Une justice à deux vitesses

 

Article du Bien Public de Dijon (18 octobre 2002).

La planète hockey est polluée depuis des années par de nombreuses affaires rocambolesques qui ont toutes eu pour point commun de discréditer ce sport aux yeux du grand public. Cette saison, en vue de pallier à ce déficit d'image, certains dirigeants nationaux ont voulu nous faire croire par le biais du Super 16 que cette situation allait s'arrêter. Malheureusement cette quête de virginité vient de prendre un sérieux coup derrière la tête.

En effet, lors des trois premières journées de championnat contre Brest, Dijon, et Dunkerque, Rouen a commis l'erreur d'aligner trop de joueurs extra-communautaires (cinq voire six au lieu de quatre). Pire même, en ouverture de compétition à Brest, deux joueurs, Briand et Pousset, disposaient de licences non conformes. Pour ces deux raisons, ce club fut sanctionné par la Commission de discipline d'un match par forfait (défaite 5-0, avec un point de pénalité), Brest récupérant les deux points de la victoire. Pour le troisième match, face aux nordistes, la commission, sportive cette fois-ci, prit une décision identique. Pour le second match me direz-vous ? On aurait pu penser que les mêmes causes aient les mêmes effets. mais la commission de discipline a ordonné que la rencontre Rouen-Dijon soit rejouée, à Dijon ! Stupeur et incompréhension des dirigeants dijonnais qui ont vraiment l'impression d'être les dindons de la farce. "C'est à nous décourager de s'occuper de hockey", regrette Claude Brigand, président du CPH Dijon. "Ceci dit, officiellement, on n'a rien reçu, il est étonnant de voir que sur Internet, ou dans le journal l'Equipe, tout le monde soit au courant et pas nous. Si tel est le cas, je réunirai le comité directeur du club, je pense qu'on se réservera le droit de faire appel au CNOSF. Ils ont eu peur de Bounoure (président de Brest), très procédurier, ils se sont dit, on va écraser le petit Dijon, tout en défendant Rouen et Tardif. On va leur donner une recette en plus comme cela ils vont être contents. On n'a pas de raison de se laisser faire, sinon c'est la porte ouverte à tout. On ne rend pas la justice à la tête du client."

Jean-David Camus, président de la commission de discipline plénière, s'explique : "Avant tout, je regrette que l'affaire ait été jugée par deux organismes différents. Je pense d'ailleurs que si Rouen fait appel devant le CNOSF, la rencontre contre Dunkerque sera à rejouer. On a privilégié l'esprit car il n'y avait aucune volonté délibérée de tricher de la part des Rouennais. On avait adopté la même règle lorsque l'an passé Dijon avait connu quelques débordements de supporters. D'autre part, s'il n'y avait pas eu une carence dans le contrôle des licences de notre part, Rouen n'aurait pas continué à aligner autant de Canadiens. Il aurait été difficile d'appliquer trois fois la même sanction alors que le club des bords de Seine n'a pas été alerté de ce problème. C'est pour cette raison que les frais d'arbitrage du match Dijon-Rouen seront à la charge de la Commission Sportive Nationale." Un règlement aux oubliettes au profit d'un sacro-saint esprit, deux défaites annulées, ainsi que deux déplacements payés par la fédération, Rouen peut patiner tranquille. Juste une chose, messieurs les dirigeants, ou est passée l'éthique sportive ?

Jérôme Roblot

 

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