Fatigués et en panne de buts

 

Article de La Nouvelle République (4 novembre 2002).

Usés physiquement et moralement, les Tourangeaux ont raté le coche à Dijon. Défaits 2-1, ils sont désormais condamnés à un sans-faute à domicile.

Il y a une question que tout le monde se pose : comment se fait-il que Tours marque aussi peu de buts, cette année ? Bob Millette n'a malheureusement pas la réponse. S'il l'avait, son équipe aurait très certainement inscrit plus de quinze buts en sept rencontres et fait mieux que perdre 2-1 à Dijon. "Leur gardien a fait un très gros match, on a eu au moins deux fois plus de chances de marquer qu'eux", commente l'entraîneur tourangeau. "Il peut être verni comme ça une fois. Deux fois, cela me surprendrait", ajoute-t-il en pensant au retour prévu samedi soir à la patinoire de Tours (match en retard de la 5e journée). "Non, vraiment, je suis confiant. Cela va finir par rentrer", continue-t-il. "Là, on était au bout de la fatigue avec toutes ces heures passées dans le bus pour aller s'entraîner au Mans ou à Romorantin. On était moins gourmands. Mais maintenant que nous sommes de retour chez nous, on va enfin pouvoir récolter ce qu'on a semé. On est tous heureux de reprendre un rythme de vie normal. Chacun a retrouvé sa blonde. On est des pros, d'accord, mais on a aussi une vie à côté. Franchement, cela fait du bien à tout le monde de dormir une heure ou deux de plus le matin." Et retrouver un soupçon de stabilité. "Depuis le début, il n'y en a pas", conclut Millette. "On a commencé par s'entraîner à Romorantin, puis on est arrivé à Tours pour jouer sur de la flotte. Finis les sacrifices, il est temps qu'une nouvelle saison commence." François Gleize est tout aussi catégorique. A ses yeux, la défaite des siens est le fruit d'une double fatigue, physique et psychologique. "Enfin, on retrouve un rythme plus cool", précise le capitaine des Diables noirs. "Il était temps, car tout le monde était sur les rotules. Les vieux Tourangeaux qui bossent et qui n'ont pas pu s'entraîner pendant trois semaines étaient à court de jus. Et ceux qui ont fait la route tous les jours étaient exténués. Du coup, les Dijonnais étaient beaucoup plus frais que nous. On est tout de même en élite, cette année", finit-il. "Si l'an passé, nous n'avons jamais été aussi bons que lorsque nous n'avions plus de patinoire, là, c'est dur de tenir la dragée haute à tout le monde. C'est pourquoi avec une défaite et deux matchs nuls en trois matchs, je trouve tout de même qu'on ne s'en sort pas si mal." C'est juste mais l'ASGT n'a plus le choix à domicile. Sur les cinq matchs à venir, il faudra s'imposer.

 

Dijon - Tours 2-1 (0-0 ; 2-1 ; 0-0).

Arbitres : MM. Bourreau, Charmillot et Velay.

Environ 950 spectateurs

Buts pour Dijon : Dugas 23’56 Dugas (Pazak, Lathinen), 24’43 : Tiphaigne (Mô, Guibet) ; pour Tours : Gamelin 31’06 en sup.num. (Desrosiers, Decaens).

Pénalités pour Dijon : 14’ ; pour Tours (18’ dont une 2’ + 2’).

Après avoir encaissé deux buts en une minute, l’ASGT n’a pu surprendre le gardien.

Tours met la pression d’entrée de match. Gamelin, bien servi par Desrosiers, échauffe Neckar. Les visiteurs adoptent un rythme effréné, si bien que les Dijonnais, quelque peu asphyxiés, se retrouvent cantonnés dans une rôle de résistance à l’image de Tekel, qui se couche devant un slap de Jodoin (03’46).

Cependant, bien organisés, ils laissent passer l’orage, puis répliquent par l’intermédiaire de leur fer de lance Pazak qui transmet à Borzik. Celui-ci s’infiltre et frappe... sans souci pour le goal tourangeau, Hiadlovsky.

Attention, néanmoins, sur la contre-attaque, Decaens se retrouve seul face à Neckar, mais le portier dijonnais, au prix d’un grand écart phénoménal, évite le pire (05’43).

