L'exemple bordelais

 

Article de Sud Ouest (4 janvier 2002).

La patinoire de Mériadeck s'en souvient encore. C'était à la fin de la saison 1995-1996, les Dogues de Bordeaux recevaient Lyon pour arracher leur billet pour l'Elite devant 4 000 passionnés. Douze buts, une victoire 7-5 et les hockeyeurs locaux gagnaient le droit de patiner avec le gratin national. L'aventure n'allait durer que deux saisons.

En octobre 1998, le refus de la mairie de soutenir le projet financier des dirigeants causait la perte du club et un retour en D3 (quatrième échelon). Comme en juin 1992, quand un dépôt de bilan avait déjà mis fin à la grande époque marquée par la quatrième place nationale. Ainsi va la vie du hockey bordelais, depuis une décennie. Ici, on peut parler longuement des errements de la fédération et des difficultés de faire vivre un club de hockey sur glace au plus haut niveau. "On a essayé de faire quelque chose de cohérent, se souvient Joël Labatut, ancien président qui a participé à la création de la ligue Elite avec notamment Bounoure (Brest) et Marcelle (Reims). On avait une équipe de joueurs qui s'entendaient bien, qui mouillaient le maillot, une des plus belles patinoires de France, trois mille spectateurs de moyenne. En deux ans, on a attiré une soixantaine de petits sponsors. Mais on dérapait, on n'avait plus le budget pour tenir en Elite. Pour avoir des clubs structurés, il faut une fédération forte, assez crédible pour séduire la télévision nationale. L'équilibre d'un club sportif : c'est un tiers du budget qui provient des subventions, un autre du sponsoring et le dernier des recettes. Dans les conditions actuelles du hockey français, c'est impossible : les clubs de l'Elite ne tiennent que par les villes."

Jean-Michel Raison s'en est rendu compte. Ce passionné, qui a pris la tête du club bordelais (devenu les Boxers) en début de saison, bénéficie ainsi du soutien de la mairie pour le budget des déplacements, secteur qui a coûté la santé financière à nombre de clubs français. "Dans notre groupe, on a Chamonix, Toulon, Morzine... Pourquoi nous avoir placés avec eux ? Encore une aberration de la fédération." Pour éviter de s'effondrer, le président a donc basé sa politique sur la rigueur : un démarchage appliqué des sponsors, un effectif 100 % amateur, jeune (22 ans de moyenne d'âge) et issu de la formation locale. Objectif : stabiliser le club et atteindre la D1 dans les trois ans. "Mais pas plus haut. L'Elite, je n'y crois pas. Ils sont sept, mais je ne serais pas étonné s'ils finissaient la saison à cinq. Pour survivre, il faut faire des choses simples : des divisions à quinze clubs à budget limité, avec deux montées, deux descentes. Mais je me demande si les dirigeants actuels en sont capables..."

Nicolas Le Gardien

 

Retour aux articles de janvier 2002

Retour à la liste des articles