Prunet le Danois

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (14 avril 2002).

Si tous les sportifs admettent que jouer pour son pays est un grand honneur, Lilian Prunet, le hockeyeur Scorpion, vient de connaître une situation inédite. Il a représenté le Danemark... face à l'équipe de France.

Lundi soir, 18 h 25, patinoire de l'Illberg. Présentation de l'équipe du Danemark pour le match face à l'équipe de France. Au milieu des patronymes scandinaves, un nom bien français résonne tout à coup. Celui de Lilian Prunet, le défenseur mulhousien. La plupart des spectateurs n'y prêtent pas attention. Les plus attentifs pensent l'avoir aperçu sur la glace. Mais savent bien que ce n'est pas possible.

Acte de présence

Cela ne peut pas être lui. Lui le Français, l'international espoir, il ne peut être aligné dans l'équipe du Danemark. Et pourtant il est bien là. Il a été convoqué avec Mikka Ruokkonen, l'après-midi du match, pour pallier les blessures de deux défenseurs danois. Après la rencontre, il s'explique sur sa présence : "Christer Eriksson - entraîneur-adjoint de l'équipe de France et entraîneur des Scorpions - m'a appelé. "Il m'a expliqué que les Danois étaient en sous-effectif et m'a proposé de jouer avec eux. Comme j'ai déjà joué en équipe de France espoirs, il m'a dit que ca pouvait être une bonne opportunité pour moi de jouer contre les A." Pourtant, Lilian est hésitant. "Cela faisait une semaine que l'on avait arrêté l'entraînement avec le club. C'est délicat de disputer une rencontre de ce niveau sans entraînement."

Avec Ruokkonen

Il a fini par accepter. Après le match, il ne regrettait pas son choix. "C'était sympa. J'ai essayé de faire de mon mieux. En montant sur la glace, on essaye toujours d'être performant. Mais bon, on était surtout là pour faire acte de présence. Durant les sept dernières minutes, on n'est plus entré et il ont tourné à quatre défenseurs." Il a pourtant bien tenu sa place. Associé à son coéquipier de club Ruokkonen, finlandais, il a ainsi pu limiter les problèmes de communication, et n'a pas eu trop de mal à s'adapter. "C'est un peu pareil dans toutes les équipes. Mais leur bonne organisation est frappante." Une organisation que les Français ont néanmoins souvent pris en défaut. Sur un des buts, Lilian Prunet est même directement concerné.

Cadeau

Inattentif, il n'a pas vu un attaquant français partir dans son dos. Celui-ci prend le palet, s'en va seul et part marquer. Un attaquant que Prunet connaît bien, puisqu'il s'agit d'Olivier Coqueux, qui a ainsi marqué son premier but en Bleu. "Je n'ai pas vu que c'était toi, sinon tu ne serais jamais passé", répond Lilian, quand Coqueux vient le "remercier" pour ce cadeau après la rencontre.  Toujours est-il que Prunet semblait satisfait de cette expérience. "Pendant les hymnes, c'est une situation un peu spéciale. Après, on oublie vite contre qui l'on joue. Cela reste une bonne expérience. " Pas suffisamment marquante pour lui donner des idées. "Ce match ne m'a pas poussé à changer de nationalité, lâche-t-il dans un sourire. De toute façon, je ne pourrais pas jouer avec eux en match officiel, j'ai déjà été sélectionné en équipe de France Espoirs..."

Gérald Husser

 

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