Des jeunes au sommet

 

Article de Sud Ouest (20 décembre 2000).

L'Hormadi a largement puisé dans ses effectifs juniors pour composer son équipe Elite cette saison. Une aubaine pour les Hitze, Coulombeix, Gillet, Amsellem, Drouot et Larrieu.

Ils sont déjà six à avoir porté le maillot de l'équipe Elite cette saison. Plus ou moins longuement il est vrai, mais toujours avec un grand bonheur. << C'est une véritable chance pour nous de pouvoir évoluer au plus haut niveau du championnat et aux côtés de joueurs confirmés >> reconnaissent tour à tour Julien Hitze, Pierre-Hervé Coulombeix, Aymeric Gillet ou encore Guillaume Drouot. Encore que ce dernier doive se contenter de jouer les doublures des deux portiers titulaires du club, ce qui lui offre pour l'heure, seulement, une place sur la banquette des remplaçants.

Le souci des études

Mais peu importe, c'est affaire de patience et Guillaume Drouot n'en partage pas moins la joie de ses copains du champ de jeu, de plus en plus fréquemment appelés sur la glace par le coach Karlos Gordovil. A l'image de Pierre-Hervé Coulombeix ou Aymeric Gillet, venus l'an passé l'un de Lyon, l'autre de Paris, pour rejoindre une des places fortes du hockey français. Et, ils ne s'en cachent pas, ils ont été attirés de surcroît par le cadre de vie du Pays basque, ainsi que l'ambiance chaleureuse de la patinoire de la Barre.

<< Dans beaucoup de clubs, il n'y a pas de débouchés pour les jeunes joueurs, par manque d'une équipe seniors au plus haut niveau, il est donc difficile de se faire repérer >> confie le défenseur Aymeric Gillet. << Nous sommes très fiers d'évoluer aux côtés ou contre les meilleurs joueurs de l'Hexagone >>, dit Pierre-Hervé Coulombeix, attaquant et auteur récemment de son premier but en championnat. << Pour nous, quelqu'un comme Denis Perez (NDLR : leur coéquipier à l'Hormadi), c'est une star, on le voyait à la télé quand on était plus jeune, on lui a même demandé des autographes >>.

Tous se sont rapidement fondus dans le jeu de leurs aînés et, quand ils apparaissent sur la glace, ils savent se hisser au niveau de leurs partenaires. << Le seul problème, c'est le trac qui tord le ventre à chaque fois, mais il faut apprendre à vaincre ce stress >> disent-ils.

<< Il faut vite prendre confiance en soi, un ou deux gestes réussis et après ça va >>. Mais le vrai problème se situe ailleurs pour ces jeunes encore scolarisés et qui ont pour principale difficulté celle de suivre leurs études en même temps que d'être assidu à la patinoire.

<< C'est un vrai souci, les absences pour raison sportive sont mal vues par les établissements >> dit Julien Hitze, Angloy de souche, et actuellement étudiant à l'IUT Tech de Bayonne. << C'est encore pire avant le Bac, car le système ne prévoit rien en la matière, sauf pour le sports-études qui bénéficie d'un temps aménagé >> disent les Gillet et Coulombeix, qui éprouvent de la peine à suivre leur Terminale respective en menant de front leur passion pour le hockey.

<< C'est pour cette raison que notre copain Raphaël (NDLR : Larrieu) a dû relâcher le hockey au profit des études, pourtant il avait démarré très fort la saison >>.

Créer la sensation

Même chose en ce qui concerne la vie extra-scolaire, même si cela leur pèse moins. << Il est impossible d'avoir une autre vie à côté >> concèdent ces jeunes gens qui sont parfois amenés à disputer trois matches par semaine, deux avec les seniors et un autre avec les juniors. Sans parler des entraînements. << Le plus dur à gérer, c'est quand on joue le samedi soir en déplacement avec l'Elite, et qu'on remet cela le dimanche matin avec les juniors. On a juste le temps de descendre du bus et de se rééquiper >>.

Pour autant, il ne leur viendrait pas à l'idée de se plaindre. << C'est un choix, c'est notre vie. On a grandi à la patinoire, on est dans les bus depuis tout petit, ce n'est pas aujourd'hui qu'on va tout remettre en question. Le hockey, c'est une passion et on accepte toutes les contraintes >> dit Julien Hitze.

A leurs yeux, le jeu en vaut largement la chandelle, surtout quand il y a de belles récompenses à la clé, comme celle de la sélection d'Antoine Amsellem, leur autre pote, en équipe de France juniors. Ce dernier était justement absent ces jours-ci, autorisé par le coach à rester dans sa famille en région parisienne au lendemain du titre de champion du monde juniors acquis le week-end dernier par les jeunes Français.

D'ailleurs, même s'ils sont de plus en plus souvent appelés chez les pros, les jeunes de l'Hormadi restent avant tout impliqués dans la vie de l'équipe juniors du club, qui fête cette année sa troisième saison d'existence par de retentissants succès. Et leur rêve à tous, c'est de créer la sensation avec les copains.

<< On a vraiment conscience qu'on peut faire un gros truc >> disent-ils en chœur. Actuellement quatrièmes du classement les juniors de l'Hormadi ne cachent pas qu'ils visent un podium en fin de saison. << On peut le faire et en plus, on en a une énorme envie >>.

Philippe Hemmert

 

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