en ont besoin pour rester en forme jusqu'aux séries finales >>. L'entraîneur grenoblois, qui ne plaisante pas avec la condition physique, semble déjà tourné vers ces heures de vérité que sont les play-off. Et d'ailleurs, quand bien même les siens disputeront leur 18è match officiel ce soir, il n'entend tirer aucun bilan avant la fin de saison : << N'oublions pas que nous sommes partis de presque zéro, avec des joueurs qui venaient d'horizons différents, de graves blessures, l'arrivée de Pouget, etc... Cela dit, j'ai noté une montée en puissance intéressante, avec notamment cette série de cinq matchs sans défaite, interrompue à Anglet mardi. On progresse doucement, mais on progresse. Nous avons changé les lignes au fur et à mesure, apporté des modifications au système de jeu, tout ça ne se digère pas rapidement >>.

D'ici le 24 février 2001, il ne reste de toute façon que dix rencontres avant les play-off. Dix dates pour conforter ses certitudes et tirer définitivement la quintessence du groupe. << Vous savez, poursuit l'entraîneur, malgré les résultats, je sais que ce groupe ira loin. J'en suis même persuadé, il va exploser >>. Plusieurs éléments plaident effectivement en faveur de cette espérance du coach : d'abord, l'équipe grenobloise est sans doute, du championnat, la plus pénalisée par les blessures. L'absence de Nokkosmäki est un lourd handicap en défense, notamment dans ces instants-clés d'un match où expérience et talent font la différence. Et le Finlandais regorge des deux. Les forfaits de Fleutot et Guillemard ensuite qui, bien qu'ayant manqué de nombreux matchs, restent les 3è et 4è pointeurs de l'équipe (derrière le duo Agnel-Koïvisto), Guillemard étant même le deuxième buteur avec neuf réalisations ! Enfin, le jeu de puissance, crucial en play-off, devient une spécialité grenobloise : 2è en supériorité (28,4 %) juste derrière Reims, 3è en infériorité (83,77%), cette équipe possède le jeu et les joueurs pour s'en sortir lors de rencontres au couteau.

Mais le tableau n'est pas rose pour autant, et les sept buts angloys, alliés à une multitude d'actions franches, le rappellent : Grenoble laisse encore trop d'occasions nettes à ses adversaires. Des situations que l'excellence de Patrick Rolland dans les buts, ne peut à elle seule annuler. Et il faudra, ce soir comme plus tard, considérablement réduire ces espaces béants en centre glace, pour espérer mieux qu'une "glorieuse" élimination en quarts de finale.

La venue d'Amiens (diminué par les absences de ses internationaux de moins de 20 ans) doit, dans ce contexte, servir de révélateur. Face aux formidables patineurs que sont les frères Rozenthal, les Brûleurs de Loups devront serrer la garde pour saluer 2000 par une victoire. Et surtout, lancer un signal fort à de possibles adversaires en play-off.

Jean-Benoît Vigny

 

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