Ils n'ont plus rien à prouver

 

Article de la Nouvelle République du Centre (15 janvier 2002).

Quand Bob Millette a annoncé qu'après les fêtes son équipe se battrait pour être quatrième, personne n'a osé le croire. Mais aujourd'hui, c'est fait.

Franchement, là, il y a largement de quoi être bluffé. Alors que le spectacle a eu souvent tendance à déborder dans les tribunes, juste derrière le banc de Saint-Gervais, calmement, patiemment, les Diables Noirs sont restés concentrés et appliqués jusqu'à la sonnerie finale.

Et tandis que, dans l'anonymat le plus parfait, Pulscak, Simak, Skokan et Supuka, héros vidés par les efforts qu'ils ont dû fournir pour combler l'absence de leurs camarades punis en prison, récupéraient, Bob Millette répondait aux questions de l'ASGT dans le salon VIP.

Force est de constater, que la machine, celle-là même qui remplit tous les soirs la patinoire, est bien rodée. N'en déplaisent à ceux qui, il y a quatre mois, refusaient à l'entraîneur canadien le droit de croire en la renaissance du hockey tourangeau. Son pari est réussi. Grâce à ce dernier succès sur Saint-Gervais (9-2), Tours, qui n'a perdu qu'une seule fois lors de ses onze dernières rencontres, occupe désormais la quatrième place (18 points) derrière les grosses écuries que sont Villard-de-Lans (26), Dijon (22) et Strasbourg (21). Et peut donc envisager l'avenir avec sérénité.

Cependant, en fouillant bien, on s'aperçoit qu'il manque un tout petit quelque chose au tableau pour qu'il soit parfaitement idyllique : une certaine forme de reconnaissance.

"On gagne, on fait du spectacle. Que faut-il faire de plus pour convaincre les gens" s'interroge Bob Millette en regrettant que Jean Germain ne se soit pas encore déplacé à la patinoire. "Quand on arrive encore à faire le plein dans les gradins les soirs de match du TFC et du TVB, cela veut bien dire qu'il se passe quelque chose. On est en train de créer une âme, une famille à l'ASGT. J'aimerais bien que le maire vienne voir comment les jeunes se battent ici pour défendre la maillot de Tours".

Et ce, même si, comme il lui a été souvent reproché, l'effectif tourangeau est composé de nombreux étrangers. "Il faut qu'on arrête avec ça" insiste Millette. "Je regrette mais je suis allé au foot, au rugby, au volley. J'ai vu ce qui s'y passait. Là aussi, il n'y a pas beaucoup de joueurs nés ou formés à Tours."

Les Diables Noirs, eux, ne s'en plaignent pas. Tout le monde est parfaitement bien intégré. Français, Tchèques, Slovaques, Canadiens et Américains choisissent ou bien la langue de Molière, ou bien celle de Shakespeare pour se parler. Et bien qu'ils ne se connaissent que depuis peu de temps, sur la glace, ils savent se trouver.

Le seul petit regret, en fait, est que les anciens juniors du club, les Béry, Cler, Laurier et autre Othon, ne soient pas plus souvent lancés dans l'arène. Mais le niveau par rapport à ce qu'ils ont connu jusque là est tellement relevé qu'il y a, aujourd'hui, un palier difficile à franchir.

"J'ai vraiment cru quand il a commencé à regarder tout le monde sur le banc qu'il allait nous faire rentrer" conclut pourtant Damien Béry (18 ans). "Mais Bob a estimé que ça tapait trop dur. Dommage, car je me sentais prêt physiquement. J'attends les matchs contre des équipes comme Gap ou Cergy pour avoir un peu plus de temps de glace." Patience.

 

Retour aux articles de janvier 2002

Retour à la liste des articles