Gilbert Lefrançois : "Le Canuche".

 

Article de La Nouvelle République (30 novembre 2001).

Ses équipiers le surnomment "Gilou le Canuche". Canadien comme Bob Millette, Gilbert Lefrançois s'est vite imposé comme l'une des valeurs sûres des Diables Noirs. A son actif, déjà cinq buts, cinq assistances et d'innombrables mises en boîte.

A la batte de base-ball, il a préféré le bâton de hockey. Non pas parce que son père était gardien de but, mais parce qu'au Canada, les bébés naissent pratiquement tous avec une crosse et des patins.

A 20 ans, Gilbert Lefrançois a quitté son Québec natal pour tenter l'aventure en France, après quatre saisons passées dans la Ligue Junior Majeure du Québec (LJMQ), une pépinière dans laquelle la prestigieuse NHL vient régulièrement chercher de nouveaux talents.

Nouvelle République : Comment cela se passe-t-il depuis votre arrivée à Tours, cet été ?

Gilbert Lefrançois : L'acclimatation s'est faite plus vite en dehors de la glace. Je pensais mettre plus de temps à m'adapter au style de vie, à la nourriture. Mais ma copine, ma soeur, ma mère sont déjà venues ici et mon père doit venir me voir. Je n'ai pas vraiment eu le temps de m'ennuyer. Tout le monde profite de ma situation pour découvrir la France et, moi, j'en profite pour visiter la région.

N.R.: Pourquoi avoir quitté le Canada et la pépinière qu'est la LJMQ ?

G.L.: Cela s'est fait rapidement. Le problème, c'est que, dans la LJMQ, les équipes n'ont le droit de garder que trois joueurs de 20 ans. Or, dans mon club, on était huit ou neuf dans ce cas-là. A l'époque, je n'avais que deux solutions : soit répondre à l'offre d'une équipe du Nouveau Mexique, aux Etats-Unis, soit rester junior et tenter ma chance à un niveau inférieur. L'aventure américaine me plaisait bien mais je n'étais pas vraiment sûr de jouer autant qu'ici. L'atmosphère y aurait été différente.

N.R.: Et pourquoi Tours plutôt qu'une autre équipe française ?

G.L. : Cela a été mon premier contact. Les équipes de D1 marchent beaucoup par contact. Le seul que j'avais en France remontait à l'année où j'avais rencontré Claude Devèze au Québec, alors qu'il était capitaine à Nantes. C'était il y a deux ans. On ne s'est jamais rappelé. Quand Bob m'a appelé, je suis tout de suite allé sur Internet pour savoir où Tours se situait. J'ai vu que c'était une assez grande ville, dans une belle région et pas trop loin de Paris. Je n'avais pas envie de me retrouver dans un petit village de montagne.

N.R.: Un mot sur le niveau de jeu ?

G.L.: J'étais loin de me douter que le championnat serait aussi intéressant. Tout le monde parle de l'Elite, mais la D1, c'est pas mal non plus. Là au moins, le public ne risque pas de se lasser de voir tout le temps les mêmes équipes jouer l'une contre l'autre. En revanche, cela joue beaucoup moins physique que chez moi. Cela a vraiment été un choc pour moi au début. Quand je mettais une bonne boîte, l'arbitre me disait que c'était une charge illégale alors que, pour le même contact au Québec, tout le monde m'aurait applaudi. Quand ça fait plus de 6 ans que tu joues comme ça, c'est très difficile de s'adapter. Mais aujourd'hui, je le prends comme une bonne expérience et je transfère mon énergie ailleurs, soit en marquant un but, soit en frappant légalement.

N.R.: Vous avez tout juste 20 ans et vous avez laissé vos études en suspens. Vous voulez faire du hockey votre métier ?

G.L.: Je ne sais pas. Pour l'instant, je vis au jour le jour et compte bien vivre pleinement cette saison avant de parler d'avenir. C'est pour ça qu'avant de partir, j'ai prévenu ma famille que je m'en allais soit pour un an, soit pour quinze ans. Vous savez, il suffit d'une mésentente avec l'encadrement pour que le hockey vous tourne le dos rapidement. Je ne me fais pas d'illusions. C'est aussi pour cela que je prépare actuellement un brevet d'Etat d'éducateur sportif avec Jérôme Othon et Olivier Vandecandelaere.

N.R.: Pour conclure, comment voyez-vous la 2e phase du championnat ?

G.L.: Cela se présente assez bien. On a joué tout un tas de matchs durs à l'extérieur, comme Villard, Saint-Gervais, Megève qui vont donner de beaux matchs retour chez nous. On connaît nos forces, nos faiblesses et on ne fait plus de complexes envers personne. Je pense qu'on a les moyens de finir dans les 6 premiers. A condition de ne pas nous asseoir trop vite sur nos lauriers.

Propos recueillis par Julien Mallet

 

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