L'homme de l'ombre

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (8 février 2001).

Comme dans tous les sports, le hockey sur glace compte ses joueurs de l'ombre. Des joueurs que l'on ne voit pas beaucoup, mais contribuent grandement aux succès. Thomas Duménil est de ceux-là.

Demandez aux fans le nom de joueurs du HC Mulhouse, ils vous citeront Flinck, Konstantinidis, Trébaticky, Faith... Naturellement, que des attaquants. Et Thomas Duménil est défenseur. Donc moins exposé aux flashs des photographes. Pourtant, il a débuté comme attaquant. Mais, à onze ans, plus grand que les autres, il a été prié de passer en défense. Il s'est exécuté. Sans amertume.

Débuts par hasard

C'était à Rouen, club où il a débuté et effectué la plus grande partie de sa carrière de hockeyeur. De ses débuts à quatre ans, il n'a plus que de vagues souvenirs. Mais, il se souvient avoir débuté un peu par hasard. "J'avais un oncle qui travaillait au Canada et qui, un jour, m'a offert une paire de patins." Le sport lui plaît mais il ne s'y consacre pas totalement. "Je faisais aussi du foot et du tennis. Les trois à la fois, plus les cours, ça commençait à peser." A treize ans, il choisit le hockey. Il reste à Rouen, progresse rapidement, évolue avec les juniors du club, avant de se voir propulser en senior. Là aussi, un peu par hasard. "On m'a proposé de passer pro vers 17, 18 ans. Tout s'est passé assez rapidement."

Thomas, l'international

Thomas poursuit son bout de chemin et est retenu en équipe de France juniors (20 ans). Il suit les stages de préparation puis participe aux championnats du monde, qu'il termine sur le podium, à la 3e place. Tout se déroule idéalement, jusqu'à une grave blessure au genou. Contractée paradoxalement hors d'une patinoire. "C'était le lendemain d'un match. Une petite rencontre de foot avec des copains, et le genou qui lâche subitement..." Le verdict est sans appel. Ligaments et ménisque touchés, l'opération est inévitable. Elle se passe bien mais l'indisponibilité est longue. Il devra patienter du 15 octobre à la mi-avril pour remonter sur la glace.

Repéré à Épinal

Il éprouve, alors, des difficultés pour retrouver un temps de glace acceptable à Rouen... qui a appris à faire sans lui. Thomas choisit donc l'exil. A Épinal, d'abord, où il effectue une "pige" d'un mois et demi, de novembre à décembre. Il rencontre Mulhouse et s'incline 4-11. Mais, il tape dans l'œil des Mulhousiens. Claude Bauer parvient à le convaincre de poser ses valises en Alsace. C'était en début de saison passée. Aujourd'hui, il se sent bien au HCM. "Le club est sérieux et si l'on veut de moi, je suis prêt à rester longtemps." Après une première saison en position d'arrière offensif, il a été repositionné en pur défenseur avec l'arrivée de Martin Roh. "On apprend beaucoup avec lui. Des petits trucs qui font la différence."

Toujours là

Des trucs qui lui permettent d'améliorer son niveau. En attendant de faire le deuil de sa blessure. Trois ans après, il évolue toujours avec une attelle qu'il espère pouvoir enlever la saison prochaine. "Je n'ai plus l'appréhension que j'avais les trois mois qui ont suivi mon retour. Mais, j'attends d'être totalement rassuré avant de l'enlever." Sa nouvelle position lui donne moins l'occasion de monter près des buts adverses. Sa moyenne de points s'en ressent. Et les spectateurs entendent moins parler de lui. Même s'il est toujours là.

Gérald Husser

 

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