Quel gâchis !

 

Article de L'Alsace (16 avril 2001).

Pour la deuxième année consécutive, Mulhouse a laissé filer le titre de champion de France de hockey sur glace de N1, en l'occurrence Villard cette saison. Les regrets sont énormes.

Bien organisés sur la glace durant deux périodes comme peut-être ils ne l'ont jamais été cette saison, les Scorpions se sont effondrés lors de l'ultime tiers temps de la saison samedi à Villard-de-Lans. À l'image des absences qu'ont connues les Scorpions en play-offs. Attentistes dans leur moitié de glace, ils ont laissé filer un titre de champion de France qui leur semblait promis à la fin de la deuxième période. A 2-3, les Haut-Rhinois possédaient en effet deux buts d'avance sur les Isérois (aller : 3-2). Incapables de couper l'élan des Isérois en zone neutre, les Mulhousiens ont subi la déferlante des attaquants bleu et jaune. Devant plus de 2.000 supporteurs, Bellemare et Beaudin s'en sont donné à cœur joie au sein d'une défense alsacienne laissant Neckar en pâture aux affamés Villardiens pour clore samedi la rencontre sur un cinglant 7-4. Du côté de la défense, Thomas Duménil ne peut que confirmer : "on a manqué d'agressivité, quand eux en ont plus voulu. Surtout dans la zone neutre et ils arrivaient alors très vite sur la cage." D'ailleurs, la colère du président du HCM, Claude Bauer, ne retombait pas près d'une heure après la fin de la rencontre : "Je suis fâché de la manière dont a perdu". Si les joueurs s'en voulaient après le match, Arnaud Vaillant, le capitaine des Scorpions est plus fataliste. "Ce n'est pas la faute d'une lacune physique ou de l'envie de gagner qu'on avait autant qu'eux mais pendant dix minutes nous n'avons pas réussi un shoot sur le gardien. Au début du troisième tiers, on ne bougeait pas. On n'a pas eu le palet, on courait après. On n'a même pas pu tenter des choses". La différence s'explique notamment par le fait que Villard avait son entraîneur sur le banc, capable de recadrer ses joueurs aussitôt que le besoin s'en faisait ressentir. Le Canadien Dennis Murphy a su redonner une vigueur à son équipe, légèrement abattue à l'issue de la deuxième période, grâce à l'entrée de ses juniors, tout d'abord dans les cages avec Nogaretto à la place de Favarin et en attaque avec Cruz, Pereira et Fontanel.

Le premier des play-offs sacré

L'entraîneur-joueur des Scorpions, Marius Konstantinidis, souligne pour sa part le problème d'effectif. "Nous avons très bien joué pendant deux périodes. Mais nous avons perdu beaucoup d'énergie sur les infériorités numériques du deuxième tiers. Quand Juraj a marqué le quatrième but, c'était encore du 50/50, mais après on était fatigué. On a joué avec 13/14 joueurs cette saison, le hockey ne marche pas comme ça". Il est vrai que Mulhouse était aussi venu à bout d'une équipe d'Epinal en manque d'hommes frais, avec un blessé (Haapasaari) et un absent pour cause de mondial (Kozlov). La finale du championnat de France a tout de même permis de constater que les deux meilleures équipes de Nationale 1 étaient bien Villard et Mulhouse. Marius Konstantinidis aime d'ailleurs à rappeler : "c'est dur à dire, mais je félicite Villard car c'est une bonne équipe qui a rempli le rôle de favori que je lui avais donné en début de saison." D'ailleurs les trois derniers champions de France confirment la statistique : le premier des play-offs est sacré. Une logique implacable ! La seule satisfaction de la saison est de voir Mulhouse avoir mieux défendu ses couleurs que l'an passé où deux défaites (6-8 et 12-4) avaient sanctionné Mulhouse face à Brest contre une victoire (3-2) et une défaite (7-4) cette saison. Mais les Mulhousiens peuvent ronger leur frein d'avoir laissé passer leur chance une deuxième fois. La seule consolation, que les Scorpions peuvent avoir, vient paradoxalement de Villard-de-Lans. Les hockeyeurs du Vercors ont en effet attendu leur premier titre de champion de France pendant ? 70 ans.

Gilles Legeard

 

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