Sous l'œil avisé de Pierre Pagé

 

Article de La Nouvelle République (12 octobre 2001).

L'ancien entraîneur de Calgary, Denver, Québec et Anaheim en NHL, est actuellement à Tours pour suivre les troupes de son ami Robert Millette.

Discret mais impatient, comme les enfants dans les vestiaires où il se trouve, là, en train de chausser ses patins tandis que Robert Millette parle à ses hommes dans la pièce d'à côté, le Canadien Pierre Pagé attend le début de l'entraînement des Diables Noirs.

Son visage n'est pas vraiment connu en France. C'est pour ça que les gamins et les joueurs qui croisent son regard sont à mille lieues de se douter de sa personnalité. Et pourtant, s'ils savaient...

Pagé est un grand. Un grand monsieur du hockey qui a officié pendant près de vingt ans sur les bancs des plus prestigieuses équipes de la NHL. A Calgary pour commencer (1980 et 1981), âgé seulement de 24 ans, aux côtés d'Al McNeil qui avait remporté, trois ans plus tôt, la coupe Stanley avec les Canadiens de Montréal.

Puis à Denver (1983 à 1984) à nouveau à Calgary avec qui il échoua en finale de la coupe Stanley face à Montréal (1985), puis les North Stars du Minnesota (1988 à 1990), les Nordiques du Québec (1990 à 1994), une nouvelle fois à Calgary (1995 et 1996) pour finir à la tête des Mighty Ducks d'Anaheim (1997 et 1998).

De fait, il a coaché les plus fameux joueurs du monde, dont le "métronome" Joe Sakic, à l'époque chez les Nordiques, qui, l'an passé, avant de remporter la finale de la coupe Stanley avec son équipe du Colorado Avalanches, affichait un compteur de 54 buts et de 64 passes en saison régulière, contre 9 buts et 8 passes en play-offs.

Première visite en France

Pierre est aujourd'hui consultant. Après deux années passées en Suisse comme entraîneur général d'Ambrì-Piotta, il a décidé de raccrocher pour se consacrer uniquement à l'observation, au conseil. Il travaille pour la NHL, l'Allemagne, la Suisse, l'Angleterre... mais pas la France.

C'est ce qui rend sa venue à Tours quasi exceptionnelle. "Je n'ai jamais vu un match de championnat ici" raconte-t-il. "Je connais les joueurs de l'équipe de France mais pas la base (NDLR : son élève d'antan (Calgary) est devenu son ami le jour où ils se sont retrouvés pour travailler ensemble à Ambrì-Piotta). Il m'a demandé de venir et je vais rester ici jusqu'à dimanche. On va regarder ce qui s'y passe ensemble."

Car l'homme, à l'instar de son modèle Scott Bowman (67 ans), le plus titré des entraîneurs de la NHL et coach des Detroit Red Wings, "qui peut vous appeler à trois heures du matin, partout dans le monde, toujours à la recherche d'une solution", défend une certaine philosophie de son métier.

"C'est toujours très bon pour un entraîneur de discuter avec les autres pour trouver des solutions, indépendamment des joueurs qu'il a", précise-t-il. "Le problème est que la plupart d'entre eux ont peur d'échanger leurs idées parce qu'ils pensent que leurs petits trucs sont des secrets. C'est très mauvais. Au contraire, il faut encourager le 'networking', à travers différents niveaux, différentes ligues, différents pays."

Pagé prône l'internationalité, ravi de découvrir la première division avec l'ASGT et ses nombreux étrangers. "On y voit du talent et cela confirme ce qu'on m'a déjà dit: c'est une bonne ligue", conclut-il. "Il n'y a pas de limite pour engager des joueurs européens et le marché est vraiment ouvert. C'est cela qui est bon. Il faut en profiter."

Parole d'expert.

Julien Mallet

 

 

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