La nouvelle donne à l'épreuve
Article du Dauphiné Libéré (13 janvier 2001).
Avec un groupe au complet, Dimitri Fokine a désormais les moyens d'aligner ses meilleurs éléments. Si les deux premières lignes apparaissent relativement intouchables, les travail de l'entraîneur consistera à former son troisième bloc en vue des séries finales. Premier (gros) test de ce nouveau contexte, ce soir chez le leader.
Le coaching ? Bel anglicisme pour un Russe ! Pour la première fois de la saison en tout cas, Dimitri disposait de tous ses joueurs mardi. Dans un sport qui "consomme" énormément d'athlètes, voilà un beau paradoxe. Pas un malade, pas un blessé, pas un étudiant en instance de partiel, cette fois, l'entraîneur grenoblois a pu, et peut, faire des choix. Et quels choix ! Alors qu'il y a peu, il n'aurait pu que sermonner ses joueurs après un premier tiers aussi consternant du troisième bloc, il a non seulement asséné ses quatre vérités dans le secret des vestiaires, mais également fait des coupes sombres : quatre garçons ont fait les frais de leurs insuffisances pendant 20 minutes. "J'ai trouvé que le bloc, coupable sur les deux buts encaissés, jouait très mal, je l'ai donc modifié. Et même si les jeunes, qui j'ai donné une chance ensuite, ont également encaissé un but, ils ont au moins donné leur maximum et fatigué leurs adversaires (ndlr : avec de surcroît un but et une assist pour De Murcia, plus une passe pour Bergamelli). Ce qui laissait aux deux premières lignes plus de possibilités de trouver des espaces pour marquer". Sur ce match, Fokine a su tirer la quintessence de l'envie des habituels remplaçants. Mais le plus dur commence.
Car, si ce coup d'éclat lui vaut aujourd'hui des louanges, le voilà désormais face à un groupe où il devra gérer les rancœurs des uns ou l'incompréhension des autres. "Avoir autant de joueurs, c'est un bonheur pour le coach. Mais je sais qu'il va me falloir justifier mes choix à chaque fois, et faire preuve d'honnêteté. Ce soir à Rouen, par exemple, Lepers restera sur le banc mais je veux redonner une chance aux trois attaquants. En cas de nouvelle contre-performance toutefois, les jeunes rentreront encore".
L'exemple le plus frappant concerne évidemment Stépahane Gachet, sur la touche au premier tiers mardi. Amené à remplacer Christopher Lepers très décevant en ce début 2001, il signa le but final : "J'étais malade pendant quatre jours et je en pensais pas jouer. Mais Dimitri a voulu créer un électrochoc après la première période. S'il a été très positif, il nous faut désormais trouver une osmose pour mieux débuter les matchs et, en play-off, jouer 60'. Car si on commence un quart de finale aussi mal que mardi, ça sera très dur de revenir". Et le "sauveur" d'un soir de mettre le doigt sur le nœud du problème : "Avoir un groupe élargi est évidemment positif mais il faut le gérer de manière intelligente. En hockey, on a besoin d'automatismes. Et si, du fait que nous sommes aujourd'hui nombreux, on fait tourner tout le monde n'importe où et n'importe comment, ce ne sera pas constructif". Si l'on peut supposer que les deux premiers blocs ne bougeront plus, sauf blessure, toute la tâche de Dimitri Fokine concerne le troisième. Mardi soir, Marc Billiéras a certainement marqué des points, même s'il sera difficile de se passer de l'expérience de Deschaume. Sur les ailes, le "match" s'annonce très serré entre De Murcia (très efficace mardi) et Boccard d'une part, et Bergamelli et Carry de l'autre. On peut s'attendre par ailleurs à ce que Lepers et Borgnet se disputent le dernier poste de titulaire en défense.
Quelle que soit la composition ce soir à Rouen, Grenoble dois s'attendre à un accueil délicat. Privés de Patrick Rolland, qui se plaint d'une nouvelle douleur aux adducteurs (qui lui avaient déjà valu d'être absent en novembre), les Brûleurs compteront sur Arnaud Goetz, qui avait alors assuré un intérim plus que satisfaisant. En tous cas, pour rester à la 5e place, ou prétendre à la 4e, il faudra réaliser quelques exploits à l'extérieur. Autant commencer rapidement...
Jean-Benoît Vigny
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