Un enfant du palet

 

Article du Bien Public de Dijon (15 novembre 2002).

Franta Neckar, le gardien de but des Ducs, est actuellement l'un des hommes fort du CPHD. L'occasion pour nous de passer au crible l'itinéraire peu banal d'un ténor de la glace.

Né quasiment avec une crosse entre les mains, Franta passe ses premières années dans le club phare de Tchécoslovaquie, Jihlava (12 titres de champion) : "J'ai failli ne jamais devenir gardien. En fait, j'ai débuté à ce poste grâce à la jaunisse d'un de mes camarades. Je l'ai remplacé pour ne plus jamais quitter le poste. Je me rappelle que pour mon premier entraînement, j'étais prêt assis sur mon lit dès 4 heures du matin."

Travailleur acharné, il est repéré en juniors pour passer des tests en vue d'intégrer le réputé centre sportif de la ville : "En fait, il s'agissait d'un rassemblement de tous les meilleurs éléments du pays. J'ai eu la chance d'être retenu. C'était un peu le Auxerre du foot français." A cette occasion, il côtoie quelques étoiles de la glace, tel que Hasek. "On se voyait quasiment tous les jours, je me pinçais pour y croire. Ce mec était trop trop fort."

Il remplace Dominic Hasek

Concurrencé en équipe première par Briza, gardien de l'équipe nationale (actuel dernier rempart du Sparta Prague), puis par Hasek, la chance sourit de nouveau au minot : "On s'apprêtait à jouer contre l'ancien club d'Hasek, Pardubice, mal en point au classement, si bien qu'il ne voulait pas les affronter pour ne pas les enfoncer plus. Il a alors émis le souhait de ne pas disputer cette rencontre mais l'entraîneur de l'époque lui ordonna de rentrer sur la glace. Au bout de trois minutes, il sortit de la glace en hurlant, faisant croire à une blessure, je suis donc rentré pour le remplacer. Après le match que nous avions remporté 3-1, le coach fou furieux s'en prit à Hasek, qui balança alors son maillot dans la poubelle. Il fut licencié, ce qui m'offrit de fait une place de titulaire." Ainsi, pendant, un mois et demi, Franta se retrouve propulsé sur le devant de la glace du plus grand club du pays ! Toutefois, cette pige s'arrête là, puisque Svoboda (devenu alors titulaire en équipe nationale) débarque. Franta quitte le club pour Brno. Peu après, tout auréolé d'une médaille de bronze lors des championnats d'Europe juniors (poule A), il décline plusieurs offres pour tenter l'aventure française.

En rade à Brest

Toutefois, d'obscures décisions politiques le privent de papiers réglementaires. Etant quasiment interdit de séjour à Brest, son club employeur, il se dirige alors à Valenciennes en D2 : "C'était marrant car quand je suis arrivé dans le Nord, on m'a montré la patinoire, et moi, je pensais que c'était juste une salle d'entraînement. Je me souviens de leur avoir demandé où était la vraie patinoire !" Toutefois, quelques soucis financiers mettent prématurément un terme à cette expérience. Franta prend alors la direction de Lyon, club promu en élite : "On a terminé sur le podium avec une belle médaille de bronze en battant en cinq manches, Rouen."

"Je n'aurais jamais pensé jouer à Dijon"

Après un bref passage en Ecosse, Franta revient en France à Mulhouse, avec deux finales de D1 à la clé. Un coup de théâtre vient alors bouleverser sa carrière : "A l'intersaison, j'apprends sur Internet aux Etats-Unis que je ne fais plus partie de l'effectif mulhousien. Jamais de la vie j'aurais pensé jouer un jour à Dijon, pour moi, c'était un petit club sans importance. Toutefois, je me suis dit que professionnellement, j'avais de bonnes chances de trouver un job ici alors j'ai signé." Avec un certain bonheur d'ailleurs puisque malgré une double fracture de la main contractée lors des phases finales, il brave la douleur et obtient une nouvelle place de finaliste en D1 : "Je suis actuellement le seul joueur en France à avoir disputé trois finales de D1 d'affilée."

Ce qui était annoncé comme une passade se transforme finalement en une aventure fort enrichissante : "Ici, je suis bien, car Daniel Maric comprend le stress des gardiens. D'autre part, mon travail à la SNCF m'a permis d'avoir un équilibre, une continuité dans ma vie de sportif, ce que je recherchais depuis longtemps." En un mot le bonheur.

Jérôme Roblot

 

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