Perez : "Pourquoi je pars"

 

Article de Sud Ouest (1er août 2001).

Avant de quitter Anglet pour Amiens, le défenseur international a souhaité s'expliquer sur les raisons de son départ. Il n'est pas tendre.

SUD OUEST - Vous aviez prévu de finir votre carrière à Anglet, vous voilà reparti. Pourquoi ?

DENIS PEREZ - En venant à Anglet, j'avais effectivement décidé de poser enfin mes valises et de terminer ici une carrière bien remplie. Mais les évènements de cette année en ont décidé autrement. Le constat, à la fin de cette seconde saison sous le maillot de l'Hormadi, c'est qu'il m'était impossible de travailler avec l'entraîneur actuel, Karlos Gordovil. J'en avais prévenu les dirigeants et je n'étais pas seul dans ce cas, puisque quatorze autres joueurs avaient manifesté leur souhait de changer de coach. A partir de là, le conseil d'administration a fait un choix, il a décidé de conserver l'entraîneur et de désavouer toutes les voix qui s'élevaient contre lui. Pour moi, la conséquence était claire : je n'avais plus qu'à partir. En définitive, en raison de mon désaccord, on m'a licencié.

S-O - Vous êtes très critique à l'égard du coach. N'est-ce pas un peu exagéré ?

D.P. - Je n'ai rien contre l'homme, qui a au demeurant beaucoup de qualités. Mais j'estime qu'à notre niveau professionnel, il y a trop de manques pour réussir sur le plan sportif. Manque d'entraînement, manque tactique, manque technique, manque de discipline. Les joueurs ont à de maintes reprises essayé de provoquer une discussion pour résoudre ces problèmes, mais en vain. Le divorce a été consommé à Reims, avec la décision du groupe de ne pas jouer le match. Ce jour-là, Karlos nous a lâchés ! Même si la décision n'était pas idéale, elle engageait tout le monde et l'équipe entière devait s'y tenir, par solidarité. Ce que je constate aujourd'hui, c'est que douze joueurs ont préféré partir ailleurs plutôt que de prolonger l'expérience. Certains sont restés malgré tout, en privilégiant leur contrat. C'est un choix qui leur appartient, mais il leur sera difficile de se battre pour un entraîneur qu'ils ont dénigré jusque là.

S-O - On ne peut tout de même pas enlever au technicien responsable de l'équipe un rôle dans le titre de vice-champion de France ?

D.P. - Pour en arriver à ce niveau, il a fallu une très bonne entente entre les joueurs, une confiance et une soif de vaincre infaillibles. Cette alchimie a réellement existé entre nous. C'est une véritable chance que l'on ne peut prétendre recréer avec n'importe quelle équipe. Sans cette sorte de magie, qui fait que chacun de nous a pu se transcender, nous n'aurions pas pu atteindre la finale, peut-être même pas la demi-finale. Mais les joueurs, extrêmement soudés, ne pensaient qu'à une chose : gagner. C'est ce qui a fait leur force. C'est pourquoi aussi je ne peux admettre des allusions sur le fait que les fameux "mutins" étaient des joueurs moyens ou bien qu'ils n'avaient plus le niveau pour continuer à l'Hormadi. La réalité, c'est qu'il aurait fallu respecter la logique, et la logique, c'est qu'il fallait préserver cette équipe vaillante et honnête.

S-O - Cette amertume ne cache-t-elle pas certains regrets ?

D.P. - Oui, car ce qui s'est passé, ce n'est rien d'autre qu'un énorme gâchis. Il y avait un groupe extraordinaire que l'on ne peut que regretter. L'Hormadi 2001 a été unique, cela aura été un grand cru. Maintenant qu'on a tout démoli, je souhaite bien du courage pour la reconstruction. En ce qui me concerne, je sais aussi qu'il convient de ne pas se laisser abattre, car chaque expérience difficile amène son lot de victoires et de fierté. J'estime que je sors la tête haute de ce combat contre l'incohérence. J'ajoute aussi que je serai heureux de venir jouer devant le public angloy l'année prochaine. Il peut compter sur moi, comme sur quelques autres jeunes anciens, pour mener la vie dure à la nouvelle équipe de l'Hormadi.

S-O - Sur un autre registre, êtes-vous satisfait de signer chez les Gothiques d'Amiens ?

D.P. - Sur le plan sportif, c'est une excellente chose. Amiens visera le podium cette année, après une saison ratée, alors qu'elle figurait au départ parmi les favoris pour le titre. Pour moi, c'est aussi un excellent moyen de rester physiquement et psychologiquement prêt en perspective des jeux olympiques de 2002. En allant à Amiens, je pourrai continuer d'agir comme je l'ai toujours fait, à savoir être exigeant envers moi-même, travailler dur pour donner le meilleur et, puisque le hockey est un sport d'équipe, être en harmonie avec mes coéquipiers et l'entraîneur.

S-O - Et sur le plan personnel ?

D.P. - Là, c'est une autre histoire. Ce n'est pas ce qui était prévu et pour ma famille c'est plutôt un crève-cœur. Comme je l'ai dit, j'étais venu à Anglet pour y finir ma carrière, m'y établir définitivement et envisager une reconversion dans un poste de manager du club. Si je pars, ce n'est donc pas un coup de tête, mais une décision mûrement réfléchie. Je le répète, il ne m'était plus possible de continuer dans les conditions annuelles. Amiens, c'est une destination sportive de fin de carrière, mais je n'envisage pas de m'y installer durablement. Je pense au contraire revenir ensuite au Pays Basque. Le contrat que je vais signer chez les Picards porte sur une ou deux saisons, ce n'est pas encore clairement décidé, mais je prévois de toute façon un retour ici, à l'issue de cette période. Ce sera sans doute pour y poursuivre un projet que j'avais déjà imaginé par le passé, en l'occurrence m'occuper d'un camping.

Propos recueillis par Philippe Hemmert.

 

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