Decaens, le détective patineur

 

Article de La Nouvelle République (4 novembre 2002).

Arrivé à Tours à l'intersaison, le Franco-Canadien Sébastien Decaens, 25 ans, savoure sa première expérience à l'étranger. Rencontre avec un étudiant en criminologie qui rêvait de voyager et de découvrir la France avant de devenir détective.

Rendez-vous est pris dans une salle de gym. Quand ils ne sont pas sur la glace, les hockeyeurs tourangeaux entretiennent leur physique en brassant de la fonte. Cela fait partie de leur programme de préparation. Il faut qu'ils soient en pleine forme pour leur grand retour à la patinoire, samedi soir, contre Dijon. C'est là que nous retrouvons Sébastien Decaens. Calme, posé, le bouillant "black" des Diables noirs évoque tranquillement son parcours. Comment son père adoptif, un Parisien émigré au Québec, l'a encouragé à jouer au hockey sur glace. "Je suis arrivé en novembre au Canada", explique Sébastien, l'enfant d'Haïti. "J'avais quatre ans. Eh bien, pas le premier Noël mais le suivant, j'ai reçu mon premier équipement ! J'habitais dans un village où il y avait plein de grandes fermes et où les fermiers, l'hiver, fabriquaient des patinoires en plein air. Gamins, on allait tous jouer là."

Jusqu'au jour où l'enfant devenu adolescent, et surtout pas mauvais une crosse en mains, alla tenter sa chance en junior majeur chez les Tigres de Victoriaville. Il poussa ensuite les portes des clubs de Sainte-Foy et du National de Joliette, avant d'intégrer l'équipe de l'Université d'Ottawa. "C'est là que j'ai obtenu mes diplômes", dit-il. "Un en criminologie, l'autre en communication. J'ai envie de devenir détective."

Mais la maîtrise et les enquêtes seront pour plus tard car Sébastien a l'intention de rester plus d'une saison en France. "J'avais envie de voyager, de découvrir la France", ajoute-t-il. Le hockey lui a ouvert cette porte. Il en a profité. "J'avais envie de bouger non pas seulement sur le plan sportif mais aussi sur le plan culturel. Les États-Unis, c'était trop près. Je voulais être dépaysé. Ici, c'est génial. Tout est différent. La 'partisannerie', par exemple. Chez nous, les gens vont aimer ou adorer une équipe. Ici, ils sont fanatiques. Quand on vient le samedi à 18 h, certains sont déjà là. Et, à l'échauffement, on sent une certaine atmosphère. Cela fait partie des raisons pour lesquelles les joueurs ont tous hâte de jouer à domicile."

Et puis, il y a tous les à-côtés, les avantages d'une bonne vieille ville de province, avec son histoire, sa gastronomie, ses habitants. "Quand je suis arrivé ici, on m'a dit : 'Tu verras, les gens à Tours sont froids'. Moi, je ne trouve pas. Au contraire. Les Tourangeaux que je connais sont chaleureux et certains nous ont pris en mains pour nous faire visiter Chenonceau, Amboise, aller ramasser des châtaignes et boire de la bernache. C'était génial. On a pris des photos. Je vais pouvoir les envoyer à ma famille, au Canada." Prochaine visite : les caves à vins, Paris, Londres, etc. "Vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez de vivre en France", conclut-il. "Votre pays rentre quatre ou six fois dans la province de Québec, vous êtes proches de tout. Il faut que j'exploite ça. C'est pour cela que, si je ne reste qu'un an ici, je n'aurai pas le temps de tout savourer."

Recueilli par Julien Mallet

 

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