L'avenir du club en pointillés

 

Article de Ouest France (30 avril 2002).

183 000 euros de déficit pour le Nantes AHG

La fronde des joueurs du Nantes Atlantique Hockey Glace continue. Deux d'entre eux ont assigné le NAHG devant la juridiction prud'homale pour salaires et indemnités non versés ces trois derniers mois. Une situation quasi explosive pour Régine Tessier, en place depuis un an. Une présidente qui doit ainsi jongler avec un déficit proche des 183 000 euros (peu ou prou : 1,2 MF). L'estimation des services financiers de la Ville de Nantes, principal pourvoyeur de fonds des Corsaires, est en effet très claire à ce sujet.

Tout d'abord, un constat de taille. Le déficit du NAHG est presque équivalent à son budget annuel ! Ce qui, en sport et ailleurs, La Palice en aurait convenu, ne garantit guère de lendemains chantants. Quand Régine Tessier, malheureusement injoignable hier, a pris ses fonctions de présidente il y a tout juste un an, à la suite de Jean-Jacques Hardy, elle ne se doutait certainement pas que le ciel lui tomberait sur la tête à ce point. Certes, l'affaire Zoubkov-Fitzpatrick - joueurs qui, en 1998, sous l'égide de Christophe Hervy, avait également assigné les Prud'hommes - plombe les comptes (99 000 euros de versés à l'entraîneur joueur franco-russe, soit 650 000 F), mais de là à envisager un dépôt de bilan...

Dépôt de bilan envisagé en décembre

Et pourtant, dès décembre dernier, la sonnette d'alarme était tirée puisqu'il était sérieusement question d'en arriver à une telle extrémité, cependant vite abandonnée. Février 2002, les salaires des cinq joueurs professionnels et indemnités pour les autres hockeyeurs ne purent être versés. Et si les chèques furent émis un peu plus tard, la banque les rejeta tout net, faute de liquidités suffisantes. Mise au courant de ces difficultés par la présidente, la Ville de Nantes commandita, en interne, un audit où tous les comptes, après retards de certains documents, furent épluchés. De même, à la demande cette fois du club, un audit externe vit le jour.

Où il en résulte la même évidence, le déficit cumulé atteint effectivement les 183 000 euros, dû en grande partie à une gestion laxiste. Gestion antérieure à la prise de fonction de Régine Tessier qui, dans cette histoire, aura récupéré un beau bébé et attend désormais les solutions proposées par la Mairie. Sans oublier non plus les deux joueurs étrangers qui ont assigné la semaine dernière le club devant le conseil des Prud'hommes pour non paiement de leur salaire en février, mars et avril. Quel pataquès !

"Bien sûr que nous essayons de trouver des solutions, explique Marie-Françoise Clergeau. Nous allons aider le club mais pas n'importe comment, ni à n'importe quel prix. Car nous avons également pour mission de gérer l'argent des Nantais. La situation du NAHG est délicate, elle demande encore quelques éclaircissements. Dans un premier temps, pour éviter les poursuites, nous paierons, avec la participation du Conseil Général, les sommes dues aux joueurs, ce qui, avec les charges, équivaut à 20 000 euros."

Dépôt de bilan ou plan de redressement ?

Et l'adjointe aux sports de se montrer cependant prudente sur la voie à suivre dans les prochaines semaines. "Pour le moment, on se dirige, soit vers un dépôt de bilan, soit, plus envisageable il me semble, vers un plan de redressement avec un contrôle strict et un recrutement a minima pour la saison qui vient."

Pour ce faire, la Ville de Nantes se réserve le droit, encore à l'état de projet, de commanditer un nouvel audit, extérieur celui-là. Comme quoi apparemment, le dossier n'aurait pas encore dévoilé tous ses rouages. "A l'avenir, conclut Mme Clergeau, il faudra des contrôles plus réguliers et plus stricts des clubs de sport de haut niveau."

Dépôt de bilan, c'est la descente en N3 avec impossibilité de remonter la première saison et ce, sans l'apport de subventions publiques. Plan de redressement, c'est l'austérité à tous les niveaux, une purge drastique qui aurait certainement le mérite de sortir les Corsaires de cette impasse financière.

Dusseau en colère

"Peut-être, intervient François Dusseau, l'entraîneur nantais. Mais je trouve que cela dure depuis trop longtemps. Il faut qu'on avance vite pour la saison prochaine. En septembre, il sera trop tard pour recruter. Si le boulet est trop lourd, qu'on reparte à zéro. S'il faut déposer le bilan, déposons-le, cela ne fera que le quatrième dans ma carrière ! Il faut arrêter de tergiverser et répondre à cette question : la Mairie est-elle vraiment prête à nous aider ? Et que le club ait caché des choses, franchement, je n'y crois pas."

Le point de non retour n'étant pas encore franchi, et sans morale aucune, il serait temps de stopper les "dérives" du hockey français dont le club nantais n'est qu'une des innombrables - et même moindres, à comparer avec d'autres éléments déficitaires ! - illustrations. L'affaire Zoubkov-Fitzpatrick en est l'exemple parfait. D'abord cachée, Pierre Fitzpatrick absent de la glace à l'époque était soi-disant blessé, elle fut ensuite minimisée pour finalement s'avérer la principale suspecte de l'état actuel du club. Où se trouve la vérité ? Certainement entre les deux mais c'est vite oublier que le NAHG a mis de côté ce pour quoi il devait avant tout travailler : la formation. Ce que démentent les chiffres, la part consacrée au haut niveau s'avérant considérable. Trop importante pour un club semi-professionel se faisant fort, à une époque, de n'employer aucun élément professionnel. A partir de là, tout est évidemment possible.

 

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