Chaisson, quatre décennies de passion

 

Article de Ouest France (5 novembre 2002).

A 43 ans, Fred Chaisson glisse sur le temps comme sur la glace. Meilleur buteur des Drakkars, il contribue grandement à en faire l'équipe en forme de la D2. Il ne serait pas contre une nouvelle montée, au printemps prochain.

Il ne joue pas pour battre des records de longévité, non. Juste pour le plaisir. Voilà près de 37 ans qu'il patine. Chez lui, en Ontario, on enfile les patins comme ici les chaussures de foot. Et Fred Chaisson a du mal à défaire les lacets. "Je n'ai jamais été sérieusement blessé, je m'astreins à une certaine hygiène de vie, même si j'aime les bonnes choses, dit ce Franco-Canadien. J'ai toujours envie de rester opérationnel et performant. Je ressens toujours la même passion..."

Monsieur 65 %

Elle l'habite toujours, malgré les dépôts de bilan qui jalonnent l'histoire des hockeyeurs, malgré les kilomètres avalés. La seule chose que Chaisson ait perdue, dans les voyages sans fin en car, c'est ce charmant accent québécois. Il y a en revanche glané six titres de champion de France, le premier au début des années 80 à l'occasion de son premier séjour sur les bords de l'Orne. "Je suis arrivé en Europe à 20 ans, en 1979. Je jouais alors en Belgique. Puis j'ai pratiqué à Caen, Rouen, aux Pays-Bas, à Angers, à Bordeaux, sept saisons à Cherbourg, à Brest, de nouveau à Caen, au Havre puis encore à Caen." Chaisson et la Normandie, c'est une histoire d'amour. Lorsque le HCC, pressentant ses difficultés financières pour la saison 2000-2001 en Elite, cherche à se bâtir une équipe en dehors de la filière finlandaise, Loïc Sicot pense à son ancien coéquipier. Chaisson accourt de Cherbourg, où est établie sa femme, podologue. Où il vit toujours, ralliant le Calvados pour les matches et les entraînements. "J'ai le droit d'en manquer quelques-uns", sourit-il.

L'expérience est un solide bagage en D2. Aligné au centre de la première ligne, Chaisson distille ses conseils aux jeunes du cru, dont certains pourraient être ses fils, et donne encore la fessée aux gardiens. "8 buts, 15 passes décisives" dénombre-t-il. Il compte ses stats comme un cadet. Elles démontrent son implication sur 65 % des 35 réalisations caennaises lors des sept premières journées. Les Drakkars font ainsi figure de solides leaders. Pas mal pour un promu. "Je suis un peu surpris, avoue le rugissant quadragénaire. Le championnat a beaucoup changé par rapport à l'an dernier, où j'évoluais avec Le Havre, mais notre équipe arrive tout de même de N3. Il y a un bon groupe de jeunes, emmenés par quelques vétérans ayant roulé leur bosse. Derrière, notre gardien slovaque nous apporte une certaine sécurité..."

Avec une seule défaite au compteur sur la phase aller, les Caennais se verraient bien signer un sans faute lors du parcours retour, et aborder en position de force la deuxième phase, susceptible de les conduire en N1. "Il y a sans doute de bonnes équipes dans le sud, Avignon notamment, prévient Chaisson. Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué." Dans la bouche d'un Canadien, le proverbe prend toute sa valeur.

Dominique Faurie

 

Retour aux articles de novembre 2002