Patrick Turcotte, le dévoué

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (1er février 2001).

Si le HC Mulhouse marche si fort depuis quelques saisons, il le doit en grande partie à son Canadien, Patrick Turcotte. L'homme, s'il est discret, est un élément très important de l'équipe. Portrait.

Six ans en France n'ont pas suffi à lui enlever l'accent caractéristique des Québécois. Une trace de son Canada natal pour celui qui s'est parfaitement intégré en Europe. Lui qui est arrivé en France par hasard - "Gap cherchait un attaquant et le bouche à oreille a amené un agent à me proposer à ce club" - est un habitué des voyages.

Hockeyeur rescapé

Il a quitté sa région natale à 16 ans, pour rejoindre les États-Unis. Il fait ses classes à Boston. Pour deux ans de high school et quatre dans une université de géographie-économie, où il a pu perfectionner son hockey tout en suivant son cursus scolaire. "La priorité était les études. L'université avait très bonne réputation pour ses cours, mais le niveau de hockey était moyen. Nous évoluions tout de même dans le championnat majeur. J'ai passé quatre années fantastiques, avec de super potes." Dont peu ont poursuivi leur carrière de hockeyeur. "J'en ai retrouvé un par hasard, en début de saison à Fribourg. Depuis, on a gardé de bons contacts." Mais, la page semble tournée avec le Canada. Même s'il songe à y retourner, une fois sa carrière terminée.

Le goût du sacrifice

Il est marié avec une Française et est papa. Ce qui fait qu'il s'est transformé en homme casanier. "Je ne sors pas beaucoup. Je leur consacre mon temps libre." Arrivé alors que Mulhouse évoluait en D2, il est un des cadres du groupe. Son président, Claude Bauer, le définit comme un homme tranquille, totalement dévoué à son équipe. Avec pour illustration les palets qui traînent et sur lesquels il n'hésite pas à se jeter, torse en avant, lors des infériorités numériques. "Ça fait mal sur le coup. Mais, on oublie vite la douleur", explique, modestement, Patrick. "J'ai cette habitude depuis longtemps. J'ai toujours admiré ces joueurs qui se donnent totalement."

Mulhouse, ville d'adoption

Il fait donc de même. Histoire de mettre ses actes en accord avec sa pensée. Lui qui a commencé le hockey sur le tard - à 6 ans - en suivant ses cousins plus âgés, a changé d'univers en arrivant en Europe. "C'est totalement différent. Le jeu est moins physique, les patinoires plus petites." Autre changement notable : les relations avec les arbitres. "En Amérique un dialogue s'instaure avec l'arbitre. Ici c'est une relation d'autorité." Autant de choses qui ont compliqué son adaptation. "Il n'y avait que deux étrangers à Gap. On avait une énorme pression sur les épaules. Ici, on est plus nombreux, c'est différent." Mais, il garde un bon souvenir de sa première expérience française. Avec, notamment, une saison en Élite, avec Gap.

Petit et puissant

"On a pris quelques belles gifles, mais l'ambiance était bonne." Des problèmes financiers au sein du club, et le congé parental dont bénéficiait son épouse, l'ont poussé à tenter sa chance ailleurs. "Mulhouse offrait des garanties, sportivement et financièrement." Il ne semble plus vouloir en partir. Régulier et buteur hors pair, il avoue quelques problèmes de concentration : "Par moments, je déconnecte complètement." Relativement petit (1,73 m) il est, toutefois, très puissant et assez rapide. S'il s'entend avec tous, il fréquente beaucoup Tommy Flinck à la ville. Et cela se ressent sur la glace. "C'est vrai, on a plein de points communs. On se voit beaucoup hors de la glace, on va jouer au golf..." De quoi lui donner envie de rester encore de longues années. Surtout si le HC Mulhouse passe en Élite.

Gérald Husser

 

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