Une maladie chronique

 

Article de L'Est Républicain (21 février 2002).

Interview de M. Maurice (Président de l'IC Epinal)

Le parcours en dents de scie d'Epinal vous inquiète ?

Inquiétude n'est pas le mot. Disons que ça m'irrite. Je serais inquiet si je ne connaissais pas le potentiel que possède cette équipe et les choses qu'elle a su montrer. Ce qui se passe chez nous, c'est un peu une maladie chronique. C'est d'être capable de faire un bon match et dès que c'est fait, de retomber dans la facilité.

Dunkerque aurait dû être l'occasion d'un nouveau rebond ?

C'est ce que tout le monde pensait, y compris les joueurs qui ont considéré qu'ils partaient pour un match facile. Ce qui s'est passé à Dunkerque les rend coupables de n'avoir pas su respecter l'adversaire. Et de ne pas avoir su respecter tous ceux qui sont derrière eux. Dirigeants et public. Quelque part, tant mieux que cela arrive maintenant s'il y a une réaction derrière.

Le constat principal, c'est que les étrangers, notamment en attaque, ne donnent pas le rendement qu'on attend d'eux.

C'est clair. Et là, je suis comme beaucoup, je m'interroge. Comment peuvent-ils être aussi peu performants alors qu'ils sont capables de faire des trucs bien ? On l'a vu. Sur le papier, on disait qu'Epinal était bien au-dessus des autres avant de commencer la saison. Maintenant, on se dit qu'avant de faire des calculs, il va falloir déjà penser à se qualifier pour les play-off.

Vous envisagez des parades ou des sanctions ?

Je suis allé leur dire certaines choses dans le vestiaire la semaine dernière, je pensais que je n'aurais pas à y retourner chaque fois. Mais je vais encore y aller ce soir (lire hier). Je visionne bien ce qu'ils ont fait depuis qu'ils sont là, mais je ne regarde qu'une chose : la courbe de rendement. Si elle baisse, c'est comme dans le business, ce n'est pas bon ! Alors, elle remonte ou alors, c'est salut ! Ca ne me gêne pas s'il faut changer tout le monde. Je vais leur dire qu'à Epinal, il n'y a pas de fauteuil doré. Pour personne. Il y a un tabouret avec tout le monde dessus. La place est la même pour tous. Je les aime bien tous mais, pour être Dauphin la saison prochaine, ils devront me montrer tous, et je dis bien tous, ce qu'ils savent faire d'ici la fin de saison. D'autant que la compétitivité risque d'être plus prononcée.

C'est-à-dire ?

Pour l'instant, ce n'est que virtuel mais, si la fédération met en place un nombre réduit d'étrangers en première division, comme c'est le cas en élite, ça voudra dire qu'il n'y aura plus la place pour tout le monde. Jusqu'ici, j'ai fait en sorte de favoriser une certaine stabilité en essayant de retenir certains joueurs qui auraient souhaité partir. Mais, au regard de l'équipe actuelle, l'an prochain s'il ne doit en rester que cinq, je ne suis pas sûr qu'ils soient à Epinal cette année.

Epinal a été montré comme l'un des clubs qui recrutait massivement à l'étranger, vous en pensez quoi de cette éventualité ?

J'y suis favorable, à partir du moment où la règle est la même pour tous. Nous avons essayé par le passé de limiter mais nous sommes dans une compétition et il faut des résultats. Si aujourd'hui à Epinal, on enlève les étrangers et on faisait jouer les jeunes, on va dire bravo. Mais sur le plan sportif, on devient Cergy et la patinoire se vide.

Pour en revenir à l'effectif, le fait de fonctionner avec quatre défenseurs depuis le départ de Guillemot n'est-il pas trop ambitieux ?

De toutes façons, il est parti après la date limite, donc nous ne pouvions plus recruter. Vous pensez aux jeunes joueurs comme Ilic ou Zitouni qui n'ont pas de temps de jeu. Ce que nous aurions dû faire plus vite c'est, en effet, les mettre dans le sillage d'un gars comme Vladimir Domin, comme nous l'avions fait avec Ben (Guillemot), pour leur "apprentissage". Dans le contexte actuel, nous n'avons plus la possibilité de prendre de risques. Ceci dit, ils ont du temps de glace.

Propos recueillis par JC Pignon

 

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