Le sport caennais s’éloigne de l’élite

 

Article de Ouest France (21 mars 2002).

Le foot végète, le tennis de table quitte l'Europe, le hockey a dégringolé...

Saison après saison, le sport caennais s'éloigne de l'élite. Pour des raisons sportives ou économiques, le football, le basket, le hockey sur glace et le tennis de table n'atteignent plus les sommets du passé. Une évolution inexorable ? Tentative de réponse.

1999, le Caen tennis de table devient champion d'Europe des clubs. 2000, le Hockey-club de Caen remporte la coupe de France et échoue en finale du championnat de France. L'amateur caennais de sport de haut niveau a du vague à l'âme. La nostalgie le guette. Deux ans après ces sommets, l'encéphalogramme des résultats de l'élite sportive est plat.

Il y a 15 jours, le Caen tennis de table quitte la coupe d'Europe. Les objectifs de la saison prochaine sont modestes : maintien de l'équipe en super division nationale.

Depuis deux ans, de l'eau a coulé sous la patinoire. Le HCC a quitté l'élite nationale. Les difficultés financières l'ont mis hors jeu. Liquidé, le club est reparti en début de saison en troisième division.

Du côté de deux autres sports majeurs, la courbe des résultats ne redonne pas plus le moral au supporter. A d'Ornano, le Stade Malherbe désespère son kop. En division 2 depuis 1997, les footballeurs viennent de vivre deux saisons calamiteuses. Sauvé de la relégation lors de la dernière journée en 2001 et 13e en 2002, à six matchs de la fin, le SMC est à mille lieues de la D1, son objectif naturel.

Le Caen Basket-club est en tête de son championnat, certes, mais en nationale 2, le quatrième niveau national, bien loin de la Pro A.

Le tableau s'assombrit encore si l'on parle de volley ou de hand. Aucune équipe n'évolue au niveau national, mises à part les volleyeuses des PTT (N3). Le rugby ne fait pas mieux avec le Caen Sud, en Nationale 3 (5 ou 6e niveau national).

Peu de sponsors potentiels

Difficile d'évoquer une seule raison pour expliquer cette situation. Il faut plutôt faire appel à plusieurs facteurs. Au premier rang, la question économique. Elle a frappé de plein fouet le basket et le hockey. Les deux clubs ont été rétrogradés sportivement après des liquidations financières.

"Revenir au niveau de l'élite est actuellement impossible, explique Bruno Marie, le nouveau président du HCC. Notre budget est aujourd'hui de 1,3 million de francs (200 000 €). Il était de 5,5 millions (840 000 €) au plus haut niveau. Atteindre la deuxième division est un objectif raisonnable. S'y maintenir en privilégiant la formation est tout à fait jouable." Les présidents de club doivent jongler avec le contexte économique. "Les possibilités de partenaires ne sont pas extensibles. Nous sommes plusieurs clubs à taper sur les mêmes sponsors, constate le hockeyeur. Même le foot a parfois des difficultés. Elles sont encore plus grandes pour les disciplines moins médiatisées."

Même analyse de Bernard Gruau, président du Caen basket Calvados et actionnaire du Stade Malherbe caennais. PDG des deux hypermarchés Leclerc de l'agglomération, il connaît bien la question du sponsoring : "Il ne faut pas se voiler la face. Caen est une ville moyenne qui a connu, à une époque, trop de clubs de haut niveau. Les subventions, les aides privées ont été diluées pour faire plaisir à tout le monde. Il ne s'agit que d'un constat. Je n'ai pas forcément la solution. Il est évidemment très difficile de faire un choix." Pour le basket comme pour le hockey, l'élite n'est pas à l'ordre du jour. Une accession à la Nationale 1, suivie de deux ou trois saisons à ce niveau, "serait une évolution raisonnable avant de repenser au niveau professionnel."

L'économique ne fait pas tout. Les choix sportifs peuvent aussi expliquer des résultats médiocres. Pour le foot, Bernard Gruau regrette "les changements successifs à la tête de l'équipe technique sportive du Stade Malherbe. Il faut arriver à plus de cohérence".

Pour Bruno Marie, il faut mettre l'accent sur la formation. "Le hockey a, pendant un temps, tout misé sur ses pros, en délaissant l'encadrement de ses jeunes. Aujourd'hui, il faut privilégier la formation pour amener des jeunes dans notre équipe première. Mais soyons lucides, les très bons partiront. Nous n'aurons pas les moyens de les retenir." Le résumé des difficultés caennaises.

Jean-Christophe Lalay 

 

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