Le retour promet d'être chaud

 

Article de La Nouvelle République (17 avril 2002).

Les hommes de Bob Millette ont laissé deux précieux buts dans leur patinoire. La qualification pour la finale passe désormais par une large victoire dans les Alpes.

En s'inclinant hier soir dans leur patinoire, les Diables Noirs ont compromis leurs chances de se qualifier pour la finale du championnat de France. Tout n'est pas perdu mais il leur faudra l'emporter par au moins trois buts d'écart, samedi prochain, pour espérer rejoindre, peut-être, Epinal qui a battu Dijon (4-3).

La partie débute mal pour les Diables Noirs. On joue depuis moins de trente secondes et Stastny part en prison, suivi de très près par Gleize et Picha. Mais le public est vite rassuré quand il voit Anselme et Metro rejoindre, eux aussi le banc des punis. Les arbitres, hier soir ont décidé de ne pas se laisser déborder.

Une fois les ardeurs calmées, les deux équipes se mettent à jouer au hockey. S'en suit alors une énorme phase de jeu de plus de deux minutes sans un seul coup de sifflet. La moitié du premier tiers est déjà écoulée. Les occasions de chaque côté se comptent sur les doigts d'une seule main.

C'est alors que Billieras choisi de réveiller le public en ouvrant le score pour Villard (14e). Un moment d'égarement, une faute d'attention de la défense tourangelle, qui se paye cash au tableau d'affichage. Face au tenant du titre, cela ne pardonne pas.

Menés au score, les Diables Noirs tentent de réagir. Goldman presse les lignes adverses. En vain. Le replacement défensif alpin est tellement bien rodé qu'il en paraît mécanique. Et comme si cela ne suffisait pas de combattre une telle machine, Hiadlovsky commet la bourde terrible (mauvaise relance) et sert sur un plateau Sylvia pour le 2-0 (20'). Le cauchemar.

Piqués au vif, les hommes de Bob Millette réagissent dès le début du second tiers, en profitant d'une courte supériorité numérique. Picha se sert de ses énormes poignets pour récupérer le palet et embarque tout le monde dans son élan. Tous, sauf Goldman qui trompe Favarin (1-2, 23'). La délivrance.

Le match s'anime. Les tribunes aussi. D'autant que dans la foulée, Métro pour Villard et Lefrançois pour l'ASGT (28') portent le score à 2-3. On sent alors que Tours a les moyens d'égaliser. Mais c'est sans compter sur le réalisme villardien et l'intenable Sylvia qui, en deux contres trois mouvements, se joue du pauvre Hiadlovsky (2-4 à la 36', puis 2-5 à la 39').

L'ASGT débute le 3e tiers en situation de power play. Métro, Kolu et Smith sont en prison côté villardien. L'attaque se met en place et Simak, bien décalé, trouve le chemin des filets (3-5 , 41'). Le siège du but de Favarin va encore durer près de trois bonnes minutes. En vain, une nouvelle fois. D'autant que Cruz corsera l'addition par un nouveau but pour les siens, grâce à une assistance bien involontaire de l'arbitre de ligne (3-6, 49'). Ce n'est décidément pas le jour des Diables Noirs.
Mais les hommes de Bob Milleette ne baissent pas pour autant les bras. Il reste dix bonnes minutes à jouer. Trois buts à remonter. "C'est jouable" dirait le toujours très optimiste Bob Millette.

C'est ainsi qu'à trois contre cinq, sur les sorties de Supuka (2') et Lefrançois , en substitut de Hiadlovsky (2'), Stastny, bien lancé par Picha inscrit un nouveau but (52'). Un but rempli d'espoir. "C'est un but important" déclare l'entraîneur canadien. "Il prouve que l'on respire encore. Rattraper trois buts, c'est faisable. On est encore meilleur sur la route. On a encore à faire quelque chose contre eux".

Julien Mallet

 

 

"On respire encore la vie !"

Article de La Nouvelle République (17 avril 2002).

On a passé quatre heures avec Bob Millette. Un match sous tension. Et malgré la défaite, le coach de l'ASGT est toujours... optimiste.

Bob Millette prêt à se rendre à une communion. La cravate classieuse. La chemise immaculée. Le gilet Lacoste. "C'est normal ! Tu vois, au Canada, le règlement dit que tu dois t'habiller propre quand tu es entraîneur. On respecte les gens..." Bob Millette, chef de gare, à une poignée de minutes du coup d'envoi. Lors de l'échauffement, il surveille les lignes. Celles de Villard. Tout son coaching en dépendra. De la stratégie pour que son équipe soit ponctuelle sur la glace.

Bob Millette, grand, très grand pendant la causerie. Le 'meeting' qu'il dit Bob. Bob a punaisé sur le mur des vestiaires la photo de l'international finlandais de Montréal, Saku Koivu. "C'est tout simple, tu vois, ce gars-là, il a eu un cancer des intestins. On le donnait fichu. Il s'est battu et il est revenu au jeu, il est revenu sur la glace". Les yeux de Bob brillent. Pas possible. il nous ferait pleurer, le Bob !

"Ce gars-là, c'est un battant. Il abattu la mort. c'est un exemple. La vie, ça vient aussi du ventre, de la volonté". Voilà ce qu'il leur a dit, Bob, à ses joueurs. Il n'y a avait pas une mouche qui volait. Dans le vestiaire transformé en sanctuaire, il y avait une bougie allumée. Timide, mais brillante.

