Agnel, tout feu tout flamme

 

Article du Dauphiné Libéré (9 janvier 2001).

On le savait gros travailleur, et passeur inspiré. Mais cette année, il a ajouté à sa panoplie des qualités de buteur indéniables dont les Brûleurs de Loups auront besoin pour battre Angers d'une part, et viser une performance en play-off de l'autre.

Il n'a rien perdu de sa verve, pétille à tout bout de phrase et balance son avis d'une traite. Sans prétention mais avec le recul que lui autorise une carrière déjà longue, bien qu'il n'affiche que 27 printemps au compteur. "Après le dépôt de bilan en 91, je faisais partie des jeunes qui participaient à la reconstruction, encadrés par quelques anciens. Aujourd'hui, je reviens (après une année à Rouen) dans le rôle inverse : le club repart de presque zéro et moi, comme Benoît Bachelet, Bonnard et d'autres, sommes les anciens qui ont en partie la responsabilité de guider les jeunes". La liquidation en 99 est passée par-là, et les regrets affluent : "Je suis parti par la force des choses. Dommage car, avec l'équipe qu'on aurait eu l'an dernier, on aurait sans doute réalisé un beau truc".

C'est en Normandie que Benjamin rebondira finalement, chez ces Dragons qu'il avait déjà côtoyés en 95 : "J'ai hésité entre l'étranger et Rouen, mais là on me proposait un travail hors-glace très intéressant (adjoint à la direction d'un complexe sportif) qui a fait pencher la balance. Et puis, j'avais la confiance de Guy Fournier". Avec le coach canadien, il participe au début de saison en boulet de canon des Rouennais, et à l'essoufflement qui s'en suivit (finale de la Coupe de France et demi-finaliste). Aussi, à l'intersaison, il n'hésite pas : "Fournier voulait des Canadiens pour son équipe, et moi, j'ai l'âme alpine ! Les montagnes, le climat et le challenge à relever m'ont facilement aiguillé à nouveau vers l'Isère".

Pour autant, les retrouvailles avec ses Alpes chéries ne se déroulent pas dans la franche rigolade. Les résultats ne suivent pas, l'équipe peine à trouver ses marques... Pas de quoi tempérer l'optimisme de Benjamin : "Il vaut mieux commencer par perdre, pour savoir comment l'équipe traverse une période délicate. Car, lorsque, comme Rouen, on est dans une série ultra-positive et que survient la défaite, on est désemparé". N'allez pas pour autant croire qu'il ne troquerait pas la 6e position contre une positon de leader, mais l'expérience l'incite à voir plus loin que le résultat sec : "Par rapport aux autres équipes, nous avons l'avantage d'avoir l'équivalent de quatre lignes. Comme il fait froid à Grenoble, on a plus de plumes que les autres, c'est logique ! Plus sérieusement, en séries finales, quand les matches s'enchaînent, avoir un effectif étoffé constitue un atout de premier ordre. J'ai en plus l'impression que la concurrence est bien vécue par tous". Entre son année rouennaise et l'actuelle, Benjamin Agnel a non seulement mûri, mais affiche également un sens du but de plus en plus aiguisé. L'an passé, aux côtés de Besse et Genest, ou cette saison, avec Koïvisto, le voilà dans les hautes sphères du classement des buteurs. 9è au général, et surtout 4è pointeur français, derrière Maurice Rozenthal, Besse et Solaux ! "Ça ne date pas d'aujourd'hui, tient-il à souligner. Je me souviens avoir été le meilleur buteur français au tournoi préolympique des Jeux d'Albertville. A Grenoble, avec Arcangeloni et Bourgey, je marquais pas mal aussi. Mais tout est question de rôle sur la glace. J'ai parfois évolué sur des lignes à tendance "défensive" dont l'importance n'est pas soulignée sur une feuille de match. Et là, je me retrouve avec des responsabilités offensives. Mais je ne suis pas un buteur, comme un Podlaha ou un Koïvisto. Je préfère mille fois faire une passe à Rami, même si je suis aussi bien placé que lui face au gardien, car il a une sûreté de geste plus grande devant les cages".

Il n'empêche que le garçon présente un joli bilan. Associé ce soir à Pouget et Koïvisto, il devrait constituer une ligne-choc, "même si l'addition de trois individualités aussi talentueuses n'est pas forcément gage de réussite", tempère Fokine. Mais si Agnel poursuit sur cette trajectoire, les Brûleurs de Loups peuvent voir plus loin. A condition, d'abord, de ravir la 5e place aux Angevins. Première réponse ce soir.

Jean-Benoît Vigny

 

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