Le pire puis le meilleur

 

Article des Dernières Nouvelles d'Alsace (23 septembre 2002).

Samedi, face à Villard-de-Lans, les Scorpions du HC Mulhouse ont joué avec le feu. Avec un jeu soporifique, ils étaient menés 0-2 à l'issue du 2e tiers-temps. Puis, dans les vingt dernières minutes, ils ont proposé un hockey de rêve. L'emportant 4-2. Ouf.

"Aimonetto ? Il a joué les prima donna ! Il s'est reposé pendant cinq tiers-temps. Il était temps qu'il se bouge...", dixit Christer Eriksson. A l'image de l'international tricolore, les Scorpions ont joué comme des "vieux". A qui on ne peut rien demander avant l'heure de la sieste. Samedi, elle a duré quarante minutes. Pendant deux "tiers". A Briançon, elle s'était étalée plus longtemps encore.

"Très peur"

"C'est la deuxième fois qu'on se fait très peur, reconnaît Fabrice Lhenry. Ne continuons pas comme ça. On n'aura pas la chance de revenir à chaque fois. Face à Grenoble ou Anglet, on ne pourra plus attendre le dernier tiers." Jusqu'ici, il y eut plus de peurs que de mal. Mulhouse souffre, Mulhouse plie. Mais Mulhouse ne rompt pas. Du moins pas encore. "Je vais avoir une attaque..."

Et ainsi, pendant que le coach mulhousien se prend la tête à deux mains, Briançon et Villard prennent confiance. Ils se mettent à imaginer le plus beau. L'impensable est sous leurs yeux. Les Mulhousiens les regardent jouer. Ces stars, ces gars si doués paraissent faire "mumuse" avec un palet qu'ils découvrent : "Oh ça glisse..." Eriksson, lui, regrette : "Ils font des erreurs de moustiques."

"Nonchalants"

"C'est une très bonne équipe. Il n'y a pas de problème, analyse Eriksson. On doit juste changer notre façon de jouer. Pendant les matchs de préparation, nous avons joué contre des équipes plus fortes que nous. Là, c'est à nous de faire le jeu. Au dernier tiers, nous avons joué avec deux gars devant, au lieu d'un seul. Chacun croit qu'il suffit de poser ses patins sur la glace..."  Puis, le discours monte d'un cran : "Il faut se bouger le cul. Au hockey, l'idéal est d'être simple, sobre et efficace. J'ai le sentiment que certains attendent que les autres fassent ce qu'ils ont à faire. Ils sont nonchalants. Ils n'ont pas le rythme, pas le tempo. Ce n'est pas bon." Une fois l'"échauffement" terminé, c'est parti. Et là, c'est le patin ! On se tait et on admire. Silence maestro.

La patinoire chavire

En vingt minutes, les Scorpions ont fait chavirer la patinoire. Revenant d'abord à 2-2 (après 0-2), avant d'ajouter deux buts à l'addition. En un tiers-temps, ils sont passés d'un statut de "moins que rien" à celui de "meilleurs que tous". Rien ne paraît pouvoir leur résister. La parole à Teddy Murphy, l'entraîneur des Ours de Villard-de-Lans : "Ils ont une vitesse de jeu, une technique... Ce n'est pas nous qui avons baissé, mais eux qui ont su élever leur niveau de jeu. Ils nous ont mis une de ces pressions... En un contre un, ils sortaient toujours le palet. Ils étaient sans cesse dangereux. Ça patinait, ça jouait. Ils allaient tellement vite. Face à eux, nous étions moins lucides. Nous sommes redevenus une équipe issue de la D1." L'hommage ne manque pas d'admiration.

Repos malvenu

Christer Eriksson ne s'explique pas ces hauts, puis ces bas. "On manque de matchs. On n'arrive pas à vite trouver le bon rythme. Nous allons avoir quinze jours sans rencontre. Cela me fait ch... L'équipe demande à être rodée. Physiquement, on est prêt. On n'a pas besoin de repos." Malgré ces tourments, Mulhouse s'en sort bien, avec deux victoires en deux matchs. L'essentiel finalement.

Serge Bastide

 

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