"Tu vois, dans mon équipe, il y a des Français, des Slovaques, des Tchèques, des Canadiens. Le jeu - Bob dit 'game' - est une flamme. La lumière est pareille pour tout le monde". Sur les deux portes des vestiaires, chaque joueur a apposé sa griffe. Une phrase d'espoir ou de combat ou de bonheur. Sur les murs, d'autres ont affiché des photos de leur famille. Ce n'est plus un vestiaire, c'est un temple !

Quand les joueurs sont montés sur la glace, Bob est monté sur un banc, derrière ses gars. Pour mieux voir les lignes de Villard se former. Lignes à haute tension.

Bob blanchit sur le premier but alpin. "C'est pas grave, boys, la route est encore longue !" C'est ce qu'il doit sûrement dire, Bob, dans son américain-canadien-anglais-français.

L'ASGT limite la casse et Bob regarde le banc villardien. Toujours la pêche à la ligne. Et Bob, Bob, Bob ! Regarde... Bob se retourne et voit le palet dans les filets. Il ne comprend plus. "Qu'est-ce qui s'est passé ?" Le Vladimir, son gardien, a fait une gaffe juste avant la pause.

Dans les vestiaires, Bob va positiver avec ses joueurs. "Décompressez, les gars !" Mais avec nous, il va rager. "Ce deuxième but fait mal. On est trop nerveux. On ne peut pas jouer plus mal. On est rentré trop tendu". Il jette un œil sur les statistiques. Et il positive, comme tout Nord-Américain qui se respecte, jamais battu.

Goldman réduit le score à 2-1 et Bob jette son poing rageur. Mais la folle poursuite s'est arrêtée avant d'avoir commencé. L'ASGT n'arrivera jamais à recoller au score. A la fin du deuxième tiers, Bob fonce dans son cagibi qui tient lieu de vestiaire personnel. Il faut le voir pour le croire. Ce n'est pas un cagibi, c'est une niche !

Mais Bob s'en fout. Le plus important, c'est ce qui se passe sur la glace. "Leur Finlandais Sylvia et leur Américain Metro nous font des misères...On est mené 5-2, mais tu vois, rien n'est perdu..." Non, Bob, ce n'est pas possible, voyons... "Mais si, on va jouer à cinq contre trois. Tout se joue là. Il faut qu'on revienne à un but avant d'aller à Villard samedi".

Le plus incroyable, c'est que Simak marque d'entrée. Mais le 5-3 n'aura pas de lendemains. 6-4 à l'arrivée. Bob se réfugie dans le vestiaire des patineurs. Le masque. L'œil noir. Il rage. Il bout intérieurement. Mais il attaque encore : "Ne crois pas que c'est fini. On sort de ce match par deux". Une défaite par deux buts d'écart qu'il veut dire, Bob ! "Dans ce match, il y a eu de la tension, on ne s'est jamais libéré. Mais à Villard, on jouera mieux, tu verras. On aura de l'espace".

"Et l'arbitre, ce soir, qu'est-ce qu'il nous a fait, hein ? Il a mis tout le monde en prison!" Bob se reprend. Il va dire quelque chose de décisif : "On n'est pas encore mort. J' t’assure qu'on respire encore la vie..." Oui, mais alors, une toute petite respiration, Bob.

Jean-Eric Zabrodsky.

 

Fiche technique :

Spectateurs : 1800. Arbitres : MM. Calamoneri, Telliez, Antunes.

Buts : Tours : Goldman (Picha, Simak) ; Lefrançois (Vandecandelaere) ; Simak (Pulscak, Goldman) ; Stastny (Picha).
Villard : Billieras (Enselme, Girard) ; Sylvia ; Metro (Favarin, Lepers) ; Sylvia (Carabanola, Smith) ; Sylvia ; Cruz (Sylvia).

Pénalités : Tours : 38 minutes ; Villard : 55 minutes dont 20 minutes à Girard (17'58 expulsion).

 

Echos du palet

 

Conseil Général : le match était patronné par le conseil général. C'est d'ailleurs MM. Hervoil et Bouissou qui ont donné le coup d'envoi. M. Bouissou a jeté le palet et M. Hervoil l'a repris de volée.

Arrivée : Villard a effectué un périple. Les Villardiens sont partis à 23 heures lundi de chez eux. Ils ont roulé toute la nuit pour arriver en Touraine à 11 heures du matin, le jour du match. Mais on vous rassure, ils ont dormi dans un car couchettes.

Supporters : un car de supporters est organisé par le nouveau club des supporters de l'ASGT pour le déplacement à Villard. Ce nouveau club s'appelle les "Endiablés", créé par Jean-Jacques Chenet. Tarif unique : 47 euros. Inscriptions permanence au siège de l'ASGT de 15 h 30 à 19 heures le mercredi et le jeudi de 14 h à 16 h. Il faut y aller car l'ASGT va avoir besoin de soutien.

Radio : une dizaine de supporters de Villard avait fait le déplacement ainsi que la radio locale.

Habillé : Marcel Skokan était suspendu. Ce qui a fait le bonheur de Thomas Laurier. Le jeune Tourangeau était dans les tribunes, en civil, pour assister au match. Bob Millette l'a fait appeler au micro. Et Thomas s'est précipité dans les vestiaires et s'est retrouvé sur le banc. Il n'est pas monté sur la glace.

Quelle classe : Dominique Beaudin blessé (l'étranger de Villard), le club alpin a donc fait appel à Sylvia en cours de saison. Il ne s'est pas trompé car Sylvia a fait la pluie et le beau temps en Touraine avec trois buts et une assist.

Fair-play : le président Bonneau était fair-play à la fin du match : "Villard a vraiment une belle équipe. Elle n'est pas championne en titre pour rien".

 

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