"Il existe une place derrière Malherbe"

 

Article de Ouest France (18 septembre 2002).

A presque 35 ans, Rodolphe Garnier remettra de nouveau son casque de hockeyeur sur ses cheveux blonds. L'entraîneur-joueur des Drakkars de Caen, arrivé au club en 1998, rêve de propulser son équipe en haut de tableau de D2. Première journée samedi.

Ouest-France : Vous attaquez votre deuxième saison en tant qu'entraîneur-joueur. Comment se présente-t-elle ?

Rodolphe Garnier : "Nous arrivons en D2, en ayant repris l'entraînement le 12 août, et j'ai pour l'instant 28 joueurs. C'est le jour et la nuit par rapport à l'an passé. Après le dépôt de bilan du club, nous avions recommencé à 5. Les garçons sont motivés, et progressent rapidement. Certains avaient un peu été laissés sur la touche lorsque l'équipe était en Elite, ils apprennent vite. Nous avons recruté un jeune gardien slovaque, Robert Marton. Babin, Soghomonian, Chaisson seront là, comme Lecomte qui doit bientôt nous rejoindre. Je crois cette équipe supérieure à la précédente."

Qu'espérez-vous de cette saison ?

"Nous partons dans l'inconnu. Mais nous viserons les play-off, puis ensuite nous aviserons. Le niveau de la D2 sera beaucoup plus cohérent que celui de D3, nous aurons davantage de pression. Mon objectif est de ramener le club en D1, à moyen terme. Ou à court terme."

Avez-vous pensé, cet été, à tenter de vous inscrire en D1 ?

"J'aurais aimé, oui. Mais les dirigeants ne l'ont pas souhaité. Ils ont peut-être raison."

Croyez-vous que Caen puisse un jour retrouver l'Elite ?

"Sans doute, oui. D'autant que le championnat a été élargi, passant de sept à 15 clubs. On trouve maintenant des villes comme Dunkerque, Dijon. Pourquoi pas Caen ? Je crois qu'il y existe une place pour un autre club derrière Malherbe. Les Drakkars peuvent intéresser des partenaires. Si je n'en étais pas persuadé, je serais parti."

Quelle est selon vous la recette ?

"Le club doit séduire par ses structures, ses résultats. Je ne crois pas que le retour d'un gros sponsor comme Bayer soit dans l'air du temps. Il faut former des jeunes sur place, à l'image de Maxime Caillard, champion du Monde avec les 18 ans, et faire revenir ceux partis aux échelons supérieurs : Vandecandelaere à Tours, Bigot à Nice, Loureiro à Besançon... Nous avons des éléments prometteurs, à nous de les encadrer du mieux possible, avec des horaires scolaires adaptés, davantage d'heures de glace. Pour l'instant, nous sommes obligés de nous entraîner de 21 h 30 à 23 h, trois fois par semaine. Mais les garçons sont très motivés. Beaucoup restent ensuite pour faire des pompes, des abdos."

Voilà presque 19 ans que vous côtoyez le haut niveau. Pensez-vous qu'un jour le hockey sur glace puisse prendre son essor en France ?

"Il ne peut de toute façon que monter. Comme après Albertville, en 1992, nous repartons du bas. La Fédération a décidé d'assainir la situation, nous sommes en reconstruction. Mais le hockey pro est mal parti. Les joueurs français coûtent cher, alors que vous trouvez des étrangers prêts à venir jouer pour 4500 balles (700 euros) et à vivre à cinq dans un appartement."

Vous êtes un joueur au fort caractère ? Quel entraîneur êtes-vous ? Sévère ? Exigeant ?

"Exigeant oui, sévère non. J'essaye d'être juste, j'ai trop souvent connu des coaches qui mettaient en avant leurs affinités avec certains joueurs. Je demande aux miens de l'envie, de la conviction, du travail. Beaucoup ont un potentiel certain, mais n'ont pas conscience des efforts à accomplir pour arriver au haut niveau. Heikki Leime (NDLR : l'ancien entraîneur de Caen devenu sélectionneur national) m'a beaucoup aidé."

Vous avez été blessé en octobre 2000 à l'épaule, restant paralysé quatre mois. Quand arrêterez-vous de jouer ?

"En D2, je peux et coacher et monter sur la glace. En D1, ce doit être possible, ça ne l'est certainement plus en Elite. J'aime beaucoup entraîner, mais j'éprouve toujours du plaisir à jouer. Je n'étais pas trop motivé en début de saison dernière. Puis nous avons perdu un match 2-1 à Boulogne-Billancourt, et je me suis dit qu'il fallait à tout prix que je remette les patins. Si nous n'étions pas montés, j'aurais pété un plomb. Cette année, mes coéquipiers me donnent encore plus envie d'être avec eux. Je suis prêt physiquement. J'espère même parvenir au niveau que j'avais en Elite dans un mois."

Propos recueillis par Dominique Faurie

 

Retour aux articles de septembre 2002