La palet glisse d’un camp à l’autre, c’est du haut niveau !

Dugas en remet une couche. Pulscak, sur la trajectoire, le contre in extremis (08’40). Borzik (encore !), à deux reprises met Hiadlovsky à contribution, sans suite… Peu après le Slovaque poursuit ses efforts et trouve l’intérieur du poteau, mais la rondelle choisit de ressortir (11’46).

La sortie d’Albano sur blessure coupe l’élan bourguignon à tel point que malgré plusieurs power-play, l’attaque dijonnaise se casse les dents sur l’excellente défense tourangelle. Les actions s’enchaînent vitesse grand V. Toutefois, le gong retentit sur le score nul et vierge totalement contraire au jeu déployé. Quel régal !

Deux buts dijonnais en une minute

Le deuxième tiers repart sous l’emprise totale des hommes de Millette, extrêmement vifs et percutants. Dijon recule sans paniquer outre mesure, puis sort judicieusement de sa coquille. Ainsi Lathinen récupère la rondelle, lance Pazak. Celui-ci lève la tête, effectue une transversale de toute beauté vers Dugas. L’ex-Amiénois reprend instantanément. Le palet se loge dans la lucarne de Hiadlovsky (1-0, 23’56). Superbe !

Dans l’instant, Guibert exécute une montée rageuse, Mô poursuit l’action. Bloqué, un cafouillage se forme, Tiphaigne, en capitaine expérimenté, sent le coup et pousse le palet au fond des filets tourangeaux (2-0, 24’43)

Tours ne renonce pas, loin de là. Aussi, à la faveur d’un power-play discutable, Desrosiers libre de toute marque, s’avance et frappe. Neckar dévie le tir du Canadien, mais son compatriote, l’inévitable Gamelin, est au rebond et donne espoir à ses couleurs (2-1, 31’06).

Quelques frissons plus tard, les Ducs, chahutés, répondent grâce à un magnifique slap de Tekel sur lequel Hiadlovsky écarte de la jambière (35’50). La partie est indécise. Decaens sort de prison, hérite dans la foulée du palet, s’échappe seul devant le goal local et tire… à côté ! Les Dijonnais respirent et conservent leur maigre avantage.

La troisième période est du même tonneau : une cuvée millésimée... Les attaques se succèdent de part et d’autre. Le public tremble sur une nouvelle supériorité adverse, mais Neckar est infranchissable. Dijon, en supériorité, prend le jeu à son compte. Bouché lance. Le poteau repousse encore puis Bussat tente sa chance. Hiadlovsky, couché sur la glace, dévie la rondelle dans un sursaut incroyable. Grossi, en contre, absolument seul, se heurte encore et toujours à M. Neckar (54’53). Le match prend une ampleur phénoménale ! L’air devient irrespirable...

C’est fini, plus rien ne sera marqué. Les Ducs conservent un succès monumental. Chapeau aux deux équipes !

 

Ils ont dit :

Robert Millette (entraîneur de Tours) : "Neckar a sorti un gros match. On a laissé passer notre chance dans le premier tiers où on a eu beaucoup d’opportunités qu’on a pas concrétisées. On aurait dû sortir en positif de cette période. Au lieu de cela, on prend deux buts dès l’entame de la seconde qui font la différence... Maintenant, il nous reste cinq matches sur sept à domicile. On est encore dedans pour la quatrième place".

Daniel Maric (entraîneur Dijon) : "C’est une superbe performance. Quand j’ai vu débarquer les Tourangeaux sur la glace à l’échauffement, j’ai eu peur de prendre une raclée, surtout que nous avions joué deux jours auparavant à Besançon. Tours est une équipe sans faille. Nous avons réalisé le match quasi parfait pour les battre".

Milan Tekel (défenseur Dijon) : "Quand j’ai vu tout le monde à la patinoire, j’étais vraiment ravi. Cela nous a poussé car, physiquement, ce fut très difficile. Nous avions encore le match de Besançon dans les jambes. Nous avons joué défensivement et Franta a fait le reste. Il a été super. J’ai un plaisir énorme".

 

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