Comme un goût d'inachevé

 

Article de la Nouvelle République du Centre (28 janvier 2002).

Gâchée par un trop grand nombre de pénalités, la grande fête tant attendue n'a pas eu lieu. Tours et Villard-de-Lans ont mis plus de deux heures trente pour se neutraliser.

Les crosses levées vers le ciel, les Diables noirs saluent leurs supporters. Il est 23h35. Le match qui aurait normalement dû s'arrêter trois bons quarts d'heure plus tôt, vient juste de se terminer. Les joueurs, le public, tout le monde est lessivé. Les gradins se vident. Les résultats des autres équipes tombent. Strasbourg s'est incliné à domicile face à Megève (4-7), Epinal a battu Dijon (5-3) et Besançon s'est tranquillement débarrassé de Gap (5-3) : grâce au nul qu'elle vient d'arracher (1-1), l'ASG Tours monte sur la troisième marche du podium, à égalité de points avec Strasbourg et Epinal. On se félicite, on se congratule, on saute de joie... mais quelque part, on n'oublie pas.

On n'oublie pas ce dernier palet de Skokan (59'58) passé à quelques centimètres des cages de Pascal Favarin et qui, s'il était rentré, aurait permis à Tours de réussir le hold-up parfait. Comme on n'oublie pas que le spectacle auquel on vient d'assister aurait pu être d'une tout autre classe si Picha (3'), Lefrançois, Goldman, Sylvia et Kolu (19') n'avaient pas été priés de rejoindre les vestiaires avant la fin du premier tiers.

L'affiche était superbe mais faute de voir une vraie partie de hockey, avec ses jeux de passes, ses changements de ligne, on a assisté à un vieux match à l'ancienne, viril, engagé et complètement haché. Entre les expulsions (20'), les pénalités majeures (5') et celles de méconduite (10'), les deux équipes n'ont, en effet, jamais pu s'exprimer à armes égales et se sont fait piéger sur des situations d'infériorité numérique. A trois contre cinq pour Tours (28'), suite aux pénalités sifflées contre Vandecandelaere (2' + 10') et Hiadlovsky (2'). A quatre contre cinq pour Villard (52'30) sur une prison de Girard (2').

C'est pourquoi, au final, on retiendra plutôt que Bob Millette, qui n'avait pas souvent eu recours à Renou, Laurier, Cler et Othon, jusque là, s'est enfin résolu à utiliser tout son banc, et que, malgré le peu de temps de glace chacun, ils ont parfaitement rempli leur contrat.

Les Diables noirs peuvent quant à eux se targuer de ne pas s'être laissés impressionner par le leader, champion de France sortant, et de n'avoir toujours qu'une seule défaite à leur compteur depuis la cinquième journée. Une pour quatorze rencontres en comptant le premier tour de la Coupe de France. Reste à savoir comment les joueurs peuvent physiquement sortir indemnes d'un tel combat pour affronter Anglet (élite) demain en Coupe de France, et se rendre à Dijon (2ème), samedi prochain. D'autant que, pour l'un ou l'autre match, ils devront très certainement se passer de Goldman et Lefrançois.

 

"Un match de tranchées"

Bob Millette : "Faire un match contre le champion de France avec trois gars en moins, et pas des moindres, avant la fin du premier tiers, ça, c'est un exploit. Le match était chaud mais on ne s'est pas laissé impressionner par notre adversaire. Et puis, j'ai mis tous mes jeunes dans l'eau chaude alors que je ne pensais vraiment pas les mettre là. Félicitations, ils ont fait leur boulot. Cela prouve qu'on a encore du caractère".

Gilbert Lefrançois : "Cela a été plus épuisant d'être sur l'estrade que sur la glace. Je tire mon chapeau au reste de l'équipe pour ce très bon match nul. Cela prouve qu'avec l'effectif qu'on a, au complet, on est capable de battre n'importe qui, n'importe quand. Je félicite aussi le public pour son soutien et j'espère qu'il sera aussi nombreux, mardi soir, pour notre match de Coupe de France".

François Gleize : "C'était un match de tranchées. On savait qu'ils allaient faire un ménage énorme devant leur gardien mais quand tu n'as plus de jambes, ni d'oxygène dans le cerveau, tu ne penses pas. Paul a eu quelques shoots, Norbert et moi, pas un seul. On a fait que défendre. Mais au final, cela fait bien plaisir car il ne nous reste plus que Megève et on aura accroché toutes les équipes cette année".

Olivier Vandecandelaere : "Cela a été un gros match physique mais tout le monde a bien su gérer son effort, avec les jeunes qui se sont donnés. On ne voulait pas perdre. Maintenant qu'on a réussi à les épingler, eux aussi, il va falloir faire attention à ne pas se faire taper par les petites équipes du style Gap ou Cergy".

Dennis Murphy, l'entraîneur de Villard-de-Lans, n'a pas souhaité s'exprimer. Puis il s'est ravisé pour dire qu'il n'avait jamais vu d'équipe qui "frappe et donne autant de mauvais coups de crosse" que Tours.

Julien Mallet

 

Tours - Villard-de-Lans 1-1 (0-0 ; 0-1 ; 1-0).
Arbitres : MM. Hurth, Parent, Louazel.
Buts pour Tours : 52'30" Pulscak.
Buts pour Villard : 27'53" N. Favarin (Bourgey).
Pénalités à Tours : 112' dont 3 x 20' (Picha à 2'10", Lefrançois et Goldman à 18'53").
Pénalités à Villard : 97' dont 2 x 20' (Sylvia et Kolu à 18'53").

 

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