Dépasser enfin les clivages

 

Article du Dauphiné Libéré (8 janvier 2001).

Les états généraux viennent d'être lancés à Grenoble. Dans quatre mois, des propositions concrètes seront faites pour (re)donner au hockey crédibilité, sérieux et ambition.

Le hockey français se prend en main. Sans blague ? L'assertion a de quoi surprendre, au sein d'une discipline réputée pour ses guerres de clocher, ses inimitiés notoires, ses structures brinquebalantes et... ses résultats paradoxalement assez bons. Mais, toutes les mauvaises choses étant sensées prendre fin, la Fédération française des sports de glace (FFSG) a décidé de tout remettre à plat, depuis notamment la décision du président Gailhaguet de faire de 2001 "l'année du hockey".

Il faut dire qu'en l'état, le hockey ne pouvait plus continuer à vivre d'expédients, à répéter les erreurs du passé et à ne préparer l'avenir que dans l'urgence. La tâche est évidemment énorme, mais pouvait-on en faire l'économie ? "Il n'y a pas de honte à vivre avec les moyens qu'on a, souligne Luc Tardif, l'ex-international et grand ordonnateur de cette vaste mission. Mais nous sommes arrivés à un point où l'on doit faire un arrêt sur image, consulter toute la famille du hockey pendant quatre mois et élaborer des propositions réalisables, à court, moyen et long terme".

Lancés vendredi et samedi dernier à Grenoble, ces états généraux prendront fin les 5 et 6 mai, toujours en Isère, "dans une ville symbole, poursuit Tardif, puisqu'elle accueillera les championnats du monde (division 1, du 16 au 22 avril) dans une nouvelle enceinte". Autour de 12 ateliers qui balayent de manière exhaustive les champs du hockey -suivi médical, élite, équipe de France, formation, championnats (jeunes, N1, N2 et D3, féminin), arbitrage, relations avec les médias...-, tous les thèmes seront abordés par les nombreux intervenants qui ont répondu à cet appel avec enthousiasme.

Un examen de conscience "qui doit permettre de dépasser les clivages, assure Tardif, pour proposer et donner à ce sport la place qui est la sienne" et qu'il ne méritait peut-être pas jusqu'ici, faute d'organisation. "Il faut arrêter le tir au pigeon et que le hockey français parvienne à travailler ensemble, sans s'engueuler, sans remuer de vieilles querelles. L'exemple des juniors 20 ans, qui viennent d'accéder au groupe A, montre la voie à suivre".

A ses côtés durant ce lancement, Jean-Michel Oprendek, nouveau DTN de la Fédération depuis le 1er janvier, acquiesce. Et s'il reconnaît "découvrir cette discipline", il semble en avoir vite compris la force et les faiblesses : "Les problèmes existent et je vais m'atteler à les cerner au plus près. Mais il existe une effervescence d'idées et un potentiel sportif certain. Nous devons d'abord bâtir une base et coordonner les actions". Ancien DTN de l'escrime de 80 à 86 notamment, l'homme pourrait devenir ce "chaînon" qui manquait au hockey. Rigoureux, rompu aux exigences du haut niveau et aux moyens non seulement pour y parvenir, mais surtout pour y rester, il articulera la réflexion fédérale autour de la formation, des sélections de jeunes pour que le haut de la pyramide soit le plus performant possible.

Avec Luc Tardif, pierre angulaire de ce projet, le hockey français a devant lui l'opportunité de sortir de l'ornière, même si le temps sera seul juge des résultats de cette opération. Mais, de toute évidence, le monde du palet bleu-blanc-rouge doit voir dans ces états généraux le moyen (et non une fin) de balayer devant sa porte et d'aller (enfin) dans la bonne direction. Et il paraît clair, aujourd'hui, que le hockey français n'a plus guère que cette opportunité pour devenir une discipline crédible, sérieuse et ambitieuse. Le contraire le plongerait, sans doute pour longtemps, dans une décrépitude institutionnalisée. Alors...

Jean-Benoît Vigny

 

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